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Proposée le 1/01/2010 par beije
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Dans les décombres de la nuit, je restais concis dans le sommeil. Noyé dans un épais abysse, le niveau d'encre noir régénérant m'entrainait au plus profond mais le courant qui me faisait sombrer était paisible. Le temps s'étirait. Je respirais lentement, me laissant flotter.
Des résonances étranges déchirèrent la surface de mon lac sombre et reposant. C'étaient de légers sons, feutrés, presque irréels au début. J'ouvrais les yeux. l'éclat des phares d'un véhicule errant dégoulina sur le mur de ma chambre, mouvant. Je perçus son souffle de façon plus précise. Je le savais, c'était elle. Mon ange insomniaque.
Je ne pus m'empêcher de sourire. Me redressant, je la vis dans le coin. Inaltérable, le coin à droite de mon lit était sien. C'était son refuge. Mes yeux s'attendrirent, une légère euphorie me caressa du bout de ses doigts.
- My sweet Anouka... lui chuchotais-je.
Elle ne bougeait pas, ses mains distordues dissimulant son visage. Je perçus alors mieux ses plaintes. Son souffle heurté. Je me raidis aussitôt. Si j'avais douté de ses larmes la veille, des larmes de bonheur comme elle me l'avait assuré, je ne pouvais plus confondre à présent ses gémissement si douloureux.
- Anouka ?
Une nouvelle plainte me parvint, encore plus violente que les précédentes. Sa tourmente me déchira.
Je me précipitais vers son corps, blotti dans le coin, recroquevillé. Elle était agitée de spasmes et ses jambes, mollement sur le coté, tremblaient avec agitation. Une appréhension me saisit. Depuis combien de temps souffrait elle ainsi, tandis que j'étais muré dans mon sommeil.. Quelque minute ? Des heures ?
Je chassais la culpabilité de mon esprit. Je ne savais pas quoi faire, hésitant, mal à l'aise. Je posais ma main sur sa cheville, en geste rassurant. A mon contact, elle s'endurcit encore plus, ramenant ses jambes tremblantes vers elle.
Ses hoquets se transformèrent en larmes, j'étais au supplice.
- Anouka qu'est ce que tu as ? lui demandais-je doucement.
Elle ne répondit pas.
Je saisis ses poignets sans violence, mais assez fermement pour qu'elle dévoile enfin son visage, qui je puisse voir ses yeux, la rassurer. Elle me résista en gémissant des mots dans sa langue maternelle.
- S'il te plait parles moi...
J'insistais, tirant encore sur ses mains en m'efforçant de ne pas lui faire mal. Elle persista à plaquer désespérément ses paumes sur son visage, enfonçant ses doigts, transperçant sa peau de ses ongles courts.
- "Anouka". ma voix se fit plus résistante, trahissant moins mon anxiété.
Je devais la faire sortir de son mutisme, de la partie de sa tête dans laquelle elle s'était enfermée avant que je ne la rejoigne. Je devais la faire revenir, avec moi, avant qu'elle ne sombre entièrement. Elle murmura des refus, à peine perceptible à travers sa voix écorchée.
Je me refusais à la laisser dans cet état. Sa souffrance m'horrifiait autant qu'elle me heurtait. La violence de la vision de son corps convulsée attisa ma colère.
Quiconque aurait pus lui faire mal, je l'aurais fait souffrir à son tour. Il fallait que j'agisse. Ma volonté était telle qu'agenouillé devant elle, mes mains se crispèrent. Je serrais les dents.
Je passais alors mon avant bras sous ses jambes et glissais l' autre derrière son dos. Elle ne réagit pas. Je la soulevais du sol et la posais sur le lit. Sans résister, elle se laissa tomber, son corps s'affaissant. Seules ses mains demeurèrent raidies. Le son sinistre de ses sanglots emplissait toujours ma chambre. Je me penchais en avant, posant chaque genou de part et d'autre de ses cuisses. Mes doigts glissants sur sa bouche humide, j'agrippais à nouveau ses poignets pour l'obliger à me faire face, à me regarder.
Anouka résista quelque seconde, puis céda.
Aussitôt, la fille que j'aimais détourna la tête, refusant que j'assiste à son désespoir. Son visage contusé par la douleur, elle plissa ses yeux humides sous le poids de l'eau qui les embuait. Ses poings se serrèrent près de mon torse tandis que je tenais toujours ses poignets. Je sentais le sang y battre à une vitesse affolante. Sa peau était glacée. Je fis mon emprise plus douce, sans pour autant la lâcher.
- Darling... What's goin' on ? Répétais-je.
Anouka inspira plusieurs fois, son souffle devint saccadé alors qu'elle tenta de parler.
- C'est Erwann... Gémit elle, Il n'est plus là? Je l'ai cherché... Il n'est plus là. Je... Je ne me souviens plus de rien !!
Elle éclata à nouveau en sanglots.
De ses poings, elle essaya de frapper son front, les tempes. Je la retins.
- Il ne serait jamais parti sans rien me dire... Plus là... Nineteen ninety six... Je me suis retenue, je n'ai rien dit. Il criait si fort.. Il m'abandonne... 1996... 1996... 1996...
