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Proposée le 28/04/2011 par CAVALIER ROUGE
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Trois semaines plus tard, je retrouve une possibilité de retourner en permission. J'ai reçu trois lettres gentilles d'Aurélie, je me suis appliqué à lui répondre gentiment, je lui ai raconté mes journées de chef de section, en allemand. Je viens de recevoir la neuvième lettre de Laure. Toutes sont chargées de ses déclarations d'amour, de son souhait de me revoir au plus vite. Je lui manque. Grâce à un arrangement de dernière minute avec Gérard, je vais pouvoir la serrer dans mes bras aujourd'hui. Elle m'a ensorcelé.
Tout baigne. Je sonne. La jeune s'ur, Aurélie ouvre la porte. Elle est seule à la maison, ses parents tiennent la boucherie. Je n'ai pas de chance, Laure est partie il y a moins de cinq minutes avec son amie Emilie. Elles voulaient fêter notre rencontre, parce que Laure a claironné par monts et par vaux qu'elle venait de trouver l'homme de sa vie. Elle a emporté son maillot de bain mais doit passer au casino avant d'aller à la piscine.
- Si tu veux je vais t'accompagner, ça me sortira. Dis, tu veux bien, futur beau-frère ? Pourquoi ne portes-tu pas l'uniforme et le képi aujourd'hui ? Attends un peu, je me prépare et je te guide.
Elle virevolte, questionne et n'attend pas les réponses, disparaît. J'ai abandonné l'uniforme, pour savoir si je suis aussi aimable en tenue civile. Un pinson de compagnie : Elle est mignonne cette Aurélie, future petite belle-s'ur et autant m'en faire une alliée. J'aurai l'air moins perdu en si belle compagnie et Laure se réjouira de me savoir avec sa s'ur et confidente. Laure est sortie avec des amis, c'est conforme à mes souhaits. Elle va me tendre les bras, me sauter au cou devant tout le monde. Si nous réussissons à nous isoler, peut-être, ses règles passées, peut-être?
- Allo, on y va ? Tu rêvais ? Tu es vraiment amoureux !
Un coup de peigne, un peu de fard, une robe à la taille marquée, une touche de je ne sais quoi, un coup de baguette magique : Aurélie est transformée, resplendissante. Elle me tire à la modeste 4L, s'y installe et éclate de rire sans raison. En route.
Un trou dans la chaussée, la porte de la boîte à gants saute.
- C'est quoi cette petite boîte à ruban ? Un cadeau pour Laure ? Oh ! Une bague de fiançailles ? Dis, c'est sérieux, tu es amoureux de ma s'ur ? Quelle chance elle a ! Elle était tellement impatiente de savoir. Dis, c'est ça, une bague ? Elle va être contente !
- C'est un bijou de famille, ma mère le tient de sa mère qui le tenait de sa propre mère. C'est une alliance toute simple, elle a surtout une valeur sentimentale. Si Laure n'a pas changé d'avis, elle sera le signe de notre amour.
- Pose-toi sur ce parking. Dis, tu veux bien que je te donne le bras ? Si mes copines me voient avec toi, elles vont « criser de jalousie ». Juste pour du beurre, tu comprends.
A trente mètres devant, un couple sort de l'arrière d'une 309 en stationnement. Ils se rejoignent sur le bord de la route et s'embrassent avec fièvre. Aurélie descend.
- Oh ! Ah ! Non ! Si j'avais su, je ne serais pas venue ici. Partons.
Elle tend l'index vers les deux amoureux, porte une main à la bouche et se tourne vers moi. Je regarde, n'en crois pas mes yeux : Devant moi, à quelques pas, la fille plongée dans un baiser profond, c'est Laure. Aurélie accourt vers moi, je reste planté à hauteur de ma portière.
- Excuse-moi. C'est Emilie qui est venue la chercher, elles devaient faire une sortie entre filles du même âge ! C'était juste pour m'éliminer. Que fait-elle avec ce Raymond ? Elle m'avait juré que c'était fini. Depuis trois semaines elle a répété Adrien ceci, Adrien cela, je l'aime, je suis folle de lui, Adrien, Adrien. Veux-tu que j'aille les séparer. Oh ! L'idiote.
Pourquoi idiote ? Elle s'est ravisée et n'a pas eu le temps de m'en avertir. J'ai fait 150 kilomètres en cherchant la façon la plus élégante de lui dire que j'étais amoureux, que j'acceptais définitivement d'être son fiancé. Je voulais la présenter à mes parents. Nous allions fixer la date de nos fiançailles officielles. Elle a changé d'idée, a choisi un autre homme, c'est son droit. Mes illusions viennent de s'envoler. Je ne suis pas fâché, mais soulagé d'avoir découvert aussi vite et aussi simplement ce qui saute aux yeux. On ne conduit pas une voiture depuis la banquette arrière, on n'embrasse pas un homme qu'on n'aime pas comme elle le fait sous mes yeux. Sans parler, nous nous sommes tout dit. Pas besoin de circonlocutions pour décrire la situation. Si j'avais quelque chose à lui reprocher, ce serait d'avoir joué à l'incendiaire sans avoir prévu l'intervention des pompiers. Elle m'a allumé, je brûle et elle va éteindre l'incendie chez ce Raymond ! Bof ! En me donnant un peu de mal, je trouverai une solution. Je devrais la remercier d'avoir mis le problème en évidence. Aurélie est plus désolée que moi. Je la retiens, j'offre mon bras comme promis pour épater ses copines.
- Adrien, ça ira ? On avance ou on retourne à la maison ?
Je ne sais pas. Je veux cacher ma déception. Je biaise pour gagner du temps afin de me ressaisir.
- Quel âge as-tu ? Dix-huit ans ?
- Oui, la semaine prochaine. J'ai deux ans et onze mois de moins que ma s'ur. Et toi, je le sais tu as vingt-et-un ans comme elle. Ca ne fait pas une grande différence entre toi et moi. Allons-nous amuser. Je suis triste pour toi, mais c'est mieux ainsi ; Laure est trop instable pour toi.
- Ah ! Tu crois ? Voilà un précieux renseignement. Il arrive un peu tard, mais en ta compagnie je vais profiter de ma permission. Tu veux t'amuser ? Amusons-nous.
- C'est vrai, tu ne m'en veux pas ? Mon père a cinq ans de plus que ma mère et ils s'aiment toujours.
Où veut-elle en venir ?
Nous avançons, à l'avant le couple se désunit, Raymond conduit Laure, ils avancent, main dans la main. Chaque petit bisou les retarde, nous serons bientôt à leur hauteur. J'ai l'impression de revivre mon premier week-end avec Laure, la distribution de petits bisous par ci, par là. Chaque bisou demande un arrêt, un demi-tour sur place. A aucun moment Laure occupée à « bisouter » ne nous remarque : Nous ne sommes que deux ombres vagues dans son champ de vision. Aurélie m'arrête. Elle est restée muette une minute, m'observe, esquisse un sourire gentil teinté d'un zeste de désolation.
- Laissons-les prendre de l'avance. Ne sois pas triste, une de perdue, dix de trouvées. Tu sais, je connais des filles bien, de mon âge. Elles donneraient une fortune pour trouver un gentil mari comme toi. Et celles-là, elles ne feraient pas comme Laure. Ca te fait sourire. Mais c'est vrai ! Tu veux un exemple ? Regarde-moi : Je pourrais te plaire ? Je ne suis pas trop moche ?
- Pas trop, en effet.
Je suis taquin de naissance. Ca ne me réussit pas toujours. A bien la regarder, Aurélie est une superbe plante avec un c'ur compatissant. Si je devais désormais choisir entre elle et son aînée, je n'hésiterais pas.
