Rose, pas rose

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Proposée le 8/12/2010 par CAVALIER ROUGE

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Jeunes mariés, Rose et moi, avions construit un plain-pied articulé autour d'un séjour-salon carré de 6 mètres de côté, communicant d'un côté sur trois chambres de 3x4, de l'autre sur une cuisine, une salle de bain et un local technique de 2x3,5.Des poutres apparentes donnaient à l'ensemble un aspect rustique, mais nous avions apporté un soin particulier à l'isolation du plafond, des murs et des baies. Quand on pénétrait dans la pièce principale par le sas en saillie à l'extrémité de la façade on découvrait sur le mur de gauche trois portes pareilles aux trois autres percées dans le mur du fond, toutes surmontées d'un arc roman, toutes vitrées dans leur partie supérieure et décorées de rideaux à carreaux rouges et blancs. Une porte identique séparait ce que nous nommions chambre d'amis et chambre d'enfants. Dans le coin droit, Rose avait voulu une cheminée devant le local technique. De ce local, à la fois chaufferie et buanderie on avait accès au garage double attenant. A l'arrière s'étalait une grande terrasse accessible de la cuisine par une porte-fenêtre et du fond du garage. Côté rue trois fenêtres donnaient sur un jardin fleuri. Le reste des sept ares constituait un potager. Les meubles suivraient.
Rose était vendeuse dans un magasin de confection, j'étais employé à l'usine voisine. Elle fréquentait au foyer du quartier des ateliers ouverts le mardi de 18 à 20 heures où l'on pouvait s'exercer à différents activités artisanales : Peinture sur soie, sur toile, inclusion, crochet, étain repoussé, inclusions etc.? Sous la conduite de moniteurs expérimentés. Le jeudi de 18 à 20 heures je jouais au tennis. Travail, loisirs, activités ménagères, jardinage : Nos journées étaient actives. Mariés depuis un peu plus de deux ans nous accordions une place importante à l'amour. Les fantaisies de Rose faisaient mon bonheur, son corps merveilleux m'inspirait et j'étais toujours prêt à répondre à ses besoins amoureux. Nue elle se mettait sur le dos, repliait ses jambes ouvertes, attendait que je la caresse, guidait mes doigts, offrait son pubis, aimait mon jeu de main dans ses bouclettes noires et finissait par soulever son bassin pour présenter une vulve accueillante. J'y introduisais un doigt, débusquais le clitoris, lui accordais une série de coups de langue. Après il fallait passer aux exercices consistants. Nous réinventions le kamasoutra. Que la vie était belle.
Ce mardi soir, j'ai vu passer les compagnes du foyer, sans Rose. Je l'ai attendue à la porte du jardin. Avec retard elle apparaît au bout de la rue à côté de Gilles, son moniteur. Il habite dans une impasse toute proche. A pas lents ils ont emprunté le chemin le plus long. Après une brève accolade, Rose se met à courir.
- Excuse-moi, mon amour. C'était mon tour de ranger le matériel en fin de séance.
Le mardi suivant Rose a fait du rangement à la place d'une absente. Pour lui éviter de passer pour une poire, je décide de me rendre au foyer cette fois à 20 heures. La troupe joyeuse sort en papotant, Rose s'affaire avec Gilles. J'entends des commentaires :
- Rose en pince pour Gilles. Pourquoi veut-elle faire seule un rangement qui ne nous demanderait qu'une minute ?
- Elle va connaître le sort des précédentes. Gilles est un séducteur. Pensez à Odile.
- Oui il baise, puis il plaque.
Les voix s'éloignent. Je suis à l'ombre. Rose sort, Gilles ferme la porte, pose familièrement son bras sur l'épaule de ma femme et ils empruntent leur itinéraire habituel. Par le chemin le plus court, je suis à la porte de mon jardin, j'attends et j'assiste à une accolade bien longue au moment de leur séparation. Les propos des joyeuses commères et ce contact prolongé me troublent.
- Mon pauvre chéri, je t'ai encore fait attendre. J'y ai gagné un avantage. Pour m'aider à rattraper les enseignements manqués à cause de mon inscription tardive, Gilles propose de venir ici me donner trois ou quatre cours particuliers. Pas plus car il devra ensuite s'occuper de Sophie. Ca ne pourra pas te gêner, ce sera le jeudi pendant ton tennis. C'est son seul créneau horaire libre. A noël je pourrai offrir de jolis foulards à toute la famille.
- Ma chérie, cette nouvelle ne me réjouit pas. J'étais devant la salle quand tes collègues sont sorties. En se moquant de ton zèle, elles ont rappelé le sort d'autres filles séduites puis abandonnées par ton moniteur.
- C'est le parfait exemple de la jalousie stupide. Mais que faisais-tu là ?
- Je voulais te ramener à la maison. Gilles s'est si vite emparé de ton épaule pour t'emmener faire le grand tour que je suis rentré seul. Je le trouve trop familier. Vous formiez un couple très uni, marchant côte à côte comme deux amoureux. En bon mari je me suis effacé. Tu feras ce qui te semble bon. Mais c'est pour moi un vrai souci. Tu es majeure.
- Tu ne me fais pas confiance ?
- Ce que j'ai entendu et vu n'inspirerait une confiance aveugle à aucun mari amoureux de sa femme.
- Oh ! Mon gros bébé jaloux. Viens que je te montre comme je t'aime. Tu n'as rien à craindre.

