Acte II

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Proposée le 14/07/2007 par annedarobace

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Femme de port (2ème partie)

2) Acte II

Pas cette nuit...

Car c'est le tour de Roger (prononcez rodjeur à l'Américaine please). Roger c'est le petit nouveau. Il faut qu'il se contrôle - pas comme avant hier -, je ne pourrais pas rattraper ses bêtises à chaque fois. Merde alors ! Trois mots à dire - trois trucs à faire et il a du mal ! Non de non ! Je veux bien l'aider à prendre de l'assurance dans ce job mais il faut qu'il y mette un peu du sien. Il ne nous fera pas le coup du trac tous les soirs... même si je sais (du moins j'imagine) qu'être " l'Homme " demande beaucoup de maîtrise, ce soir il n'a pas le droit à l'erreur !

J'entends la porte de "l'appartement" qui se referme. Le clac du pêne est son signal d'entrée en scène.
Le public reste silencieux, toujours cette discrétion qui traîne dans la salle, ce vide qui nous pèse alors que bientôt Roger doit me dire :

«Hi dear, where are you? »

L'interrogation est forte. Le public attend la suite infernale du pseudo mari sur les planches qui cherche sa femme... c'est d'un suspense Hitchcockien. Un texte de premier ordre... on en a tous le souffle coupé... l'intonation sans doute... Rodjeur y a mis tout son cœur. Il faudra qu'il mette le reste tout à l'heure... Rodjeur a tout compris cette fois.

Roger me cherche, Roger me trouve. Je n'ai pas bougé de mon mauvais fauteuil. Je n'attendais que çà, que Roger me surprenne, abandonnée et nue, qu'il crie ou qu'il comprenne cette nudité lascive, ce besoin d'évasion éphémère, c'est dans le scénario, mon contrat, son deal... Rodjeur ?

Ce soir, Roger a des airs d'Erold Flynn, il ressemble à mon beau-frère le jour de son mariage (avec un nœud différent...) Ou peut-être un Belmondo moustachu, en tous cas, il y rapproche les gestes et la parole qui font de lui un acteur flamboyant. Sa seconde " tirade " est un régal :

" What ? "

On devine la clameur retenue de notre public chaleureux, l'insoutenable est de ce monde, je vous le dis assurément, le jeu artistique est à son comble et comme le théâtre c'est pas du cinéma, pas de coupure de pub ! La réclame c'était avant, là on est dans l'action, la vraie, saura-t-elle lui répondre ? ...

Elle sait, la salope, elle sait ! Elle laisse parler son corps, pas besoin d'un long discours, ses formes parlent pour elle. Pas besoin d'explications même si Roger doit feindre de se poser le problème ô combien difficile à résoudre " mais pourquoi est-elle nue, une main entre les jambes le souffle court et saccadé ? Hein mais pourquoi ? "
A cet instant, l'auteur a griffonné sur le recueil quelques remarques indéchiffrables. Mais sans ces précieuses apostrophes, notre metteur en scène - qui est aussi le producteur - n'a pu que s'en remettre à mon expérience et à ses bas instincts. Sans doute le jeu d'acteur en eut été affecté profondément si l'écriture avait été moins pattes de mouche !
C'est ainsi, les grands écrivains ont de petits ... défauts.

Roger ne reste pas longtemps dans l'expectative, c'est prévu dans la pièce. D'autant qu'à la décrire, la seconde est bien longue mais à la vérité le temps reste le même : juste une seconde pleine et entière.
Roger ne se pose plus de questions. Roger s'approche du fauteuil. Je le regarde. Roger sourit (quel acteur !). Roger déboutonne sa braguette et sort son instrument de travail. L'instrument en question ne fonctionne pas encore, il n'y a pas de bouton ON ni de code PIN, un comble ! Il faut l'activer manuellement pour le mettre en branle...

A la force du poignet, j'engendre le mouvement, en un mécanisme complexe. Mais mon effort produit son effet, c'est du bon boulot, l'engin est en état de marche. Le flux tendu est une solution universelle ... presque une évidence.
Je sens Roger un peu crispé, mais je maîtrise la situation - pas comme avant-hier - le trac m'a- t-il dit, encore faut-il que je le suce.
Roger se laisse faire. Comment pourrait-il en être autrement ? Roger y met du sien quand même, il avance délicatement vers moi, je n'ai pas à tendre le cou comme une oie que l'on gave. J'aime à sucer Roger. Sa queue a le goût de l'automne, l'amer mélange du chêne mouillé et du marron dont on farcit la dinde. C'est un compromis entre Brandon - mon partenaire d'été - et Nick qui fait l'hiver et le printemps, sans doute le plus atypique mais aussi le mieux doté. Sa bite est un cadeau de Noël avant l'heure et j'en profite comme il se doit. Il pourrait faire la pluie et le beau temps s'il le voulait. Le seul reproche que je pourrais lui faire - sacré Roger - est d'avoir les couilles asymétriques, étrangement la gauche bien plus haute que la droite, ce qui génère une fâcheuse tendance à ballotter à contre temps, Mozart n'y pourrait rien et moi je m'en accommode...

Roger n'a pas perdu de temps. Du costume cravate suitcase ne reste qu'un pantalon et le slip à ses pieds. Je n'ai pas perdu mon temps non plus. Cette saveur d'octobre me requinque quelque peu, j'étais par trop distraite sans doute après notre jouissance, ce public m'a épuisé.
Une bonne pipe et tous vos maux s'effacent !

Roger est de bonne grâce ce soir : j'y mets toute mon ardeur pour montrer " aux passants " ce dont je suis capable et il ne rechigne pas. J'ai beau tenir un rythme infernal, à la bouche comme à la main, du plus juteux baiser au moins tendre mordillement, aucun signe de faiblesse, à chaque coup de langue, à chaque envie défiée, rien, rien que du bonheur à sucer l'instrument, un pipeau sans reproche, au pire une goutte de mouille qui s'échappe, au mieux un râle de mon acteur qui suit les instructions, bref Roger assure comme jamais !

Et lui ? Que fait-il ? Dans ma fellation princière, j'ai perdu de vue mon quidam préféré, celui qui était près de l'estrade. Il est toujours là, plus rouge que tout à l'heure je crois, plus mûr sans doute, plus excité encore, sûrement, et pourtant.

Il a la main sur la bouche. Non, il ne baille pas ... il ne s'ennuie pas j'espère ! Non, il ... réfléchi.
C'est cela, il réfléchi. Il pense à ce spectacle que nous lui donnons. Il a certainement vu ce jeu d'acteurs quelques part, il en est persuadé, mais où déjà ?
Un quidam qui réfléchi et c'est le monde qui s'interroge. Je ne veux pas qu'il s'échappe, je ne veux pas qu'ILS m'échappent ! Tout faire pour les rendre captifs ! Bon sang ! Pour une fois que Roger assure, il ne faut pas perdre de temps, il nous faut enchaîner...

C'est là, que l'on s'aperçoit que ce métier demande quelques facilités d'adaptation et d'improvisation mais que la mise ... en scène a son importance tout autant : si gouverner c'est prévoir, prévoir c'est donc ... éviter les ... emmerdements !

Ici, si le public en a plein le cul c'est le monde à l'envers !
Laurie doit rentrer en scène tout de suite, que l'enchaînement soit efficace, que le public reste haleté jusqu'à la fin !

A SUIVRE ...

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