- Ah ! Bon. Donc il faut que je trouve mieux. Plus grande ? Plus mince ? Plus belle ? Mieux sapée ? Avec des yeux bleus, bruns, verts ? Allez, parle.
- Tu sais, c'est mon affaire, j'ai encore des études à terminer. Merci de vouloir m'aider. Ne te crois pas obligée de réparer les dégâts. Ta s'ur m'avait abordé, j'ai eu le tort de m'embraser trop vite. Ta s'ur m'oublie, c'est la vie.
Ma voix se casse.
- Oui, mais, si par hasard, de façon tout à fait impossible, si je te disais, ce n'est qu'une supposition, bien entendu. Alors, tu m'écoutes ? Si donc je te disais que je suis amoureuse de toi, qu'est-ce que tu me dirais, hein ?
Ses yeux se font pressants, elle attend je le crains une réaction de vengeance qui me jetterait dans ses bras. Naïve enfant, elle n'a pas encore connu l'épreuve, la déception, la trahison, la grande désillusion, la débâcle. Je ne veux pas l'aimer par défaut.
- Tu as déjà été amoureuse ? As-tu déjà déclaré ton amour à un garçon ? Tu as certainement un petit ami ?
- Non ! Une fois, il y a deux ans j'ai dit à un garçon que je l'aimais. Il a ri et l'a raconté à tous ses copains. Ils m'ont chahutée. Depuis certains m'ont fait la cour. Mais je ne veux pas des aventures, je veux l'amour, avec un grand A.
- C'est bien. Tu le trouveras certainement, je te le souhaite de tout c'ur.
- Merci, mais tu n'as pas répondu à ma question. Alors ?
- Je te demanderais d'attendre, de bien réfléchir, de t'armer de patience, de voir si un autre ne te conviendrait pas mieux. J'ai dit la même chose à ta s'ur et tu vois cela lui a réussi.
- Je ne crois pas. Moi, je ne suis pas ma s'ur Et j'ai souhaité que Laure te laisse tomber. Pour la première fois elle paraissait pourtant mordue sérieusement. Mais chaque fois elle finit par se lasser. De tous ses copains tu es le premier dont je sois tombé amoureuse au premier coup d'oeil. Moi, je serai fidèle; je suis vierge, tu sais'
Que dit-on en pareilles circonstances ? Je me contente de la regarder. Elle est si fière de son affirmation. Assurément ce n'est pas Laure, cette fille délurée qui m'a bouleversé, qui s'est donnée sans chichis et a mis mes sens en feu, dont j'attendais tant. Vierge et si belle, de surcroit amoureuse de moi.
- Avançons, ils sont entrés au casino. Tu as déjà joué aux machines à sous ? Non ? Je n'en ai pas le droit à cause de mon âge. Tu veux essayer, je suis sure de te porter bonheur.
Me porter bonheur aujourd'hui. La pauvre. Enfin elle n'est pour rien dans ce qui m'arrive. Elle achète pour moi un minimum de jetons. Elle voit une place qui se libère, se précipite et me fait signe de venir. La machine voisine, à gauche, occupée par Laure, captive le regard de cette « ex » éphémère. Son accompagnateur est collé à son dos, il cherche la bonne position dans le sillon, remonte ses mains jusque sous les bras de Laure. Elle est tellement prise par son jeu qu'elle ne me regardera pas, elle ne sent pas mon regard fixé sur elle et sur les deux mains qui viennent empaumer ses deux seins. Elle a juste un léger mouvement de croupe pour mieux accueillir la barre en bas de son dos.
Le type se penche et dépose un baiser suceur sur sa nuque. Deux gaillards sont postés derrière lui. Je les reconnais, ce sont les deux bodybuilders vus à la piscine il y a un mois. Ils forment une espèce de paravent qui isole les amoureux. Que font-ils là ? Attendent-ils leur tour, prendront-ils la place de Raymond ?
- Allez, Raymond, ne sois pas impatient. Je n'en ai pas pour longtemps.
Laure relève la tête, la tourne reçoit un petit bisou et retourne aux commandes. Elle ne m'a ni vu ni reconnu, là, à environ un mètre.
« Tu me manques déjà, je ne pense qu'à toi, reviens vite, je t'attends ! » m'a-t-elle écrit.
Aurélie, tire sur ma manche,
- C'est dégoûtant ! Joue, tu ne peux pas rester devant une machine sans jouer.
Laure n'a pas reconnu la voix de sa s'ur. Dans son dos monte la petite bête qui monte, qui monte et la machine vorace avale ses jetons comme pour la livrer plus vite à ses prochaines activités. Le fameux Raymond m'a vu les observer. Il me fait un clin d'oeil, et par défi ou pour montrer son talent de tombeur, le regard tourné vers moi, il lâche le sein emprisonné, laisse descendre sa main, palpe le ventre, descend encore. Il a l'air de me dire :
- Tu vois comme il faut faire. Prends une leçon. M'aurait-il reconnu ? Il m'a vu en uniforme et trop vite.
Il enveloppe entièrement le corps de cette fille qui peste parce que la machine épuise sa réserve de pièces. Les doigts ont atteint le bas de la jupe. Je suis ébahi, elle laisse faire sans protester et même d'un mouvement instinctif, elle déplace son pied droit qui vient heurter mon pied. Sans détourner les yeux de son appareil, elle grogne un « pardon ». Elle lui a ouvert la voie, la main plonge. Raymond me regarde tout sourire et je devine que ses doigts ont atteint leur but. Il secoue la tête, s'accorde un satisfecit, Il ferme les yeux pour régler l'agitation de ses doigts sur la vulve. Les effets sont immédiats. Laure se met à trembler, son clitoris frotté avec vivacité lui transmet des ondes irrésistibles. Ses yeux se ferment, recueillis sur les sensations déchirantes, sa bouche s'ouvre sur un souffle court, sa main droite perd la pièce qu'elle voulait introduire dans le bandit manchot. Raymond sort sa main, suce son majeur avec des airs de gourmet et repart sous la jupe en riant. Derrière lui, un gaillard demande s'il aura bientôt fini. Le type cynique, souffle à l'oreille de Laure, assez fort pour que je l'entende
- T'as oublié ta petite culotte dans l'auto. Tu aimes mon doigt ?
Elle gémit une sorte de oui. Aurélie tire sur ma manche, furieuse, secoue mon bras, pose ma main sur le bras unique de la machine
- Il faut jouer ou céder la place.
Elle appuie sur mon bras. Les rouleaux tournent. Il faut attendre. Les yeux de Laure me fixent, vides, presque révulsés, en pleine pâmoison, elle me voit mais ne me reconnait pas. Son visage rouge, la sueur sur le front trahissent l'excès de plaisir qui la dévaste.
Tout à coup ma machine vibre, lance des éclairs de lumières multicolores, sonne l'alerte et j'entends avec stupéfaction un bruit d'avalanche. Le bourdonnement de la salle s'arrête. Au silence succèdent des applaudissements, un attroupement se forme, je me demande ce qui se passe. Aurélie est pendue à mon
cou et crie :
- Tu as gagné. Le jackpot, du premier coup. Tu as gagné. Je t'ai porté bonheur.
Aurélie m'embrasse sur les joues, lève les bras, trépigne sur place, jette ses bras autour de mon cou. Dans mon dos j'entends une voix d'homme :
- Une veine de cocu ! Aurélie ?
Je me tourne, c'est le type de Laure. Elle me voit, sort de ses brumes, me reconnaît, change de couleur, les seins toujours prisonniers des deux mains remontées sur sa blouse.