Ce soir j'apporte un soin particulier à faire jouir ma chérie. Le meilleur moyen d'empêcher un coucou de pondre ses ?ufs dans mon lit est de l'occuper et de rassasier l'appétit sexuel de l'ardente épouse. Son enthousiasme est intact, elle adore faire le papillon. Elle danse sur moi, agite son dos, lève et abat son sexe autour du mien, inonde mon bas ventre, se lance à la poursuite de son plaisir, rougit, souffle, s'essouffle, s'emballe, s'immobilise soudain secouée de frissons et soubresauts incontrôlables. Son orgasme bruyant ne peut pas être feint et déclenche le mien, nos regards se fixent, chacun disant la satisfaction tirée de cet instant de bonheur intense. C'est divin. Le mercredi soir n'est pas assez long. Je dois encore lui prouver mon amour en levrette le jeudi matin, avant d'aller travailler.
Je vais au tennis en voiture. En passant devant l'impasse, j'aperçois une ombre. Mon rétroviseur me montre le pas décidé de Gilles; il attendait mon départ. Donc ma mise en garde a été inutile. Rose a maintenu le cours à domicile. Curieux, il joue à cache-cache ? Je renonce au sport, parcours l'ovale de ma rue et discrètement, par mon garage, me glisse derrière le rideau Vichy du local technique.
Gilles et Rose tournés vers la lumière, sont de dos. Rose reporte des points sur un carré de soie. Gilles contrôle, la frôle, lui tient le bras, guide sa main, s'appuie négligemment au creux des reins, change de côté, maintient son contact au bas du dos, par inadvertance tâte une fesse, repart à droite, revient à gauche et ponctue ses conseils d'attouchements variés. Trop occupée, Rose s'applique, ne pense pas à protester. Elle m'avait prévenu, Gilles est familier, a besoin de toucher pour se faire comprendre. Rose doit tout comprendre si j'en crois mes yeux. Les explications pénètrent par tous les muscles du dos soumis aux contacts des doigts caressants. Collé derrière elle, il passe sa tête par-dessus une épaule et parle à l'oreille, la main toujours accrochée à la hanche femelle, il pétrit la bonne pâte, descend sur la rondeur de la fesse, en apprécie la fermeté, glisse au milieu, du pouce dessine l'entre deux, fait l'ascension de la colonne vertébrale en comptant les vertèbres, s'arrête : Il a dû se tromper dans ses calculs, reprend d'en bas, monte en douceur, monte à la taille, atteint l'obstacle du soutien gorge, s'y intéresse trop, est obligé de reprendre son addition depuis le coccyx, il compte les lombaires, frôle les dorsales et s'étale en douceur sur les cervicales, les doigts en éventail, lentement jusque sous les cheveux, provoque au passage des frissons, des sursauts, des déhanchements, des balancements de croupe. C'est une découverte astucieuse, aux effets dévastateurs. Il agit en toute liberté. Pour être familier il l'est !
Ne sent-elle pas le poids et la chaleur de ce corps dans son dos ? Il faut croire que ce tripatouillage lui plaît. Elle pose une question, il s'écarte, applaudit. L'érection déforme son pantalon de toile fine. Je suis seul à le remarquer. Rose redressée, s'étire bras au ciel, poitrine saillante. Ses yeux pétillent du bonheur d'avoir réussi. Les attouchements subis l'ont enflammée, la rougeur des joues en est le signe. Les encouragements du mentor la comblent de joie. Spontanément elle jette ses deux bras autour de son cou et applique un baiser sur chaque joue. Lui ne refuse pas ce signe de gratitude, l'encourage au contraire; ses deux mains jointes dans le dos déjà trituré maintiennent le jeune corps souple sur sa bedaine de quadragénaire, plus longtemps que ne l'exige un témoignage de reconnaissance. Ils se regardent, lui faussement innocent, elle surprise à moitié. Ils se sourient, présentent l'image parfaite d'un couple heureux. Enfin ils se séparent. Il rit, elle paraît troublée par la révélation de la chaleur de ce contact et par la manifestation agressive de la verge contre ses cuisses.
Rose sert un café. Le travail reprend. Le professeur surveille de près, de trop près à mon goût, reprend le jeu subtil de ce que j'appelle tripotage. Est-il nécessaire d'englober un sein pour qu'une notion parvienne au cerveau ? Faut-il en plus le presser entre ses doigts épais ? Est-ce que ça rentre mieux par la croupe ? Il ne ménage pas ses efforts, palpe, tâte, flatte. Rose vit un instant merveilleux, exceptionnel, elle ne veut pas le gâcher par un excès de pudeur. Ce bon professeur s'occupe si bien d'elle. Quel mal y a-t-il à lui laisser le choix de la méthode pédagogique ? D'ailleurs ce n'est pas désagréable, c'est plutôt de nature à aiguiser la faim de savoir, à exciter les perceptions, à libérer l'énergie créatrice. Cette attention particulière de l'enseignant bénévole la ravit au contraire.
Qui ne dit mot consent. L'animal en profite pour pianoter sur la colonne vertébrale, s'égarer du cou à l'épaule, multiplier les contacts avec les zones réceptives. l'anatomie féminine, il connaît, ses investigations lui ont fourni la carte des points sensibles. Le jeune corps réagit à chaque nouvelle touche. Quelques compliments assaisonnent le vertige, les remerciements recommencent, les baisers sur les joues ratent l'objectif, se figent sur les bouches, tournent en baisers amoureux. A dix-neuf heures Rose en flammes se blottit contre l'homme, croise ses mains derrière sa nuque, reçoit la récompense des meilleures élèves et se tord sous l'attaque profonde de ce baiser de feu qui entrouvre ses lèvres et investit sa bouche. Consciente des ravages, elle se retire en essuyant ses lèvres, comme contrariée. Gilles se détourne pour cacher la bosse de son pantalon
Apparemment rien ne s'est passé. Rose reprend l'ouvrage. Le maître retrouve son contrôle du travail et du corps, distribue les conseils, avec des échanges de regards hésitants, interrogateurs. Les mains baladeuses reprennent leur ballet virevoltant, au hasard des positions, élargissent les champs d'application. Les frôlements répétés, les louanges font fondre les limites de la pudeur. Rose ne l'encourage pas, mais tolère avec cette indifférence feinte qui ressemble à une approbation. Il fallait s'y attendre, ils s'enlacent, s'embrassent. Ce baiser c'est la reddition après un siège mené de main de maître, sous mes yeux. l'étranger est accueilli avec la fougue réservée au mari. Il faut battre le fer quand il est chaud. Gilles en a les bras qui tombent : Sur les fesses de Rose ! Ses mains s'y attardent, en mesurent encore l'élasticité ou la fermeté, attirent contre le sien le bassin soumis. A force de passages répétés son index a enfoncé dans la raie des fesses le tissu léger de la robe d'été. Les doigts inquisiteurs lancent des vagues de frissons, attrapent l'ourlet, remontent la robe, découvrent la blancheur de la petite culotte bateau.
La place est conquise. Rose est tétanisée, abandonnée. Un doigt curieux franchit la dernière barrière, s'infiltre sous le coton. L'autre main déballe un sein et le présente aux lèvres avides qui se mettent à téter? Non seulement elle se laisse faire, mais elle paraît apprécier, s'ouvre au mieux pour accueillir l'attaque, ses genoux se désunissent, ses pieds s'écartent. Ils sont maintenant face à face. Sur son bras droit l'homme maintient la taille courbée vers l'arrière, suce le sein gauche découvert et promène sa main gauche animée de mouvements rapides dans la culotte légèrement dégagée. Il frotte allègrement le clitoris. Sous la caresse, Rose écarte encore les cuisses et s'abandonne à l'emprise des doigts sur sa vulve avec de gros soupirs de satisfaction. Gilles est bien décidé à conclure, tout l'y pousse.
Stop, il est temps d'arrêter ce processus irréversible. Je sors, cours à ma voiture et arrive aussitôt dans ma cour. Le klaxon confirme mon retour. Je descends lentement, sonne et attends. Enfin Rose ouvre la porte. A travers la vitre je la vois reboutonner son corsage, lisser le bas de sa robe. Je feins de ne pas remarquer l'émotion qui rougit son visage, les fines perles de transpiration à la racine des cheveux. Gilles cache avec gêne son érection derrière la table, comme absorbé par l'examen du travail inachevé. J'ai la satisfaction d'avoir mis fin à leur excitation. Il va falloir être encore plus vigilant.
Gilles retrouve contenance. Ils ont du mal à se regarder. Leur embarras est palpable, je feins de ne pas le voir. Finalement, après des félicitations pour les dons exceptionnels de l'élève, il se retire sans en avoir fait sa maîtresse. Je prends immédiatement un malin plaisir à éteindre l'incendie de ses sens. Il a échauffé ma femme, je la conduis à l'ultime degré du plaisir. Je la complimente d'avoir mérité les félicitations du maître ! A mon tour de l'embrasser, de louper les joues et de lui faire du bouche à bouche. Elle a à peine eu le temps de se rendre compte du changement de partenaire. Je complète hardiment les préliminaires, revisite les fentes avant et arrière, reprends les frottements facilités par la mouille encore présente. Elle se tordait et s'arquait sur le bras de Gilles, elle se tord sur le mien. Ma bouche à son tour tourmente ses tétons et les ramène à la rigidité. Ma main gauche pince les cordes sensibles et se couvre de cyprine.
Elle ne tarde pas à réclamer la pénétration. Je monte à l'assaut pour calmer sa soif de volupté. J'use de ma bouche comme Gilles n'a pas eu le temps de le faire. Je lèche à fins coups de langue, entretiens l'érection clitoridienne, fouille le vagin de deux doigts, lui arrache des témoignages de satisfaction. Quand mon pénis la pénètre le fourreau, je fourbis, je la fais reluire à grands coups de reins. Elle ferme ses paupières, mord sa lèvre inférieure. Mes doigts agacent l'oeillet qui vient d'échapper à l'affront de la verge emballée. Son bassin se tend vers moi, appelle une pénétration au plus profond, l'écrasement de nos bas-ventres l'un contre l'autre. Elle s'affole, se démène, en veut plus, me crie qu'elle m'aime. Tout rentre dans l'ordre. Après le repas, elle tombera de sommeil.
J'ai compris où est mon intérêt.