Elle divaguait. Peu à peu, l'ange tourmenté perdit le fil de ses phrases inachevées, insensées. Elle écarquilla les yeux espérant que la mémoire lui revienne, puis elle pleura à nouveau.
Je le savais peut-être autant qu'elle. Sans son jumeau, elle n'était rien. Elle commença à s'étouffer, suffoquant dans son chagrin.
Je la soulevais à nouveau, la serrait dans mes bras. Elle enfouit son visage dans mon torse, entourant tant bien que mal mon dos de ses bras fin. Je lui caressais les cheveux, l'incitant au calme en lui parlant. Au bout seulement quelques instants, mon étreinte sembla l'apaiser. Soulagé, je me détendis un peu.
- Tu vas te souvenir. la rassurais-je
Elle acquiesça faiblement, sa respiration trahissant toujours les sanglots qu'elle tentait d'effacer. En vain.
- Il faut juste te donner du temps' Renchéris-je
- Oui. Souffla-t'elle.
Je me mit à souffrir de mes propres paroles. Car je n'avais aucune certitude de ce que j'affirmais. Sans son frère, son amnésie serait pire. Dans ma douleur, je la serrais plus fort.
Quatorzième nuit. [soumission] Allongée sur le dos, Anouka me regardait.
j'étais toujours assis sur elle, les bras forçant, les deux paumes enfoncées dans le matelas de part et d'autre de son visage, mes épaules à trente centimètre au dessus de son visage. Je n'arrivais pas à déchiffrer le sens de son regard.
Ce n'était pas de la colère... Cela semblait plutôt de la résignation, le fatalisme d'une réflexion muette. Ses iris vrillaient les miens, soudain hésitants. Elle passa une main délicate dans mon cou, geste doux par rapport à l'expression de ces yeux.
Elle m'attira vers elle, pressant sa paume dans ma nuque. Me rapprochant, je dus me retenir sur les coudes. Sa bouche se pressa contre la mienne, d'un baiser léger. Je fermais les yeux.
Ses lèvres glacées cherchant, brulant mon âme, la douce caresse devint pressante, impatiente... Violente.
Sa poitrine effleura mon torse. Elle continua de s'approprier mon corps, avec désespoir. Son désir d'oublier. Quand je sentis son autre main errer sur mon flanc, électrisant ma peau, je gémis : Elle voulait que je cède. Retenir l'envie irrésistible qui grondait en moi me demanda un effort qui me sembla hors de ma portée. Pourtant, je me retirai de son étreinte, arrachant sa main de ma nuque. Me reculant en m'appuyant sur mes mains. Je bouillonnais.
- Non, il ne faut pas... Pas maintenant. Haletais je
Elle était si faible, je ne voulais pas profiter d'un tel abandon.
Son visage se fit anxieux, le souffle saccadé par son désir perverti. Je fixais les larmes à peine sèches sur sa peau.
- J'en ai envie... Rétorqua-t'elle.
Ce fut sa voix, qui me fit décliner. l'excitation rendait son timbre plus séduisant encore. Je plissais les yeux, retenant mes mains de courir sur sa peau.
Je devins grave, silencieux. L'ange se servait de moi pour oublier ? Mais si elle se sentait prête... Mais elle venait de pleurer... Non ce n'est pas bien. vraiment pas bien. Mais sa bouche était si douce, ses soupirs exaltés et,... Et l'ombre de ses seins qui j'avais sentit se presser contre moi...
Je détournais le visage, les yeux clos par l'irrépressible envie qui m'interpellait, me hélant sans scrupules.
- Tu en es sure ? Redemandais-je d'une voix rauque, détachant chaque mot, en une tentative désespérée.
Ses bras s'enroulèrent autours de mes épaules, elle blottit
son front dans mon cou.
- Je t?aime.
Sa bouche s'attarda sur ma peau tremblante d'envie, ses baisers glissant dans mon cou, le long de ma mâchoire? Complètement déphasé, je me concentrais sur les frissons que l'ange insomniaque me procurait.
Je savais déjà que j'avais perdu.
Je me collais contre elle tandis qu'elle reprit mon visage entre ses doigts, me perdant peu à peu entre le trouble et le désir, l'impulsion qui se faisait effervescente à la surface de ma peau, de mes lèvres, de ce que j'entendais, de ce que je sentais, de ce que j'attendais'
Je fis descendre mes lèvres vers sa clavicule, ses mains se perdirent dans mes cheveux. l'ardeur me brulait. Elle se cambra sous l'un de mes baisers. Je passais un bras dans le bas de son dos et la serrais plus fort contre moi, la soulevant.
Elle enroula insidieusement ses jambes autours de mes hanches, s'agrippant à mes épaules. l'intérieur de ses cuisses pressé contre mon bas ventre accentua encore plus le feu et son souffle,
éreinté et abandonné à mon oreille me donnait le vertige. Saisissant ses mains, je fondis en elle. Ses doigts s'agrippèrent à mes cheveux.
Elle devint moi, mon ardeur, mes envies, ma peau, ma
tristesse.
Je devins elle, son odeur, ses cheveux, sa voix sensuelle,
ses gémissements de plaisir, sa mémoire.
Elle était mienne.