- Oui, c'est bien ça, une veine de cocu. Dis-je en direction de Raymond.
- A - Dri - En, c'est toi ?
Je suis sans parole. Je n'ai rien à lui dire. Je n'ai pas de colère. Nous avions convenu de réfléchir et de nous prononcer plus tard. Elle réalise vite et trouve plus décent de se taire, reste figée. Un bodybuilder lui tend des pièces, elle fait non de la tête. Raymond tente de l'embrasser, elle le repousse comme indignée par son audace.
La suite c'est du délire. On me félicite, je suis reçu sur un podium, exhibé, preuve vivante de la possibilité de gagner une grosse somme. A côté de moi, Aurélie jubile. Photos, interviews, remise solennelle du chèque et champagne. Je suis le mouton à cinq pattes du jour. On veut me voir, on touche mes vêtements parce que je dois porter chance. Je pleure, forcément des larmes de joie après un gain pareil. Je n'ai pas droit au chagrin !
Un type se présente avec un micro, me bombarde de questions. Il faut faire mousser l'événement, pousser les mordus à la dépense.
- Oui, je sais ce que je vais faire de cette somme.
Mais je garde les détails pour moi. Rembourser mes dettes, (je pense à Gérard et à mes parents). Payer mon inscription annuelle à l'école supérieure de commerce, mes loyers, mes frais de bouche et de scolarité.
- Etes-vous fier de battre le record de gain du casino ?
Je dis oui, mais il n'y a pas de raison d'être fier.
Le speaker ne me lâche pas :
Etes-vous célibataire ? Avez-vous une fiancée, une petite amie. Attention on dit « Heureux au jeu, malheureux en amour ? Qu'en pensez-vous ?
- Cocu, crie un gars plein d'esprit d'à propos. Ca fait rire.
- Non, je ne suis plus fiancé, ma fiancée vient de me quitter aujourd'hui même. Oui, une chance de cocu si vous voulez, lancé-je à l'adresse du plaisantin.
Laure quitte la salle, de la porte elle à un regard vers le podium et s'en va, seule.
- Mesdemoiselles, y a-t-il des prétendantes pour consoler notre gagnant ? Levez la main.
C'est effrayant, des mains se lèvent. Va-t-il me mettre aux enchères ? Je salue, qu'elles se débrouillent. De toute façon, accrochée à ma manche, Aurélie a pris les devants. Elle n'est pas disposée à se laisser doubler. Nous réussissons à fuir la foule excitée, les machines sont toutes occupées et des files d'attente se constituent derrière les joueurs. C'est jour de chance proclame le speaker.
A l'air je me tourne vers Aurélie. Elle pleure, à chaudes larmes.
- Ne t'inquiète pas. Tu as joué pour moi. Tu auras une récompense. Je n'ai pas voulu l'annoncer en public, ça ne regarde que nous. Ne pleure plus. Allons, calme-toi. C'est l'émotion ? Qu'as-tu enfin ? Aurélie, souris-moi !
- Il est trop tard. Maintenant tu as gagné et j'ai tout perdu. Si je te dis que je t'aime, tu croiras que j'en veux à ton argent !
C'est dit entre deux sanglots. Elle est si belle, même lorsqu'elle pleure. J'en suis tout attendri.
- Aurélie, tu me l'as dit avant, je crois : « Si par hasard, de façon impossible, c'est une supposition, si je te disais que je suis amoureuse de toi? » C'était avant d'entrer au casino. Je ne te soupçonne pas de cupidité.
- Tu faisais semblant de ne pas comprendre ! Mais alors je peux te le dire : Je t'aime ! Je t'aime !
- Tu connais ma réponse, souviens-toi.
- Tu ne me repousses pas ? Tu veux bien que je t'attende ? Je t'adore. Dis, je peux t'embrasser ?
Je lui tends la joue.
- Non, pas comme ça. Comme ça aussi, tiens. Mais aussi comme une vraie femme.
Je plaisante :
- Tu veux me faire poursuivre pour détournement de mineure ?
- J'aurai dix-huit ans la semaine prochaine et tu ne seras pas là pour mon anniversaire, fais-moi une petite avance !
Elle ferme les yeux, offre sa bouche tendue en cul de poule. C'est émouvant et drôle. Je pose mes lèvres sur les siennes, je compte jusqu'à cinq et je me retire. Elle est radieuse.
Elle me conduit à la boucherie, arrête ses parents en plein travail, me présente, réclame comme unique cadeau d'anniversaire l'autorisation de sortir avec moi ce soir et demain matin, promet d'être sage.
- Et ta s'ur ? Dit la maman.
- Elle t'expliquera ou nous en parlerons plus tard.
Quel contraste. Vierge elle est, vierge elle restera. On peut parler de fraîcheur, de candeur. Tout est nouveau, beau, intéressant pour elle. A son contact je retrouve la raison. Je connais le bonheur tout simple d'être aimé. Elle est aimable. Elle est calme. Elle est déterminée. Si je le veux, elle sera ma fiancée.
Dans six semaines je serai en permission libérable. J'ai demandé à Aurélie de travailler pour obtenir son bac. Une lettre par semaine doit suffire. Elle me répond que l'amour lui donne des ailes. Ses études sont plus faciles depuis notre rencontre. Elle veut être digne de moi, me faire cadeau d'une mention. De son côté Laure a protesté de sa bonne foi. Elle a fêté nos fiançailles avec Emilie. Le champagne aidant, Emilie devant s'absenter, elle a accepté de passer son après-midi avec Raymond, mais, précise la lettre, en camarade. Je devrais savoir combien elle m'aime. Elle souhaite mettre fin au malentendu et me retrouver.
La relève des EOR est arrivée en avance. Nous terminerons notre service en roue libre. Heureuse nouvelle. La 4 L dévore les départementales. Gérard est pressé de faire la connaissance de ma jeune correspondante et de jauger la grande s'ur. Il trouve ma réaction excessive.
Hélas, à la boucherie la maman m'apprend que ses deux filles sont parties au lac. Si elle a bien compris, Laure veut initier sa jeune s'ur à la vie en groupe, maintenant qu'elle est majeure. La brave bouchère est ravie de la bonne entente des deux s'urs. Pourtant dans sa dernière lettre Aurélie se plaignait des rebuffades de son aînée. Laure lui reprochait de m'avoir intentionnellement mis sur sa piste. Mieux que la maman je connais les activités essentielles du groupe de Laure. Je les ai vus à l'?uvre. Le pire est à craindre. En route pour le lac.
Selon l'habitude, Laure a dû choisir son carré éloigné, si discret à l'abri des thuyas. Nous utilisons le terrain pour aller nous poster juste au-dessus de leur retranchement sans être vus. En écartant des branches, nous comptons quatre tentes doubles. Je reconnais les voix de Léa et d'Emilie. Elles donnent déjà le ton à la rencontre. C'est l'heure de la sieste crapuleuse
- Hé Marc, tu veux donner un coup de main ? Léa voudrait profiter de l'absence de Marie pour tenter une double. Ca te dit ? Viens sous la tente.
Sylvestre et Marc, les jumeaux partagent tout. Une voix proteste
- Et moi, vous me laissez seul ? Ho les frangines, vous n'auriez pas une petite place pour un pauvre délaissé ?
- Viens, Raymond, répond la voix de Laure, on va se serrer.
- Alors je sors, on aura trop chaud à trois. Je vais aller faire un tour au bord de l'eau.
- Ne fais pas la rabat-joie. Si tu as trop chaud, fais comme moi, mets-toi en bikini. Allez entre Raymond.
- Faites ce que vous voulez, Raymond laisse-moi sortir.