Le mardi suivant, à dix-huit heures, je sonne à la porte de Gilles. Il est au foyer avec sa cour féminine. Une somptueuse blonde me reçoit, plus blonde de cheveux que ma Rose n'est noire. En raison de notre implantation récente, je la connais de vue seulement. Qu'elle est belle ! Pourquoi son mari va-t-il rôder, séduire les femmes des autres ? C'est un malade. Elle me tire de mes réflexions, me fait entrer. Comment lui dire ? Il le faut pourtant. En termes embarrassés, j'éveille ses soupçons et je conforte ses certitudes. Elle le sait, son mari est volage, mais découvre qu'il a franchi une étape. Le récit de sa tentative sur une voisine si près de son domicile l'étonne à moitié. J'ai de la peine à voir pleurer d'aussi beaux yeux. L'infidélité de son mari et la faiblesse de mon épouse font de nous deux victimes qui se comprennent. Nous nous consolons verbalement. Désormais, nous serons amis et confidents, associés dans l'effort pour remettre de l'ordre dans nos ménages. Nous complotons. Dès jeudi, avec moi, depuis ma salle technique, elle verra de ses yeux si son mari pousse son avantage et devra intervenir pour empêcher les débordements amoureux de nos conjoints. Pendant deux heures nous avons fait connaissance, nous nous sommes compris et nous avons appris à nous estimer. Si seulement Rose se défendait, se montrait fidèle. Sylvie est mon aînée de quelques années, mais si réfléchie et si digne. Quel contraste avec la tête brûlée de ma femme entichée d'un homme qui a le double de son âge.
Mais ce soir je me tiens ostensiblement devant le foyer, je la cueille à la sortie du cours, pour couper l'herbe sous les pieds de l'amateur de chair fraîche. Dépité il nous accompagne, j'ai mis mon bras sur l'épaule de Rose. Et je me permets des « familiarités » devant le tentateur désappointé. Rose s'étonne de sentir ma main s'emparer d'un sein en pleine rue, en présence du soupirant frustré. Mon bras est descendu à la taille, je la tourne vers moi et l'embrasse avec passion comme au temps des fiançailles, je laisse Gilles prendre de l'avance. Et comme un fou, je prends Rose par la main je l'entraîne dans une course rapide que nous terminons en avant de notre témoin. Sous ses yeux, Rose tombe dans mes bras, éclate de son merveilleux rire que mon baiser amoureux va cueillir sur ses lèvres. La démonstration devrait suffire: Gilles a vu. Cette femme aime son mari. Il devrait abandonner son projet. Nous le saluons brièvement, sans accolade, et nous réfugions dans notre nid.
- Chéri, je t'adore.

Jeudi. Je pars pour le tennis. Mon rétroviseur trahit la hâte de Gilles à rejoindre Rose. Elle a transformé le salon en atelier. Comme convenu, Sylvie et moi nous installons derrière le rideau de la chaufferie. Elle occupe la chaise, je suis debout derrière elle. Son mari et ma femme sont déjà enlacés. Ils ont résolu de faire l'amour sans risquer d'être interrompus par mon retour. Ils commencent donc par le plus pressant. Les activités manuelles serviront plus tard pour le retour au calme. Sylvie les regarde s'embrasser à pleine bouche avec la fougue et la rage d'affamés de longue date. Leur avidité la sidère. J'appuie sur ses épaules, il n'est pas encore temps d'intervenir. Dans ma poche je serre la clé de la porte du sas. Qu'elle ne soit pas fermée à clé ne freine pas la fringale des amants.
Sur un fond de slows, ils se déplacent, étroitement collés, bouches occupées en succions, mains impatientes en exploration. Ils se meuvent, langoureux. Les boutons de chemise ou de blouse sautent, les caresses se précisent, enveloppent les seins, la rondeur de la croupe frémissante. D'abord réservée, Rose se détend, se laisse lutiner puis passe à l'attaque. Ses mains s'empare du sexe et le façonnent, les doigts vont et viennent sur la verge, découvre le gland et l'agitent. Les barrières de la pudeur sont tombées il y a huit jours. C'est une femme mariée, ce n'est plus une pucelle. La retenue n'est plus de mise. Elle s'offre aux caresses, répond aux provocations. Le volcan est entré en éruption. La nouveauté de la situation, la découverte de ce nouveau partenaire lui donne des audaces que je ne lui connaissais pas. Elle veut atteindre l'excellence. Pourtant j'ai donné de ma personne. J'ai labouré et semé jusqu'à l'épuisement pendant toute la semaine. D'autorité j'ai renoncé à toutes les mesures de protection. Finis les préservatifs. Si Rose doit être enceinte, ce sera de moi. Et j'ai joui dans ce ventre, avec la volonté affirmée de devancer l'intrus. J'aurais pu espérer avoir éteint l'incendie. Que non !
Sylvie les observe avec plus de curiosité que d'indignation. Je dois stopper sa main qui prenait la direction de ma braguette. La scène l'émoustille, elle semble avoir oublié que l'acteur qui arrache les vêtements de ma femme est son mari. Tiens, Rose porte des sous-vêtements que je n'avais jamais vus, string étroit à dentelle mauve, soutien-gorge assorti qui sert de présentoir à ses tétons durcis par les doigts et la bouche du goulu qui l'a envoûtée. C'est bien la preuve que l'action a été préméditée.
En tirant sur l'élastique du string, Gilles le fait disparaître dans la raie culière. Ils sont nus, Rose s'empare du pénis tendu vers le nombril, le frotte dans les poils noirs de son pubis et rit de plaisir. Puis elle l'entraîne vers la table, écarte les pinceaux, les tubes et les pots.
Gilles collé à son dos lui mordille la nuque. Rose lui fait face, il pose ses mains sur ses épaules, elle s'agenouille. C'est l'heure de la pipe. Nous ne voyons que le dos de l'amant animé de reculs quand les sensations sont violentes. Rose s'acharne, accrochée des deux mains aux fesses, un doigt creuse le sillon, force l'homme à pousser son bassin vers la bouche avide. Il la relève, passe ses mains sous les fesses et la dépose en bord de table, jambes ouvertes, sexe offert sous la toison noire rétrécie au rasoir : Encore une fantaisie nouvelle. Elle a tout prévu, tout préparé pour donner à l'aîné l'impression de cueillir la jeunesse. Gilles lui rend la politesse, dos courbé, tête plongée entre les cuisses écartées. On distingue parfaitement les progrès de l'émotion sur le visage de l'amante dont la tête oscille de haut en bas, de bas en haut. Selon l'intensité du plaisir les paupières se ferment ou s'écarquillent. Parfois une main repousse le front pour un moment de répit tant la succion est violente. La bouche happe des bouffées d'air bruyantes. Je connais toutes ces réactions mais découvre les expressions significatives de la face rubiconde. C'est beau, c'est incroyable : Mais c'est ma femme qui jouit avec cet autre !
Gilles se redresse, saisit à pleine main son pieu congestionné par l'afflux de sang. Du bout du gland il taquine la vulve rosie, fait connaître la dureté et la solidité de son membre. Il va porter l'estocade. J'arrache Sylvie à la contemplation de ce sexe qui monte et descend, au contact de la fente gonflée de désir. Nous sortons par le garage. A elle de jouer, je m'éloigne. Je l'entends entrer en hurlant dans le sas. La furie déchaînée a mission d'insulter ma femme, de la menacer de dénonciation à son mari, de promettre le divorce au mari adultère s'il récidive. Une colère accumulée depuis des années fait des dégâts quand elle explose. De ma voiture je vois l'époux infidèle partir tête baissée devant sa furie que la présence des voisins ameutés par ses cris ne peut pas calmer. C'est une bonne actrice.

Je regagne mon logis. Tout est net, mais des traces de peinture au sol révèlent qu'il y a eu combat. Compas des jambes ouvert, une éponge à la main, Rose penchée en avant, tente d'effacer cette trace d'un pot malencontreusement tombé pendant l'activité artistique, dit-elle. Je passe une main sous la robe et l'envoie avec précision sur la cible visée par l'autre. Plus de culotte et pour cause. J'en profite pour envoyer un index en éclaireur.
- Oh ! Toi tu ne changeras jamais.
- Toi non plus ! Tu es tellement pressée que tu as déjà enlevé ta culotte. J'en suis ému. De plus tu es trempée. Sens mes doigts. Allez, viens, je vais calmer tes ardeurs. Tu as besoin d'un grand jet de lance à incendie, ton pompier est là. Je sentais que tu en mourais d'envie, j'ai hâté mon retour. Moi aussi j'ai une grosse envie de te faire l'amour.
Elle est restée penchée, mon majeur pénètre dans le conduit huileux. Après la tentative avortée elle n'a eu le temps ni de remettre sa culotte, ni d'essuyer ses sécrétions. La brutalité de l'intervention de Sylvie l'avait bloquée. Je redonne vie à son envie, la redresse, lui prends la main et nous nous précipitons sur notre lit pour profiter immédiatement des bonnes dispositions éveillées par l'habileté du frustré. Il a bien travaillé et je recueille avec joie les fruits de son application. Ah! Si le malheureux en butte aux reproches de sa belle, voyait la jouissance de ma femme. Il a bien travaillé, mais j'ai parfaitement pris la relève. Au village de mon enfance, un mâle servait à détecter les juments en chaleur : Ce boute-en-train précédait l'étalon reproducteur ainsi ménagé. Rose m'aime, me serre sur son sein bouillant, se frotte à moi, m'enlace. Le malheureux séducteur l'a allumée, je lui succède avec bonheur. Rose est heureuse, en ce moment c'est moi qu'elle aime de tout son corps en ébullition. J'évite la bouche polluée.
- Pourquoi ?
- Ton haleine est fétide. Tu as mal digéré le dernier aliment que tu as ingurgité. Va te laver les dents et reviens. Je t'embrasserai.
C'est que je n'aime pas embrasser une bouche qui vient de sucer un autre membre et d'avaler son sperme. J'attribue ma répugnance à des reflux d'estomac improbables par diplomatie. Elle connaît l'origine du mal, je ne l'humilie pas, je lui rafraîchis la mémoire mine de rien.
- Alors tu as avancé ton ouvrage aujourd'hui ?
- Nous n'avons rien fait. Nous étions en train d'entrer dans le vif du sujet quand sa femme est venue lui annoncer qu'un visiteur le réclamait. Nous avons été interrompus au plus mauvais moment. Il s'est excusé et a disparu. J'aurais tellement aimé terminer ce que nous venions de débuter.
Comme je la comprends. La bouche parle de l'abondance du c'ur. Le double sens de sa phrase est révélateur. Je la console, hypocrite :
- Ce n'est que partie remise. Il est désagréable d'être stoppé dans son élan. La prochaine fois fermez la porte pour ne pas être dérangés en pleine action.
En attendant je reprends le chantier. Cette fois le premier orgasme se déclare brutalement dès l'introduction de mon pénis. Il était vraiment temps d'intervenir. Pendant la pose, j'avance :
- Il reviendra jeudi prochain pour parfaire votre ?uvre et combler tes espérances. Sois patiente. J'aimerais que votre projet aboutisse avant que nos voisins ne s'étonnent de l'assiduité du formateur en mon absence.
- Tant pis si les voisins ont l'esprit mal tourné. Quand je décide de faire quelque chose, je vais jusqu'au bout. Je compte sur ton appui.
Aller jusqu'au bout ? Il doit s'agir de la décoration du foulard. Si elle pense coucher avec Gilles, je vais lui donner le coup de main demandé. Son jusqu'auboutisme m'exaspère
- Cette madame Gilles, elle est comment ?
- C'est une belle blonde, à peine avons-nous échangé deux mots. Elle semblait agréable mais pressée.
- Ma chérie, je suis envoyé à Paris mardi soir pour une réunion, tôt, le mercredi matin, afin de maîtriser notre prochain logiciel. Mais jeudi, pour te voir à l'ouvrage avec ton maître, je sauterai mon match de tennis. J'y tiens absolument.
- C'est que je ne sais pas s'il sera encore disponible la semaine prochaine.
- Tant pis. Que ça ne nous empêche pas de nous aimer.
Elle a été préparée savamment et mon retour dans son vagin la console. Cette fois elle veut mener l'accouplement. Je lui laisse cette joie. C'est une envolée fantastique. Sa mauvaise fréquentation lui aura au moins développé l'imagination. Il faut voir comme elle s'applique à faire coulisser mon instrument dans sa gaine. Quand elle se contracte pour recevoir son second orgasme dans un concert d'onomatopées inintelligibles, je me réjouis de réussir à retarder mon éjaculation. Et j'enchaîne dans le sillage de ce bouleversement; au point de m'étonner moi-même. Il ne sera pas dit que j'étais un mari négligent. J'ouvre les vannes, déverse mon sperme. Rose court à la salle de bain pour rincer son vagin crémeux.
Le samedi matin, en plein marché, sous les fenêtres du magasin de confection où travaille Rose, comme convenu, je rencontre Sylvie. J'écoute avec jubilation le récit de son intervention.
Gilles rampe à ses pieds. En cas de divorce, il aurait gros à perdre : Une femme splendide et sa riche dot qui a servi en partie à construire leur pavillon. Il a juré que jamais plus Sylvie ne le surprendrait en pleine fornication et qu'il ne mettrait plus les pieds chez moi. C'est comme s'il avait juré de ne plus se faire prendre parce qu'il s'entourerait de plus de précautions. D'une drôlerie qui nous fait pouffer. Elle me peint aussi Rose, à genoux devant elle, suppliant de ne rien me révéler, promettant de ne plus recommencer, de mettre fin aux cours privés à domicile.
Je lui expose mon plan : Les deux menteurs vont précipiter leurs retrouvailles dès mardi, après l'atelier, afin de profiter de mon prétendu voyage et par crainte de m'avoir sur le dos par la suite.
- Cette fois, Sylvie, nous allons les prendre en flagrant délit. Leur hâte de conclure les perdra. Le feu qui les dévore leur fera oublier leurs serments. Si tu le veux, rejoins-moi mardi vers 19 heures.