- Elle est amoureuse de son Adrien. Pauvre petite s'ur. Il m'a plaquée après m'avoir séduite. La même chose te pend au nez, il va se servir de toi pour son plaisir et adieu.
- Il ne t'a pas plaquée, tu l'as dégoûté. Il a eu raison.
- N'empêche qu'il ne répond plus à tes lettres. Au lieu de rêver, tu ferais bien mieux de profiter de la vie. On est 4 filles et 4 garçons, tu choisis celui qui te plaît et tu te débarrasses de ta virginité inutile. Papa et maman n'en sauront rien. Cesse d'être une gourde. Et si Adrien revient, il sera content d'avoir une fille expérimentée.
- C'est ma vie. Bon, à plus tard.
- Non, reste, nous devons parler. Raymond, j'ai prévu une séance de ski nautique à 14h 30. Il va être l'heure. Conduis les autres, amusez-vous.
J'assiste à une séance orale d'initiation sexuelle.
- J'étais comme toi à dix-huit ans. Tu dois sentir par moment le poids de ta virginité. Que t'apporte-t-elle en réalité ? Tu rejettes systématiquement les garçons, tu te prives des plaisirs sans compensation.
- Adrien a eu l'air si heureux quand je lui ai dit que j'étais vierge.
- C'est un égoïste. Lui n'est plus vierge. Ici même sous cette tente, lui et moi avons fait l'amour. Assez mal d'ailleurs. Il n'a aucune expérience.
Gérard m'envoie un coup de coude, se moque de moi en baissant le pouce comme un empereur romain.
- Tu prétendais le contraire avant de te faire pincer avec Raymond au casino.
Je tire la langue à Gérard.
- Je ne serais pas retourné chez Raymond si Adrien m'avait comblée. C'est aussi simple.
- Pourquoi écrire à Adrien que tu l'aimais ? Pourquoi promettre d'attendre la fin de ses études pour l'épouser ?
- C'était le fiancé idéal : Jamais là, donc pas gênant. Un bouclier aux yeux de la famille et des connaissances. Pendant ses études j'aurais pu faire toutes les expériences, m'amuser, continuer à coucher avec mes copains. Et pour mes amants un piment : Un mec cocu grâce à eux, excitant, non ? Lui ça ne le privait pas et moi je profitais de la vie.
- C'est dégoûtant. Et tu l'aurais épousé ?
- Bien-sûr. Ca aurait fait un bon mari. Il aura une bonne situation, sera fidèle. Avec le temps je l'aurais formé à l'amour. Et s'il n'avait pas été à la hauteur, les copains ne m'auraient pas abandonnée.
- Quoi, tu l'aurais trompé. Mais Laure, tu es un monstre !
- Ouvre les yeux fillettes. Tu crois me l'avoir volé. Il ne pense peut-être plus à toi. Donc je ne vois pas au nom de quoi il pourrait t'imposer de rester vierge pendant 4 ans. Juste pour le plaisir de vérifier pendant la nuit de noces que ton vagin est protégé par l'hymen. Quatre années de ceinture pour la satisfaction d'un bonhomme qui n'est plus vierge : c'est un peu gros.
Elle a raison, le jeu est inégal. Elle a préparé l'entretien.
- Te vouloir vierge dans quatre ans, c'est vouloir te contrôler, t'empêcher de faire l'amour avec d'autres.
- D'accord, mais pour lui c'est renoncer à me faire l'amour pendant la même durée.
- Comment sauras-tu qu'il ne prend pas une maîtresse ? La femme est désavantagée, chez elle ça se voit.. Avec les mois tu vas avoir de plus en plus envie d'aimer, d'être aimée. Des garçons tomberont amoureux de toi, tu seras amoureuse peut-être, ça ne se commande pas toujours. A ta place je me donnerais à lui, je perdrais ma virginité et j'y gagnerais la liberté. Tu serais libre d'aimer qui tu veux, quand tu veux, comme tu veux : il n'y verrait que du feu.
- Je le connais, il a promis de me respecter.
- C'est pour mieux te contrôler. Mais admettons qu'il te respecte. A l'heure actuelle dans les cliniques on peut te recoudre une virginité. C'est une petite opération, pas douloureuse, discrète et pas trop chère. Autrement dit, une fille avertie peut se servir de son corps, faire l'amour et, à la veille du mariage se refaire une virginité.
- Cela manque de sincérité, c'est tricher. Je ne veux pas mentir à l'homme que j'aime.
- Tu es romantique. Ca te passera avec l'âge. Imagine ton mariage avec Adrien : tu es vierge, lui dépucelé mais sans expérience. Ta nuit de noces sera une catastrophe dont tu garderas toute ta vie le souvenir amer. Toi, tu peux éviter d'en vouloir toute ta vie à ton mari et lui donner la joie d'une nuit de noces réussie, c'est important pour l'entente d'un couple.
- Je te rappelle que tu es toujours célibataire. Tes théories t'ont fait perdre Adrien, souviens-toi.
- Une femme d'expérience rend son mari heureux. Elle lui apprend comment se comporter pour vaincre timidité et gêne, elle sait le guérir de ses complexes, de ses petites peurs, elle le met à l'aise. C'est un art très prisé des jeunes maris. Mais c'est une femme d'expérience, il faut le devenir par l'exercice.
- Tu parles en connaissance de cause. Tu as eu Marc, Sylvestre, Gilles, Raymond, Adrien et sans doute d'autres amants inconnus ! Tu es une femme d'expérience ! Ca n'a pas retenu celui que tu trompais.
- Adrien m'a trouvé merveilleuse. Sans toi, il serait à mes pieds. Tâche à ton tour d'être merveilleuse pour lui. Accepte donc de prendre des leçons. Et autant commencer avec un homme très expérimenté. Ton dépucelage réalisé par un expert sera gravé dans ta mémoire et dans ton corps. Et ensuite tu progresseras et le jour venu tu rendras Adrien heureux. Tu peux gagner sur tous les tableaux.
- Tu es bien soucieuse de son bonheur. J'espère ne pas avoir à te chasser loin de mon mari. Utilise ton expérience pour dénicher ton futur mari. La prochaine fois, essaie d'être honnête si tu veux le garder.
- Un jour tu reconnaîtras que j'avais raison. Le plus tôt sera le mieux pour toi. Si tu veux, dès ce soir tu pourras commencer ton apprentissage parmi nous.
- Où trouve-t-on ce phénoménal dépuceleur ? A quoi le reconnaît-on ? Faut-il payer les services du spécialiste ? Laure, tu me fais rire. Je devine où tu veux en venir : L'oiseau rare, choisi par toi, pour me former s'appelle Raymond, tu veux me le prêter, ou me prêter à lui plus exactement. Ce soir peut-être ? Tu es trop gentille. Je n'en veux pas. Un jour mon prince viendra et nous découvrirons ensemble l'amour, nous forgerons ensemble notre plaisir. Ca ce sera merveilleux ! Comme dans les contes de fées.
- Réfléchis, ce sont les conseils d'une grande s'ur qui veut te faire profiter de sa propre expérience.
- Expérience malheureuse et peu exemplaire. As-tu besoin de me vendre à Coucou pour le garder ? Je peux aller me promener maintenant ?
Aurélie s'éloigne, je vais la suivre et l'enlever. Quelqu'un arrive
- Tu es là Laure. J'ai vu partir ta s'ur. Alors où en es-tu ?
- Ce n'est pas gagné. Elle est mordue de son Adrien. C'est à cause d'elle qu'il nous a surpris au casino. Elle va me payer ça. Si tu réussis à lui faire l'amour, je coucherai avec toi. Tu m'entends. Cesse de m'exciter, rattrape la, baratine la, chauffe la. Quand elle s'endormira ce soir, je te laisserai ma place sous la tente.