- Mon amour je t'ai aperçu au marché. Qui était la blonde qui t'a tenu la jambe ? Qu'aviez-vous à vous raconter de si intéressant ?
Elle redoute une dénonciation. Je la rassure.
- Tu la connais, c'est la femme de Gilles. Elle est jalouse de toi. Son mari ne tarit pas d'éloges à ton propos. Ca l'agace. Elle n'apprécie pas ces fameux cours à domicile, parce qu'elle accuse Gilles d'être un coureur. Je lui ai assuré que tu ne te plaignais pas de gestes déplacés, que son comportement était correct. Elle m'a conseillé d'être vigilant.
- Mon amour, j'ai compris que cela te déplaisait. Si tu le souhaites, je ne le recevrai plus. Mardi je lui en ferai l'annonce. Plus de cours à domicile. Tu es satisfait ?
Résolution facile à prendre. Elle l'a juré à Sylvie. Est-elle sincère ? Je serai fixé bientôt. Je proteste vigoureusement.
- Au contraire, continue. Par ma présence je serai garant de la bonne conduite de Gilles. Il passe son temps à vanter ton intelligence et ta sensibilité artistiques. Il cite tes formes comme modèle de corps féminin. Il admire, paraît-il, la souplesse de ton corps, la grâce de tes gestes, la profondeur de ton regard et par-dessus tout, ta capacité à accueillir avec passion les conseils.
- Où est le mal ?
- Grâce à ces déclarations, je te vois de façon nouvelle. C'est une chance que ton mentor ait remarqué tes talents. Ne te laisse pas décourager. Il t'a prise en main, il te triture comme une pâte, il te façonne, il te fait découvrir tout ce qu'il y a de meilleur en toi, te révèle à toi-même.
J'ai saisi Rose par la taille, je l'attire à moi, je presse ses seins dans mes mains, je m'empare de sa croupe et je la triture, je caresse la chute des reins, je fais jouer mes doigts dans la chair souple des hanches, je la presse contre mon corps. Je l'appuie contre la table. Je répète les gestes de l'amant évincé.
- Oh ! Mon amour, que c'est bon. Je me sens toute chose, tu me donnes envie.
- Tu es comme sa chose, il te conduit à l'épanouissement. Ses mains te transforment en une autre, il te transfigure, te serre, te bouscule, t'ouvre à un monde nouveau, t'élève au dessus du banal, du quotidien, sublime ton esprit. Si tu sais accueillir en toi tout ce qu'il pourra y déverser, tu vivras des moments mémorables, une vie plus pleine, plus riche.
- Tu es poète à tes heures.
Elle est dos couché sur la table, je l'investis, j'arrache sa culotte, et j'entame un va et vient qui n'interrompt pas mon discours :
- J'ai bien compris la situation. Votre relation exceptionnelle porte les germes de l'éclosion d'une grande artiste. C'est comme un acte d'amour. Par son action, Gilles te fécondera. Par la communion de vos âmes, grâce à sa vigueur hors du commun, tu te trouveras enceinte de ton art et tu accoucheras d'une ?uvre magnifique. Il n'est pas question de renoncer à ces cours. Laisse Gilles vider en toi les semences des moissons futures.
Mais c'est moi qui me laisse aller et qui inonde de mon jus le sein de Rose, au risque de la féconder et de la voir enceinte. Mon discours l'a enflammée, la possession physique lui a fait perdre son sens critique. Elle a même oublié de protester parce que je n'avais pas employé de capote. Gilles avait été arrêté par l'irruption de sa femme. Le fait d'évoquer de façon à peine voilée tout ce qu'il pourrait lui faire a favorisé mon intervention, comme si elle confondait le mari et l'amant. Quand ses sens s'apaisent, elle me dévisage avec de grands yeux étonnés, elle réalise la méprise .De deux doigts elle ramasse sur sa vulve le liquide qui reflue. En temps ordinaire elle me rappellerait notre résolution de repousser la naissance de l'enfant. Aujourd'hui, elle m'embrasse, court à la salle de bain, en clamant
- Tu m'as surprise, mais tu es adorable.
Au fond, Gilles l'autre jour n'avait pas de capote, et mon imprudence la met à l'abri de soupçons ! Mais que craindrait-elle puisqu'il n'a pas eu l'opportunité de la pénétrer.
Mon enthousiasme l'encourage à faire ce que Sylvie lui a interdit. Sylvie ne saura pas mardi que Rose va lui dérober son mari. Le dimanche j'ai été récompensé de mes encouragements. Le lundi soir, en pensant à mon absence du lendemain et au profit qu'elle va en tirer, Rose s'est jetée sur moi, elle m'a fait l'amour et je me suis laissé faire. A son tour elle a fait semblant d'oublier nos conventions, m'a fait pénétrer nu dans son ventre et s'est maintenue sur moi quand elle a senti les contractions de mon éjaculation.
Je m'en suis étonné.
- Comme ça tu ne seras pas tenté par une parisienne. D'ailleurs, ce n'est pas fini, je me suis promis de te vider de toutes tes réserves. Elle fait demi-tour, regarde vers mes pieds et sa main me replace dans le gîte béant. Je vois son dos et son petit trou en mouvement surmonté de deux adorables fossettes, je reprends vigueur. Elle se démène; son au revoir ressemble à des adieux. Veut-elle s'absoudre par avance de sa trahison ? Si elle part avec Gilles, elle tient à me laisser le meilleur souvenir. Epuisée par sa cavalcade, elle se met à quatre pattes, plonge sa tête sur ses avant-bras, me présente ses merveilleuses fesses et m'invite à l'achever en levrette. Je m applique à l'entrée de l'orifice et malgré une légitime fatigue j'exauce ses v?ux. Je compte bien, moi aussi, lui laisser un excellent souvenir. Peut-être réussirai-je à lui faire renoncer au projet de me tromper demain.
Je lime, joins mes doigts pour réveiller le clitoris, pousse à fond, change le rythme, travaille en syncope, remets l'ouvrage sur le métier et j'obtiens de l'entendre râler de plaisir et hoqueter de jouissance. Elle s'affaisse et reste longuement immobile, à la recherche de son souffle. Elle pleure de bonheur ou de remords anticipés. J'y ai mis mon c'ur et mes tripes. Gilles devra souffrir pour faire aussi bien.
- Parfois, ma chérie, je me demande si je comble bien tes envies.
Elle rit et me rassure, se dit parfaitement satisfaite.


Pendant que Gilles enseigne, Sylvie et moi avons investi les lieux. Les intentions de Rose sautent aux yeux. Dans la chambre d'amis, la fleur bleue a répandu des pétales de roses sur le drap blanc du lit ouvert. Au salon deux flûtes de champagne attendent les amants. Nous occupons la chambre du milieu, utilisée pour des rangements. Nous hésitons sur la stratégie à adopter. Si seulement elle avait renoncé à sa folie. Hélas tout prouve le contraire. Sur cet autel elle fera le sacrifice de sa fidélité et célèbrera mon cocuage et celui de Sylvie.

- Deux fois, ils ont étés dérangés. L'intention est claire. Si nous intervenons trop tôt, ils finiront à l'hôtel et nous n'en saurons rien.
- Je tiens cette fois à prendre mon mari en flagrant délit. S'il accepte l'invitation de ta femme ce soir, je divorce. J'aurais dû épouser un type comme toi. J'ai de quoi faire des photos.
- Nous serons dans le noir, eux dans la lumière : A travers les vitres nous verrons tout. A quel moment intervenir ?
- Laissons-les consommer leur union. Si tu l'avais laissé faire la première fois, il aurait séduit ta femme, se serait lassé et tourné vers une autre conquête : Tu n'aurais plus de problème. Rose déçue de ne plus être son centre d'intérêt aurait fini par l'oublier. Tout serait rentré dans l'ordre. Sauf Gilles.
- Ou bien, Rose aurait pris goût à la tricherie et aurait multiplié les aventures. Qui sait ? Elle répète qu'elle m'aime, mais semble obsédée par l'envie de me tromper. Elle sera contente quand elle aura réussi. Et si elle réussi elle voudra recommencer.
- Gilles m'a annoncé une réunion de son cercle d'amis pour ce soir. J'ai compris qu'il voulait rentrer très tard et j'ai fait semblant de le croire. Laissons les s'épuiser, aller jusqu'au bout. C'est la meilleure façon de savoir ce qu'ils veulent. Armons-nous de patience, nous saurons à quoi nous en tenir. Tu tiendras le coup ?
- Et toi ?
- Il me tourne en ridicule depuis trop longtemps, jure toujours de changer, recommence sans cesse de nouvelles conquêtes. Je me demande ce que font les autres maris trompés.
- Moi, j'aimerais savoir comment font les femmes qui les trompent mais qui restent avec ces cocus. Ont-elles de la considération ou de l'amour pour ces malheureux ? Je ne comprends pas
- Silence, on approche.
Rose pénètre dans le salon, donne de la lumière. Nous sommes dans le noir, postés derrière la porte vitrée, cachés par le rideau. Gilles lui recommande de bien fermer la porte à clé cette fois.
- Alors, nous avons tout notre temps ? C'est merveilleux. Mais je brûle d'impatience. Enfin, nous allons nous aimer vraiment. Assieds-toi, nous allons boire une flûte de champagne pour célébrer l'événement.
- Rose, ma Rose, je suis aussi impatient que toi. Je suis fou de toi, mon amour.
- C'est sûr, tu es sincère ? Tu me jures de divorcer bientôt et de m'épouser après ? Je devrais peut-être demander le divorce tout de suite.
- Rien ne presse. Mais tu n'aimes plus ton Paul ? Tu sais il ne faudrait pas être prise de regrets.
Elle ne lit pas les réticences de Gilles. L'amour l'aveugle.
- C'est mon mari; je l'aime bien, mais pas comme toi. Toi je t'adore. Je veux me marier avec toi !
- Tu as pensé à la différence d'âge ?
Ce recul devrait l'alerter. Elle saute l'obstacle.
- Dans quelques minutes tu vas me prouver ta virilité. La différence d'âge n'a pas d'importance quand on s'aime. Si tu m'aimes elle n'existe pas. A ta santé, à notre bonheur.
- A ton bonheur, ma chérie.