- Ne t'en fais pas, quelques baisers, quelques caresses et elle sera à moi. Bon, je fonce. N'oublie pas ta promesse, ta s'ur est mignonne, mais tu es ma préférée pour l'amour, tu baises comme une reine. Ha ! Si je n'avais pas une vocation de célibataire et si tu ne tenais pas tant à te marier !
- Tu auras ta récompense, mais uniquement si tu la dépucelles et sans violence. Sylvestre et Marc sont d'accord pour lui faire goûter au plaisir aussitôt après. Elle va faire son expérience complète, y prendra goût. Les femmes de ma famille ont du tempérament. Demain elle ne pensera plus au petit soldat. Je le veux et je l'aurai.
- Tu es encore plus folle que ta s'ur. Rêve toujours, du moment que tu me gardes ta porte ouverte, je prendrai mon plaisir à lui faire pousser des cornes à ton Adrien.
Raymond se lance sur les traces d'Aurélie. Avant de le suivre à distance je demande à Gérard d'aborder Laure sous sa tente. L'uniforme aidant il pourrait être bien reçu. Qu'il se dise porteur d'un message de moi. Il peut raconter n'importe quoi, je la déteste. Rendez-vous à 19 heures à la voiture.
- Ah ! Te voilà, Emilie. On va avoir du boulot. Ce soir on va fêter, danser, boire et chanter. Au cours de la soirée les quatre garçons se montreront affectueux et attentifs aux souhaits d'Aurélie. L'ambiance de fête favorisera l'approche. Léa et toi par vos cris d'amour allez émouvoir la naïve, faire travailler son imagination, lui donner envie. Et Raymond lui révélera les joies de l'amour.
- C'est ta s'ur, tu ne devrais pas faire ça.
- C'est une voleuse d'homme. Sans elle je serais avec Adrien.
- Tu n'aurais pas dû courir deux lièvres à la fois. Tu connais Raymond, mais tu ne peux pas t'en passer. Ne lui jette pas ta s'ur en pâture.
- Elle verra que ce n'est pas toujours facile de résister à la tentation. Raymond est habile. Il va éveiller ses sens, faire naître le désir, l'entretenir. Elle finira par laisser faire en se croyant aimée.
- Je te désapprouve. C'est une histoire de famille. Fais ce que tu veux. Je resterai neutre. Gilles et moi allons nous baigner. Tu viens ?
- Pas envie. Allez-y.
Mon intuition m'a conduit ici. Je ne leur laisserai pas l'occasion de salir ma gentille correspondante. Je vais déjouer leur plan machiavélique. D'arbres en bosquets, à distance, je longe le lac. Au bord de l'eau Aurélie s'est assise sur un banc. Raymond tourne autour. Elle lui fait signe de s'en aller. Des promeneurs se retournent sur ce couple en bisbille. Raymond rebrousse chemin. Je m'approche doucement, pose mes mains sur ses yeux.
- Adrien, c'est toi !
- Chut ! Eloignons-nous. Comment m'as-tu reconnu ?
- Je pensais si fort à toi. Tu es là. Que je suis heureuse.
Elle n'a pas reçu mes deux lettres de la semaine. Qui a intérêt à détourner son courrier ? Laure lui a mené la vie dure et s'est brusquement radoucie pour lui offrir la place de Marie victime d'une angine. Lundi première épreuve du bac. Aurélie a décidé de bien se détendre et de se changer les idées. Si elle avait su que je venais, elle m'aurait attendu. Je n'ai qu'à louer une tente et nous passerons le temps ensemble.
Mais il faut qu'elle se rende à la fête d'intégration dans le groupe préparée par sa s'ur. Elle ne sait pas en quoi cela va consister. Laure a promis de lui faire plaisir.
- Je ne souhaite pas me montrer à ta s'ur. Je vais t'attendre sur le parking. Si tu le veux, je t'enlèverai dans ma splendide 4 L jaune. Ne parle à personne de ma présence. Rejoins-moi et sauvons-nous.
- Adrien chéri, je ne peux pas faire ça à ma s'ur; ce ne serait pas correct. J'ai fêté mes dix-huit ans. Tu peux m'embrasser sans risquer la prison. Si tu m'aimes attends-moi.
- Ma chérie, tu te mets en danger. Quittons cette base.
- Je ne crains rien : Tu es là.
Que je loue une tente et aussitôt après les jeux elle me rejoindra. Après un dernier baiser, elle part à pas rapides vers les quatre tentes. Je regagne mon observatoire derrière la haie de thuyas. Le groupe est réuni entre les tentes, forme cercle autour de la meneuse. Laure présente le lieutenant Gérard, porteur de nouvelles de son fiancé Adrien. Il a accepté de participer aux festivités avant de se retirer après le repas. Trop tôt puisqu'il manquera hélas la partie principale de la cérémonie.
- Son fiancé Adrien ? C'est de l'intox pour décourager Aurélie et l'affaiblir face à la tentation. Quand on est désespéré on est plus influençable. Laure est diabolique. Heureusement Aurélie m'a vu et n'est pas désespérée.
- Maintenant, vous vous mettez tous en tenue de bain. Aurélie tu peux garder tes fringues. Nous allons commencer par examiner ton sens de l'observation. Applique-toi. A la nuit tombée, les yeux bandés tu devras reconnaître tes amis. Tous tes sens doivent être en éveil sauf la vue. Tu vas utiliser le goût, l'odorat et le toucher.
- Mais je ne connais pas tes amis. Comment les reconnaître ?
- C'est le but de cette préparation. Tu vas t'isoler sous notre tente pendant cinq minutes chronométrées avec chacun ou chacune. Et tu vas en profiter pour emmagasiner le maximum d'informations sur la personne enfermée avec toi. Ne crains rien, ils ou elles doivent obéir scrupuleusement à tes ordres, ils se taisent et adoptent les poses que tu souhaites. Inspecte bien tous les détails. Touche, tâte, hume, prends en bouche, tu as tous les droits. Si tu passes avec succès l'épreuve ce soir tu seras déclarée membre de notre club et tu prêteras serment.
- Et si je me trompe ?
- Chaque erreur te coûtera une pièce d'habillement. Il faudra bien te vêtir. N'oublie aucun aspect, par exemple tu devras reconnaître qui te donne un baiser sur la bouche.
Enfin, si tu es encore habillée à la fin de l'épreuve, tu pourras choisir un compagnon pour la nuit parmi nos quatre superbes spécimens. Vous pourrez dormir sagement sous la même tente.
- Oui ! Sagement ! Crie le groupe.
- Par malheur tu ne pourras pas réserver le lieutenant qui sera parti. Lieutenant, ne voulez-vous pas tenter votre chance, passer la nuit avec nous et pouvoir informer Adrien sur le déroulement de notre fête ?
- La tentation est trop forte. Je vais retarder mon départ, à deux conditions : De trouver une place dans une voiture demain car je suis venu en stop et de pouvoir m'entretenir cinq minutes seul à seule avec Aurélie pour évaluer mes chances. Ensuite je me mettrai en petite tenue si je reste et j'irai sous la tente me soumettre à l'examen, comme les autres.
- On peut monter à cinq dans ma voiture. Raymond se fera un plaisir d'aller derrière avec Gilles et Emilie. L'entretien peut avoir lieu tout de suite. Aurélie accompagne Gérard, s'il te plaît.