La main de Sylvie écrase la mienne.
Entre deux gorgées de champagne ils se bécotent. Gilles attrape Rose par la taille et la serre contre lui.
- Si tu divorces, m'épouseras-tu ? Je suis folle de toi. Allez, jure.
Son bassin se colle à l'homme.
- Mais bien sûr, mon amour; je le jure.
Il n'a pas envie de divorcer. Après, Rose peut rêver, ça ne l'engage pas. Dans la mesure où sa femme ne sait rien, il ne risque rien. Il promet donc la lune à la naïve. C'est le meilleur moyen d'obtenir enfin la séance de baise qu'il recherche. Il touche au but. Et il entame debout l'effeuillage. Blouse, jupe atterrissent dans mon fauteuil. Il la fait pivoter pour dégrafer le soutien gorge, envoie ses deux mais sous les bras pour saisir les deux seins et vient déposer des baisers affolants dans la nuque. Elle rit de bonheur se retourne et attaque la ceinture du pantalon, elle s'agenouille, tire l'étoffe vers les pieds, fait suivre le slip et se retrouve en face de la flèche tendue à hauteur de la bouche. Elle porte sa coupe à ses lèvres, se remplit la bouche de champagne pour y baigner la verge raide. Gilles s'est dégagé de sa chemise et pose une main dans les boucles brunes. Il savoure, puis accentue le balancement de la tête de la suceuse. Il se penche pour mesurer les progrès de cette pénétration, pose sa deuxième main, demande à entrer plus et se projette en avant en tirant la tête à lui. Deux secondes les lèvres de Rose collent au pubis, elle tousse, se dégage et perd une masse de salive qui coule sur son sein.
- C'est formidable, s'écrie Gilles.
- Oui mais j'ai failli m'étouffer. Tu en veux encore ? Dis, tu m'aimes ?
- Comme un fou.
Elle recommence ses va et vient sur la tige rigide, approche de plus en plus de la butée, obéit à la pression des deux mains et avale la totalité du membre avant de repousser l'homme et de se remettre à tousser et à cracher. Elle quête un compliment. Gilles n'en est pas avare.
- Tiens, encore une flûte, rince-toi la bouche. A nos amours
Ils trinquent et Gilles s'assied dans mon fauteuil, nu. Gilles montre son profil gauche.
- Viens sur mes genoux, embrasse-moi.
Elle cherche sa bouche, assise sur le genou droit, face à nous, tête prisonnière de la main droite de son héros. Dans son entre-jambes il a glissé sa main droite. Ses doigts éloignent la ficelle du string, puis ouvrent le fruit d'amour, cherchent le clitoris, le frictionnent longuement :
- Ma chérie, je te fais de l'effet, tu mouilles abondamment.
- Oh ! C'est si bon, n'arrête pas.
Sur les fesses elle glisse vers l'avant, s'ouvre davantage, présente ses petites lèvres roses à la fouille curieuse et entame l'hymne à l'amour de heu, hou, non, bon, ha ah, reureu. Gilles doit avoir introduit des doigts, les secoue vigoureusement dans un chuintement humide. Rose ne retient plus ses râles, se soulève, la bouche toujours à portée de celle de son compagnon. Sa main gauche maltraite le sexe de Gilles dont le gland dépasse du poing agité. Il répond aux appels de Rose et geint à son tour. Soudain il la lève, se dresse à côté d'elle, la pousse vers le fauteuil :
-Agenouille-toi, pose un genou sur l'accoudoir. Oui tu es bien écartée. Pose ta tête sur le dossier.
Il fléchit un peu les genoux, tâtonne à l'entrée en recherche verticale, vise avec sa main gauche et plonge soudain, jusqu'au fond, toison contre toison.
- Rhhaann, ha! Je t'aimE.
- Ouïe, moi aussi. Enfin ! Vas-y, mon amour.
Le fauteuil a reculé sur ses patins de feutre, recule encore par petits bonds successifs. Les seins sont plaqués contre le dossier. Gilles se retire, il ne veut pas faire le tour de la pièce en sautillant. Il occupe le fauteuil, assis, tire sur les bras: Rose se pose à califourchon sur la hampe dressée et descend en soufflant, demeure immobile sur le membre qui la remplit. Ils se livrent à un bouche à bouche farouche.
- C'est bon. Dis, tu me fais un bébé ?
- Attends que nous soyons mariés. Tu ne voudrais pas être enceinte de moi et continuer à vivre avec Paul.
- Pourquoi ? Comment saurait-il qu'il n'est pas le père ?
- Faites-vous encore l'amour ensemble ? Quand l'avez-vous fait pour la dernière fois ?
- Hier.
- Donc, comment serais-je sûr d'être le père de ton enfant ? Tu vois il faut savoir patienter. Ce soir nous faisons l'amour pour la première fois. C'est fantastique. Tu es ma plus extraordinaire maîtresse. Le reste suivra. Allez, embrasse-moi et bouge : Monte, descends.
Attends, tourne toi, fais demi-tour.
- Comme ça ? Tu veux que je décrive des cercles, en avant, à droite, en arrière, à gauche, en avant, plus vite, en montant, en arrière?
Son déhanché est remarquable comme d'habitude.
- Bravo, Rose, tu es douée. C'est avec Paul que tu apprends ces choses ? Il serait dommage de te priver de faire l'amour avec ton mari. Garde le précieusement le plus longtemps possible.
- Tu ne veux plus m'épouser ?
- Mais si, mais il faut d'abord suivre le cours des choses. S'il me faut un an ou deux pour divorcer, tu ne pourras pas vivre comme une nonne. Avec lui tu ne dois pas t'ennuyer, ne brusque pas votre séparation
- On pourra se voir, régulièrement. Il suffira de choisir nos heures en fonction des horaires de travail de Paul. Tu sais, j'y ai réfléchi. Je ne pourrai plus vivre sans te faire l'amour. Tu ne seras pas jaloux de mon mari ?
- Non, puisque je saurai que tu m'aimes. Tu continueras à coucher avec lui par nécessité, pour remplir le devoir conjugal et avec moi par amour: c'est très différent. Il possédera ton corps, je posséderai ton corps, ton c'ur et ton esprit: ce serait à lui d'être jaloux.
- Oh ! Oh ! C'est beau et c'est si bon de te sentir en moi. Et tu continueras à baiser ta Sylvie ?
- Pourquoi, tu serais jalouse ? Et si je couchais avec une autre tu serais jalouse ? Tu sais, je t'aime, mon esprit, mon c'ur et mon corps sont à toi. Donc tu as l'essentiel, le reste est accidentel et sans intérêt. Tu es une fille intelligente, trop intelligente pour être jalouse.
Il s'accorde l'absolution pour tous les manquements à venir. Elle pourra user de son mari, lui de sa femme et d'autres. L'érosion de ses sens, la montée du plaisir lui font perdre le sens critique; elle gobe toutes les affirmations de Gilles, est incapable de déchiffrer les sous-entendus.
- Mon amour, si on allait s'allonger. Je nous ai préparé un lit douillet pour cette nuit. Suis-moi. Tu veux une flûte pour reprendre des forces ?

- Oh ! Tu as préparé une couche digne de notre amour.
Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute. J'ouvre ma porte, jette un oeil; ils sont bien dans la chambre.
- Dis, si tu m'épouses, tu veux me faire un enfant ?
Elle y revient. N'a-t-elle pas entendu sa première réponse. C'est une idée fixe. L'échauffement de son vagin et les vapeurs d'alcool lui font-ils oublier. Gilles ne manifeste pas d'enthousiasme, reste prudent, il ne va pas rater son coup maintenant. Il ne se contentera pas de si peu. Sa réputation en souffrirait.
- Tu es sure de vouloir un enfant de moi ? Tu ne crois pas que nous pourrions attendre.
- Si tu m'aimes pourquoi attendre ? Ce que j'ai refusé à mon mari, je te l'offre : C'est la preuve de mon amour pour toi !
- Dans ce cas, si tu insistes, je vais te faire plaisir. Mais tu sais, je me répète, le divorce ça dure toujours un certain temps. On peut faire l'amour, mais attendre pour faire un enfant. Que dirait ton mari si tu étais enceinte ?
- Il sera fier d'être papa. Ca fait deux ans qu'il s'impatiente. Comment saurait-il que l'enfant est de toi ?