Entre les branches je lis une immense déception sur le visage de Raymond. Ils vont défiler sous la tente. J'en éprouve un profond dégoût. Si Aurélie accepte tant pis. Il est des choses que je ne veux pas voir. Le bizutage d'Aurélie entre autres. J'ai été déçu de la voir se prêter aux fantaisies de sa s'ur. Autant elle a résisté au discours destiné à la jeter sous Raymond, autant elle semble se soumettre à ce jeu dégradant. Cette préparation sous tente avant les tests en groupe si facilement acceptés ne présage rien de bon pour l'avenir. Une fois de plus je me suis trompé. La fille idéale ne s'appelle pas Aurélie. Si elle m'aimait elle serait déjà à ma voiture. Je peux m'en aller.
Ce que je raconte ici m'a été rapporté plus tard par Aurélie et confirmé par Gérard.
Nous avons quitté l'enclos. Gérard m'a montré l'endroit où tu te tenais et que tu venais de quitter. Ensuite il m'a désigné du doigt, un homme qui s'éloignait, m'a demandé si je le connaissais et m'a dit : « Si tu le laisses partir, tu ne le reverras plus. Si tu l'aimes, cours le lui dire et monte dans la 4L »
Je monte dans ma voiture. Je lance mon moteur. Gérard me retrouvera chez mes parents demain, après une nuit avec l'une ou l'autre des deux s'urs. Si c'est avec Laure, Aurélie sera initiée par Raymond. C'est un spécialiste, au moins elle en gardera un bon souvenir. Raymond va s'appliquer, la prendre en douceur. De la chair fraîche à bien traiter pour garantir des lendemains glorieux. Elle pourra m'oublier !
Une petite marche arrière pour me dégager. On frappe sur ma carrosserie. La porte du passager s'ouvre, Aurélie s'assied sur le siège avant.
- Tu n'as pas trouvé de tente ? Où vas-tu ? Tu pars ? Sans me dire au revoir ? Tu boudes ? Tu es fâché ? Pourquoi ?
Selon son habitude, elle enchaîne les questions en rafales. Par laquelle commencer ?
- Allez, roule, avance, je viens avec toi. Je t'aime.
- Non, il est trop tard. Tu as choisi d'être correcte avec ta s'ur, profite au maximum de tout le bien qu'elle te veut. Fais ce que tu aurais fait si je n'étais pas venu.
- Tu es là et ça change tout. Je n'avais pas deviné le but poursuivi par Laure. Gérard m'a dit que tu voulais me mettre à l'abri. Tu es venu à mon secours, tu ne peux pas m'abandonner à leurs jeux pervers.
- Va, descends. Va t'amuser. Oublie-moi. Pardonne-moi de t'avoir laissé croire que je t'aimais.
- Il faudra me jeter hors de ta voiture. En moins de cinq minutes, j'en saurai plus sur toi que sur les autres, si tu le souhaites. Laure m'a tendu un piège, Gérard m'a dit que tu l'avais pressenti et que tu en savais plus que moi. Il n'a pas eu le temps de m'en dire plus. Mais je veux savoir. Tu dois m'éclairer.
- Ta s'ur est la mieux placée pour te renseigner. Elle est le maître d'?uvre.
- Laure ne voit et n'entend plus personne en dehors de Gérard. Gérard m'a ouvert les yeux. Démarre, mon amour. Au premier croisement de routes j'ai repéré une pancarte « chambres à louer. libres ». Nous passerons la nuit dans cette demeure. Tu veux ?
- Vous êtes en voyage de noces ? a demandé la logeuse, les yeux sur nos annulaires sans bague. Je vous donne la chambre nuptiale, elle est bien isolée phonétiquement. Il y a tout le confort, douche, WC séparé. Un grand lit. Bonne nuit. Petit déjeuner entre 8 et 10 heures.
Enfin seuls. Je l'aime, elle m'aime. Nous nous étreignons. Nous pouvons nous embrasser. Novice, Aurélie se jette à l'eau. Comme tout le monde elle a vu des baisers de cinéma. Du baiser gentil, sur le bout des lèvres, au baiser dévorant, nous franchissons les étapes allègrement. Le temps de redire un « je t'aime » et nous retrouvons la bouche de l'aimé. C'est notre première fois et c'est si délicieux. On ne s'en lasse pas. Chacun se demande quelle sera la suite. Dans l'incertitude, rien n'est meilleur que ce bouche à bouche prolongé. Nous finissons face à face, étonnés de l'audace de cet arrêt imprévu. Nous avons osé. Il faut assumer.
A tour de rôle, nous prenons une douche. J'en sors enveloppé dans une grande serviette de bain. Aurélie aussi. Nous cachons notre embarras dans un nouveau baiser, je suis contre elle, je saisis son visage à deux mains. Elle fait comme moi. Les deux draps de bain glissent à terre, nos corps nus se touchent, nous nous interrogeons des yeux puis nous éclatons de rire. Je fais un pas en arrière et je contemple le corps de la jeune femme. Elle est si belle ainsi offerte. J'adore ces jeunes seins fermes, accrochés haut, ces hanches magnifiquement dessinées, ces longues jambes fines mais je reviens à ce visage aux lignes pures, au regard si franc. Elle aussi m'a regardé, elle a bien vu notre différence, sourit et me tend les bras. Ce corps chaud contre moi, ces bras qui me serrent, ces mains qui me caressent m'enivrent. Légèrement tremblante je l'allonge sur le drap blanc.
Nous avons toute la nuit pour nous découvrir, pour imprimer dans notre mémoire les détails de nos corps, les plus apparents comme les plus intimes. Ma main s'étonne de la douceur de la peau de l'intérieur des cuisses. Mes doigts font des n'uds dans les poils du pubis. Mes lèvres courent sur un bras, sur une jambe, traînent sur le nombril. Aurélie explore mon corps d'homme, je m'abandonne à ses mains, à ses baisers posés un peu partout. Elle regarde, touche, s'étonne de certaines réactions sous la ceinture. Tout est permis. Nous nous enlaçons, nos corps s'épousent étroitement, immobiles et nos yeux se boivent. Nous sommes heureux, fiévreux.
- Veux-tu de moi ? Je m'étais promis de me garder pour mon mari. Mais je t'aime et je me donne à toi.
- Je t'aime trop pour abuser de toi. Je serai patient et fidèle. Ta s'ur avait prévu de te livrer à Raymond et aux trois autres. Aurais-tu réussi à échapper à leur piège dans ce coin reculé du camping ? D'autres pièges te seront tendus. D'autres tentations se présenteront. C'est ton corps, tu en disposes librement. Tu souhaitais te présenter vierge au mariage. J'ai admiré ta volonté.
- Tu ne m'aimes plus ? Tu ne veux pas de moi, parce que tu doutes de mon amour à cause de ce que tu as vu ou entendu. Je ne savais pas que ma s'ur avait monté ce sale coup. Qu'ai-je fait de répréhensible ? Je ne voyais pas de mal à aller sous la tente. Le jeu serait resté innocent. Si Raymond avait voulu m'en montrer plus que nécessaire je l'aurais immédiatement chassé.
- Ne présume pas de tes forces. Seule contre tous et surtout contre le désir de vengeance de Laure, cette nuit tu n'aurais pas pu te défendre.
- Et toi tu voulais m'abandonner ! Mais pourquoi ?
- Ne t'avais-je pas avertie du danger et n'avais-tu pas refusé de partir avec moi ? J'avais de bonnes raisons de penser que tu souhaitais vivre comme ta s'ur le proposait. Si c'était ta volonté, je n'avais plus rien à faire au lac.
- Tu as douté. Mais maintenant tu ne dois plus : Nous sommes réunis.