J'enrage, je bous de colère. Elle se moque ouvertement de moi. Tête penchée je les vois. Il est accroupi sur le côté du lit, une cuisse sur chaque épaule et deux jambes dans le dos. Il lape, suce, prépare le terrain. Il fait habilement durer, la maintient en état de grâce à moindre coût. Elle commence à donner de petits coups de reins, ses mains se crispent sur le drap et sa gorge racle des plaintes, Gilles use les dernières résistances. Est-ce bien nécessaire? Il se dégage et, tous deux allongés dans l'axe du lit, il porte aux lèvres de Rose le parfum cueilli sur son sexe. Le baiser se prolonge, la main droite quitte le sein et descend vers le sexe. Les doigts crochètent les grandes lèvres, accèdent aux petites et s'agitent sur le seuil. Rose se cabre, relève les cuisses, genoux en l'air, pieds écartés, ouverte, en attente du grand frisson.
- Je t'en supplie, viens, prends-moi encore. J'ai envie.
Les amuse-gueule ne suffisent plus. Tout ce qui a précédé était hors d'?uvre. Elle réclame la possession, elle se donne. Gilles doit montrer son amour sans retenue. Il s'allonge sur elle, s'approche. Une main de Rose le guide, l'autre dégage l'entrée, sa vulve aspire la tête du pénis, il est englouti. Cette fois, c'est pour de bon. L'étau des cuisses et des jambes se referme sur ses reins, un bras maintient solidement le baiser bouche à bouche, l'autre plaque l'homme sur les seins étalés. Rose a pris l'initiative. C'est ici et maintenant. Elle soulève son dos, en appui sur les épaules, accrochée à celui de Gilles.
- Prends, prends, je t'aime.
Il attendait, faisait monter le désir, lui a donné l'avant-goût de la pénétration, il faut la combler, la transporter. Il dégage son tronc, se dresse sur ses deux bras ramenés de chaque côté des seins, soulève ses fesses prisonnières et s'abat dans le vagin, se relève et se rabat. Il sort sa verge et replonge, prend de la vitesse, va, vient. Rose ponctue chaque coup d'un gémissement, ses pieds se dénouent, glissent le long des flancs, prennent appui sur le matelas pour projeter son ventre enclume vers le marteau furieux qui la pilonne. Gilles, les joues en feu, transpire; de son front ruisselle une sueur abondante qui l'aveugle. Il tape, il enfonce, il envahit. Il cogne, cogne encore. Elle crie son orgasme, il se plante au fond, se laisse aller sur le corps soumis et se raidit quand le sperme s'élance et jaillit en lave brûlante dans la femme. Instinctivement elle a refermé le cercle de ses jambes sur les fesses immobiles pour garder en elle la semonce féconde appelée de ses v?ux.
Elle le libère, il se retire, s'allonge sur le dos. Flanc contre flanc ils récupèrent leur souffle.
- Tu es imprudente, ma chérie. Je n'ai pas pu faire autrement. Tu ne prends pas de précaution ?
- Non, tu m'as donné le meilleur. Tu as été formidable. Je veux garder le souvenir de ce bonheur. On recommence ?
- Je n'ai plus 20 ans. Accorde-moi une pause. C'est ça la différence d'âge.
Il a gagné, il veut bien profiter de sa victoire, apaiser complètement ses sens; mais il prépare de loin sa retraite. Le plaisir est dans l'effort de la conquête. Gilles a une âme de conquérant, pas une vocation d'administrateur. Rose, toute à son plaisir, ne veut pas y croire :
- Ton âge, tu rigoles. Quelle force et quelle vitalité tu déploies. Tu es aussi vigoureux que Paul !
- Oui, mais dans vingt ans, tu parleras autrement.
- Je t'aime et je t'aimerai dans vingt ans. Tu vas mieux ? Je vais te réveiller.
Elle se penche sur la verge flasque, rabattue sur le scrotum, prend en main l'outil flapi, l'assaille de rapides lèchements du bout de sa langue, enlève les traces de sperme tiède, nettoie l'objet de la pointe du gland à la base velue. Gilles repose, bras écartés, se délecte de cette lèche appliquée et revigorante. L'oiseau grossit dans la bouche chaude, se développe, grandit, durcit. Rose est absorbée par ses efforts de réanimation. Elle suce, mâche, aspire joues creusées, mordille, secoue, avale, enfonce le plus loin possible avec un zèle de fraîchement convertie. Enfin elle pousse un cri de satisfaction et d'une poussée se propulse au-dessus du membre, lui ouvre sa chatte en délire, se retrouve à cheval sur le pivot de la joie et entame la danse du scalp. Elle se penche pour embrasser, se redresse pour ajuster les sexes, fait tournoyer ses hanches, jette ses bras en arrière pour accentuer le frottement du clitoris enflammé sur la pine revivifiée. Elle est jeune, vigoureuse, décidée et finit à force de contorsions lubriques à arracher une nouvelle éjaculation au bienheureux futur époux. Epuisée, elle garde en elle le fruit de son travail, pèse de tout son poids sur l'engin qui rétrécit entre les parois inondées de son vagin. Gilles s'amuse à entretenir la dureté des pointes rosies de ses seins. Flop! Elle laisse échapper la verge rabougrie, embrasse l'amant et se blottit dans son bras.
Sylvie et moi, tête contre tête, épions leurs mouvements, tendons l'oreille pour ne rien perdre des échanges. S'arrêteront-ils ? Rose patiente.
- J'ai ressenti un frisson inconnu. Je suis sure d'être enceinte de toi, mon chéri.
Gilles ne répond plus. Si ça amuse Rose et si ça l'aide à atteindre l'orgasme, il n'y a pas de raison de la contrarier. Il doit déjà rêver de Sophie. De la main Rose effleure la verge assoupie, fait la moue. Le parfum de Sylvie, ses mèches blondes contre ma joue, la proximité de nos corps me donne une érection propre à contenter mon épouse infidèle. Je suppose que Sylvie est en état de me satisfaire et en a peut-être envie. Mais nous ne sommes pas voyeurs pour le plaisir.

- Tu prépares ton appareil, je déroule ma bande adhésive large. Ton mari s'est endormi, c'est le moment idéal pour entrer en scène.
Rose aussi a fermé les yeux dans l'attente de la prochaine union. Je fixe mon ruban sur une cheville. Gilles croit à une chatouille sourit aux anges, ouvre les yeux, est frappé de stupéfaction en me reconnaissant, veut bondir hors du lit mais ses deux pieds sont liés. Le flash de la photo attire son regard vers Sylvie, il renonce à bouger, la partie est perdue. Il comprend vite, il est trop tard pour fuir. Seule une attitude soumise peut lui gagner un pardon. Pardon. Peu probable à voir Sylvie photographier les amants nus sous tous les angles. Je lie les poignets sans difficulté. Rose réveillée par l'agitation est aussi amorphe, se laisse docilement entraver poignets et jambes. Je consolide tranquillement les liens, leur fais des bras et des jambes de momies.
- Alors mon mari, tu t'es trompé d'adresse ? Ton cercle est réduit. Tu avais juré de ne plus fréquenter cette petite gourde. Tu as la mémoire qui flanche. Cette fois, tu as obtenu le divorce, tu l'obtiendras sans le demander : Tu pourras l'épouser, la mère de ton enfant !
- Non, c'est cette idiote qui m'a piégé. Je te demande pardon.
- Sois un homme, reconnais que tu lui as promis le mariage pour la séduire. Ce n'est pas ton premier coup, mais aujourd'hui tu ne peux pas nier.
- J'avoue, j'ai saisi l'occasion offerte. Mais c'est la dernière fois. Rose n'a aucun intérêt pour moi.
- Tu m'as pourtant juré que tu m'aimais. Et je t'ai cru. Tu es un salaud.
- On n'attire pas les mouches avec du vinaigre, ma belle. D'ailleurs tu en avais tellement envie. Dès ton apparition au foyer, tu as fait l'objet d'un pari entre moniteurs. Karim, André, Maurice et moi avons parié de te baiser. Tu vois, Sylvie, il n'y a rien de grave. J'ai gagné le pari, mais ce n'est pas une raison de te perdre. C'est un jeu, juste une passade. Ton mari est toujours le meilleur.
- A l'avenir tu pourras faire tous les paris dégoûtants, pour moi tu n'existes plus. Tu devrais avoir honte de jouer avec les sentiments d'une toute jeune femme.

Et toi Rose ?
- Il m'a séduite avec ses promesses. J'ai été stupide de l'écouter. Je ne veux pas te quitter, je t'aime.
- Mais c'est à ce vieux débauché que tu as demandé de te faire un enfant ! Je t'avais mise en garde. Toutes les femmes au foyer savaient où Gilles te menait. Tu n'as rien voulu entendre, tu as voulu mener ton expérience jusqu'au bout. Tu y es : Nue, couchée à côté de ton amant nu, rejetée par lui, victime du pari d'une équipe d'obsédés sur ton improbable vertu.
- Mon amour, j'ai compris la leçon. Pardon.

- Paul, sortons. Laissons-les se souhaiter une bonne nuit. Je vais faire un café, montre-moi comment dans ta cuisine.

Dans la chambre la discussion est animée. Les mots d'amours deviennent des injures. Le plaisir est passé, c'est l'heure de l'amertume, des explications peu glorieuses, des reproches. Gilles furieux s'abaisse à se moquer des prétentions de ma femme, l'humilie. Elle n'a que des larmes pour se défendre, mais le c'ur sec du séducteur est imperméable à la pitié. Seul le préoccupe l'idée du divorce. J'aurais envie de le massacrer.

- Que comptes-tu faire, Paul ? Peux-tu aimer cette femme, après ce que tu as vu et entendu.
- C'est ma femme, j'ai pris l'engagement de l'aimer et de la protéger. Si je l'avais mieux aimée? Si j'avais mieux man'uvré, je ne sais pas. J'ai eu peur de la brusquer et mes hésitations ont favorisé sa conduite. J'ai mal au c'ur, je suis blessé dans mon amour propre, je ne comprends plus rien.
- Elle dit des choses impardonnables, elle t'a manqué de respect. Tu l'as perdue, tu ne pourras plus jamais lui faire confiance. Divorce,
- Vouloir faire un bébé avec Gilles et se moquer de mon bonheur de faux père; quelle cruauté. Mais il faut voir le contexte. Ton mari est un gros nul.

Les amants ont épuisé leurs récriminations. Ils ont atteint le point de non retour.

- Toi, mon cher Gilles, ne t'avise plus de mettre les pieds à la maison. Je confisque tes clés. Je vais rapprocher ma voiture et je vais te rendre à tes parents. Veux-tu emmener Rose avec toi ?
- Ca va, j'ai compris. Pourquoi irais-je m'embarrasser d'une femme infidèle, d'une folle qui voulait un enfant de moi ? C'est une instable à la portée du premier venu, une nymphomane, une...
- Regarde-toi. Tu es pire. Tais-toi, tu n'a aucun sens de l'honneur. Tu auras des nouvelles de mon avocat.

Sylvie s'en va. Je retire les liens de Rose
- Tu es libre, fais ce que tu souhaites. Lave-toi, habille-toi, dors ou pars
- Tu ne m'aimes plus ?

- Paul, veux-tu m'aider à le porter dans la voiture ?
- Oui, mais dans cette tenue ?
- Avec ces bandes il est plus habillé que lorsque nous l'avons découvert. Ses parents comprendront mieux pourquoi je n'en veux plus. Ils ne voulaient pas me croire. Que fais-tu d'elle ?
- J'y réfléchirai plus tard.
- S'il te plaît accompagne-moi. Il ne nous faudra pas une demi-heure.

- Gilles tu connais la maison de tes parents. En haut de cet escalier il y a une sonnette. Tu leur raconteras une de tes histoires. Débrouille-toi, rampe et sonne. N'attends pas le passage des noctambules. Adieu.

- Tu réussis à le laisser comme ça.
- Je n'en peux plus de pardonner et d'être la risée de la ville. Les maris trompés me trouvent complaisante, ses maîtresses se paient ma tête, au lycée mes collègues se taisent quand j'approche et certains de mes élèves ont des sourires entendus, deviennent insolents. Il y a des limites.

Nous sommes seuls ce matin au petit déjeuner, muets. Avant de nous séparer pour aller au travail, je lui annonce que j'écouterai ce qu'elle aura à me dire ce soir.
- Vos tentatives pour faire l'amour n'ont pas été interrompues par hasard. Je suis intervenu à la première, je vous ai envoyé Sylvie à la seconde et tu as constaté que nous attendions la troisième. Tu as compris que Gilles ne voulait pas de toi et il t'a désigné les amateurs de chair fraîche dont tu pourras disposer.
- Je te demande pardon, je ne recommencerai plus. Je t'aime. J'ai fait une erreur. Pardon.
- Je t'avais mise en garde. Tu m'as dit que je n'avais rien à craindre: vois le résultat. Je n'aurai plus jamais confiance en toi. Tu as tué notre amour. A ce soir.

J'ai pris congé cet après-midi. J'étais effondré dans mon fauteuil; la sonnette m'a ramené à la réalité. Sans intention d'ouvrir, j'ai discrètement observé la visite : Deux des amis de Gilles venaient déjà tenter leur chance. Ils sont repartis déçus. Vers dix-sept heures, Rose est revenue. Immédiatement derrière elle s'est présenté le troisième larron : Maurice. Il a été surpris de me voir, je l'ai prié d'entrer.
- Mon cher ami, je suppose que souhaitez vous entretenir avec ma femme.
Rose sortait de notre chambre, l'air étonné. Elle ne m'avait pas encore adressé la parole. Son silence m'irritait. Je le ressentais comme un défi.
- Tu as de la visite. Dis à ce monsieur que tu es désormais libre de coucher avec qui tu veux, mais pas dans cette maison. S'il veut de toi, qu'il t'emporte avec lui. J'ai quant à moi décidé de divorcer.
C'était brutal, peu civil. Je n'avais plus à prendre de gants.
Evidemment la pièce demandait une séquence de pleurs et de protestations d'amour éternel. J'avais le c'ur meurtri, brisé. Je restais sur mes positions.
- Tu as persévéré dans ton erreur. Je ne peux pas te pardonner d'avoir demandé à Gilles de te faire l'enfant que tu m'as refusé. Tu ne pouvais pas me faire plus grande injure.
Maurice se taisait Rose regardait ses escarpins, le visage fermé.
- Vous devriez faire un tour ensemble.
Maurice lui prit la main et ils sortirent.

Ils revinrent longtemps après. Maurice, fou de joie, m'apprit leur décision de se mettre ensemble; il en rêvait depuis longtemps ! Je n'avais pas de souci à me faire, il prendrait soin de ma femme. Je dus me pincer pour avoir la certitude que c'était réel !
Rose, muette, attendait ma réaction. Espérait-elle un pardon, un revirement ? Non, j'avais dépassé le stade de la jalousie ? Gilles, Maurice, Hakim ou le diable, c'était sans intérêt pour moi. J'étais trop désespéré pour la retenir. Avec quelques effets elle suivit ce soupirant comblé. Elle déménagerait dimanche. Je leur souhaitais bonne chance. Triste au revoir. Maintenant je peux pleurer, mais je ne sais toujours pas pourquoi Rose m'a trahi.