- Oublions cet après-midi. Je reprends ta formule. Si par hasard, de façon impossible, c'est une supposition, si donc tu tombes amoureuse d'un autre homme, alors que je ferai mes études au loin,
ne regretteras-tu pas de t'être donnée à moi ? Mon désir est bien visible, mon amour de toi seul me pousse à reporter au mariage l'union de nos corps.
- Je ne vais pas, comme ma s'ur le suggérait, me donner à toi pour gagner la liberté de faire l'amour avec n'importe qui. Tu as peut-être entendu ses mauvais conseils.
- Oui, j'ai appris comment elle espérait me rouler dans la farine. J'ai été très déçu. Mais je t'ai également entendue la traiter de monstre. Tu as très habilement défendu ta conduite. C'est pourquoi je veux respecter ta décision de garder ta virginité.
-A mes yeux la virginité du c'ur est plus importante que cet hymen qu'on peut recoudre. Adrien, si tu me désires comme je te désire, aimons-nous ici, cette nuit. Ce don sera la marque de mon amour. En me prenant tu t'engageras pour la vie.
- Es-tu sure de toi. La vie c'est parfois long ?
- Je t'attendrai pendant tes années d'études, je te serai fidèle jusqu'au mariage officiel. Chacune de nos rencontres sera l'occasion de renouveler notre engagement. Chaque fois nous pourrons nous aimer et renforcer notre lien. Evidemment tu es libre de refuser et je continuerai à t'aimer.
Nous sommes nus dans un lit, nous nous caressons, nous nous embrassons. Aurélie est si belle, si douce, si persuasive. Aurélie parle, elle me regarde si amoureusement et elle vient de poser sa main sur ma virilité.
- Ma chérie, je t'aime. Tu me tentes très fort. Ne me reprocheras-tu pas d'avoir profité d'un instant de faiblesse ?
- Mon amour, je suis à toi. Guide-moi, prends-moi. Je t'aime si fort. Et je sens dans ma main monter ton envie.
Je ne suis qu'un faible homme. La promesse de nous retrouver régulièrement et de pouvoir nous aimer emporte la décision. Ce corps juvénile encore m'émeut, sa volonté de m'appartenir terrasse mes dernières objections. Je jure que je l'aimerai toujours, je baise chaque centimètre carré de peau. Elle est très sensible derrière les oreilles, dans le cou. Sous mes lèvres ses seins s'éveillent, dressent deux pointes petites, dures, magnifiques. Langue et bouche parcourent lentement le tronc, tournent autour du nombril. Deux mains posées sur ma tête guident mon enthousiasme. Je lèche, je suce, je mordille, elle frissonne, se porte au devant de mes doigts.
- Oui, là aussi, s'il te plaît. Je suis toute à toi.
Elle a d'elle-même remonté ses genoux, ouvert le compas de ses jambes et me pousse vers la mousse claire de son mont de vénus. L'instinct féminin est déjà affirmé, sa main appuie fermement. Avec dévotion mes baisers se posent sur son sexe fermé. C'est une ligne rose entre les poils. Le mouvement du bassin la lève vers ma bouche. J'embrasse, de la pointe de la langue je sépare ces grandes lèvres, découvre la délicate corolle des petites lèvres ciselées dans le rose le plus tendre. C'est tout neuf, c'est vierge, c'est affolant. Je hume cette odeur, j'admire la finesse de ce sexe vierge, je m'y perds en un long baiser. Aurélie approuve, gémit doucement,
- Continue, c'est bon. Oui, j'aime.
Je lape, je serre entre mes lèvres, je lèche encore, je me goinfre, me soûle d'odeurs et de liquide, déniche tout en haut de la fente le capuchon sous lequel son timide clitoris cache sa surprise. Tout le corps frémit sous la prudente caresse de la langue. Les jambes se détendent
- Mon amour vient m'embrasser.
Du sexe entrouvert, je remonte à la bouche. Elle m'appelle. J'y vais. Elle me repousse sur le dos, se penche sur ma bouche et vient y goûter la saveur de sa propre intimité, force le passage de mes dents pendant qu'elle me recouvre de la tendre chaleur de son corps en émoi. Elle fouille mes yeux, me montre le bonheur qui illumine les siens.
- A moi, tu permets, mon amour.
Comme elle je suis sensible à son baiser derrière l'oreille ou au mordillement du lobe. Sous ses lèvres et sous sa langue, dans ses mains aux doigts fins et sous le glissement de sa peau douce sur la mienne monte la tension de mes nerfs. Entre son pouce et son index mon membre enfle, prend de l'importance. Le spectacle l'amuse et attire sa bouche. Un premier baiser me secoue des pieds à la tête. Un second, plus appuyé me bouleverse.
- J'aime, c'est beau.
Elle est gentille, demande si elle peut encore, s'enflamme, ouvre les lèvres les fait coulisser et découvre le retrait du prépuce, la rougeur du gland. Je deviens sucette léchée, prise en bouche, glace au parfum nouveau soumise à la succion, mais je ne fonds pas, je gonfle, la chaleur humide de cette bouche en mouvement me raidit. Aurélie se gave et se réjouit de me produire cet effet.
- Tu es tout dur. Ton sexe est beau, impressionnant. Tu le mettras en moi. Il paraît que ça fait mal. Tu feras doucement ?
Elle revient s'allonger en traçant sur ma peau deux lignes parallèles avec la pointe de ses tétons durcis.
- Chéri, maintenant, prends-moi.
Elle s'est couchée sur le dos. Je vais m'agenouiller entre ses jambes relevées, m'approche. D'une main j'ouvre l'accès, écarte les lèvres, avance mon membre raide de la cible, vise, me pose sur l'obstacle de peau rose et humide presse tout doucement, une fois, un peu plus fort, Aurélie ne peut retenir un petit cri de douleur « Ah ! »
Je me retire, me rends compte que je suis en train d'accomplir un acte que je me suis interdit. Je regarde et vois l'hymen encore entier.
- Ce n'est rien, ça fait un peu mal, mais viens, je suis prête. Je m'ouvre, viens mon amour.
- Excuse-moi. Je ne peux pas.
Elle a saisi mon sexe
- Mais si, tu es tout dur. Pousse, enfin.
Je me laisse aller sur le côté et vois sa déception.
- Je ne m'en sens pas le droit. Pardon. Pas aujourd'hui, pas moi. Tu es infiniment aimable, désirable.
Je pense aux gaillards sous les tentes, frustrés d'avoir vu leur proie s'envoler. A cause de mon intervention Aurélie vient de manquer l'occasion de connaître la pénétration et la jouissance. Il n'est pas trop tard, Raymond ne fera pas de manières et sera plus habile que moi. Si elle tient tellement à devenir femme :
- Veux-tu que je te reconduise à la base ? Là-bas on t'attend.
- C'est tout le respect que tu as pour moi ? Tu es prêt à me livrer à ces salauds. « Tu es libre de refuser et je continuerai à t'aimer » tu n'as pas entendu ? Dans le fond, tu as raison. Je deviens folle. Restons ensemble. Prends-moi dans tes bras et dormons.
Nuit magique ? Non, nuit horrible. Ai-je dormi ? Très peu. Cette tête reposant sur ma poitrine, ce souffle chaud parcourant ma peau, ce bras abandonné sur moi, toute cette innocence confiante, cette résignation amoureuse continuent à troubler mes pensées. C'est une occasion ratée, j'en suis aussi malheureux que fier. J'aurais pu, j'aurais dû, pourquoi m'inquiéter d'un éventuel successeur. Les vierges ne courent pas les rues; les idiots de mon espèce non plus. Mon ange n'a pas assisté aux réveils de ma verge répétés par mon imagination incorrigible, heureusement. Nue contre moi, Aurélie m'a réveillé à coups de baisers, souriante, apparemment heureuse et sans rancune.
Démobilisé, immédiatement engagé dans un stage de vente, j'ai eu la chance de rencontrer tous les jours ma bachelière, admise en école d'infirmière.
- Tu verras, je te soignerai. Je t'aime.
Nous nous sommes beaucoup téléphoné, écrit. Chaque week-end prolongé nous a retrouvés ensemble. Elle me rend visite chez ma logeuse, je la retrouve chez ses parents. Nous parcourons des kilomètres pour rêver un avenir heureux à deux. Et puis nous avons réduit nos frais de téléphone, les lettres sont devenues plus difficiles à écrire en raison de nos emplois du temps chargés. A la veille d'un nouveau stage, je décide de lui faire la surprise de passer tout un week end avec elle. Je suis en fin de deuxième année de l'école de commerce. L'échéance approche. Cette fois, je suis certain de notre amour, après deux ans plus rien ne pourra nous séparer. Si Aurélie le souhaite ou si elle l'accorde à ma demande, je vais l'aimer de tout mon c'ur et de tout mon corps. Le célibat me pèse, elle n'attend que mon invitation. La nuit prochaine nous serons amants.
Laure, vouée à un éternel célibat, m'ouvre la porte. Elle est extraordinairement aimable, toujours chatte, bientôt institutrice. Elle se réjouit de me voir, s'inquiète de ma santé, de mes études et évite avec soin le seul sujet qui m'intéresse. Je finis par demander où est ma fiancée.
- Elle doit être à la patinoire avec des copines. Tu ne lui as pas téléphoné pour t'annoncer ? Tiens, voilà son numéro de portable. Tu as de quoi l'appeler ? C'est bien. Elle va être folle de joie en te voyant arriver. Elle a emprunté ma 309, si tu veux, je vais t'accompagner. Nous devrions la trouver facilement.
Nous sommes près de la 309. Aurélie n'est pas sur la glace. Dans la piscine voisine, au milieu d'un groupe nombreux, j'aperçois sa chevelure. Elle est très entourée. Nous décidons de l'attendre, assis sur la terrasse située à l'entrée. Il fait beau. Ma future belle-s'ur, avec un grelot dans la voix, me dit combien elle envie sa cadette. Elle regrette amèrement ses erreurs. Si c'était à refaire? Ma bière est bien fraîche. Je revois ces dernières années, ma première expérience amoureuse avec Laure, mais j'entends encore ses mauvais conseils à sa s'ur. Et le souvenir de cette nuit à La Madine où tout aurait pu basculer, mais qui a fortifié notre amour, cette nuit avec Aurélie, dont nous avons si souvent reparlé en nous félicitant d'avoir su patienter. Laure me désigne la porte
- Tiens, la voici.
Je ne vois sur le seuil que deux amoureux qui se bécotent, attends que sortent les suivants. Les amoureux dégagent le passage. Aurélie sautille au bras d'un inconnu, s'arrête pour un bisou, bisou sur le front, bisou sur le menton. Je sens le regard de Laure fixé sur moi. Je vois ma fiancée au bras de l'autre. Elle arrive à la voiture. J'appelle son numéro.
- Allo Aurélie, c'est Adrien. Je t'aime.
Près de l'auto le type s'est penché sur son cou et lui fait un suçon.
- Bonjour mon amour. Comment vas-tu ? Je t'aime, hihihi.
- Où es-tu ? Que fais-tu ? Pourquoi ris-tu ?
- Je suis dans ma chambre. Je ris parce que je suis heureuse de t'entendre. Hihihi.
Elle fait chutt à son accompagnateur, l'index sur les lèvres.
- Je m'ennuie de toi. Ah ! Si seulement je n'avais pas été de garde cette nuit, je serais venue te voir. Je révise un cours et je pense à toi, mon amour. Tu m'aimes toujours ? Quand viendras-tu ? Tu me manques.
Un silence suit. Le type l'embrasse et la réduit au silence. Je coupe la communication. Elle reprend l'écouteur, n'entend rien, replace l'appareil dans son sac, jette le sac sur la banquette arrière, se tourne vers le gars, passe ses deux bras autour de son cou et savoure longuement la bouche qui s'empare de la sienne.
- Tu sais Adrien, c'est juste un flirt pour passer le temps. Mais elle est encore vierge, j'en suis sûre. Nous en avons encore parlé ce matin. Il ne faut pas te fier aux apparences. Je l'ai engueulée parce qu'elle flirtait. Elle m'a répondu qu'elle serait vierge le jour de son mariage avec toi, mais qu'elle avait bien le droit de s'amuser en attendant le grand saut.
Laure se lève, me prend par la main et m'invite à marcher. Pourquoi sur ce sens unique, dégagement obligatoire pour les véhicules ?
Une voiture nous suit au pas. Laure se retourne, je l'imite. Au volant Aurélie nous reconnaît, cale son moteur.
- Oh ! La gourde, elle va bousiller ma voiture.
Laure repart, m'entraîne par la main sur un sentier. Je suis comme un automate. Elle s'arrête, m'enlace, je me laisse embrasser. C'était ici, il y a longtemps, un jour magnifique.
- Je t'ai toujours aimé. Tu es à moi. Je veux être ta femme. Mon c'ur t'appartient depuis le premier jour. Je n'ai pas renoncé, je t'attends. Gérard, ton copain de régiment m'a souvent répété :
- Ne désespère pas, c'est toi qu'il aime dans ta s'ur.
- Gérard ? Vous avez couché ensemble au lac ?
- Dans ma tente, mais il ne voulait pas te trahir. Je le trouvais beau, j'étais désespérée. Il m'a prédit notre réconciliation et m'a recommandé d'attendre mon tour. Depuis je n'ai plus fait l'amour.
J'entends, des mots. Que croire ? On m'embrasse encore, on me bouscule, on m'embrasse de nouveau, mais différemment.
- Va-t-en, Laure, il est à moi. Adrien, je t'aime. Laure, tu as fait exprès de l'amener ici. Jalouse
A quelques mètres le type regarde stupéfait, ne comprend pas plus que moi ces deux femmes enlaçant un même homme. Il hausse les épaules et s'en va.
- Adrien, dit une voix cajoleuse, je suis vierge, tu verras, viens avec moi. Nous allons fixer la date de notre mariage. Viens, mon amour. Je t'aime. Moi au moins je suis vierge, pour toi ! N'oublie pas, je suis ton porte bonheur.
Je prends Laure par la main, je fais deux pas et pour toute réponse j'embrasse la bouche de mon premier amour. Gérard a eu raison. Dans un hôtel proche Laure me serre sur son corps. Ensemble sous la douche nous retrouvons les gestes et les mots de cette fois au bord du lac. Elle m'attire en elle, je reconnais ses frissons. Elle me berce en elle, elle s'empale sur moi, elle est douce et infatigable. Sa chaleur retrouvée me rassure. En écho à ses « je t ?aime » je réponds je t'aime, je ne mens pas, je n'ai pas de crainte. Je me revois dans la chambre nuptiale, au moment où j'ai suspendu la pénétration d'Aurélie. Quelques centimètres de plus, je l'aurais dépucelée, je me serais lié à vie. Or mon port d'attache, c'est Laure, ce corps plus mûr, cette femme première pour moi. Et quand en son sein je déverse pour la deuxième fois mon sperme en ébullition, elle gémit de bonheur, clame son amour, déchaîne des coups dans la cloison et déclare triomphante, une fois de plus,
- Je t'aimerai toute ma vie.
Trois milliards de femmes sur terre.