Albert pot de colle

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Proposée le 4/12/2010 par CAVALIER ROUGE

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Puisque nous devions nous marier, nous pouvions enfin nous accorder du bon temps. Après un déshabillage hâtif, nos yeux ont découvert ce que nos mains avaient déjà exploré. Un peu tremblant à cause de la nouveauté de la situation, nous nous sommes longuement regardés, puis caressés, la peau parcourue de frissons, nous nous sommes couverts de baisers de la tête aux pieds avec des pauses prolongées aux places qui réagissaient davantage. Nos mains caressaient les toisons. Nos bouches étaient en pèlerinage, léchaient, suçotaient, mordillaient, laissaient des signes de passages rougis, des suçons qui marquaient la peau blanche. Nos doigts visitaient les recoins, le plaisir des yeux renforçait l'émotion du toucher. Nous nous sommes allongés sur le lit étroit, gourmands de sensations neuves, chacun diffusait sa chaleur vers la peau de l'autre
Marie m'a appelé sur elle, j'ai pris place entre ses cuisses relevées en M et j'ai tenté une pénétration en douceur. Des deux mains elle écartait ses grandes lèvres, je guidais ma verge raide vers l'entrée, poussais mais me heurtais à l'hymen élastique. Nos sens étaient trop excités pour renoncer à franchir le pas. La pénétration s'effectua avec des tâtonnements de novices, quelques gros soupirs, des petits cris. En signe d'encouragement Marie tendait sa vulve, levait ses fesses en poussant sur ses talons, les épaules calées sur son coussin. Le passage était très étroit, je dus avec patience déchirer l'obstacle par pressions répétées de mon membre lubrifié. Et la défense sauta, sous nos efforts conjugués je finis par m'introduire dans la place. Marie à plusieurs reprises se plaignit de douleurs, poussa des gémissements, versa des larmes mais exigea de continuer l'action décidée et je sortis de son ventre couvert de sang, sa vulve en était maculée. Elle s'était donnée, je l'avais prise, nous étions unis, submergés par l'émotion, débordants d'amour et de reconnaissance, immobiles, figés dans notre fragile bonheur. Elle m'avait emprisonné dans sa chaleur moite, j'aurais voulu passer ma vie dans cette prison soumise.
... Cela se passait dans sa chambre un dimanche après-midi. Nous avions profité d'une sortie de la famille pour donner tout leur sens à nos fiançailles, ou pour libérer nos sens impatients. Il fallut procéder à de rapides ablutions. Nous avions ouvert le chemin, la tentation était trop forte, nous ne pouvions plus nous arrêter. Le simple frôlement de ses doigts sur mon sexe lui faisait faire des bonds vers mon nombril. Mes mains mettaient le feu à sa vulve, deux doigts dans le vagin arrachaient des plaintes de bonheur. Dans la position du missionnaire j'emmenais Marie vers son premier orgasme : Sa figure était devenue toute rouge et la rougeur s'étendait au cou, descendait jusqu'à la limite supérieure des seins, ses tétons de pierre chatouillaient mon torse. Elle se mit soudain à soulever en saccades rapides son bas-ventre, comme pour me désarçonner, les deux mains agrippées à mes hanches:
- Prends-moi mon amour. Je t'appartiens, viens. Baise-moi.
Elle haletait bruyamment, et tout à coup cria:
- Encore, encore je viens, oh, ah.
A la limite de l'effort, je bondis en arrière et mon sperme gicla en jets multiples dans la toison brune, sur les cuisses rougies et jusqu'au nombril toujours soulevé par la houle du plaisir.

Il y eut le mariage, la naissance de notre premier enfant. J'assurais les revenus. Marie entretenait l'appartement que nous occupions à l'étage chez ses parents et élevait notre garçon qui faisait ses premiers pas.
A mon retour du travail, ce soir d'été, je retrouvais, dans la cour, à l'arrière de la maison, beaux-parents, femme et fils, tous en train de saluer un individu sur le départ. Mon beau-père s'étonna d'apprendre que je ne connaissais pas son collègue de travail, Albert. Sans m'attarder je montais dans mon appartement. Il y régnait un parfum de gauloise étrange chez des non fumeurs. Mais d'où sortaient ces deux mégots dans le cendrier ? Sur l'évier deux verres à eau-de-vie avaient été oubliés. Je trouvai la source dans le buffet de cuisine; l'étiquette manuscrite d'une carafe annonçait KIRSCH, c'était une production de bouilleur de cru que je voyais pour la première fois. Il se passait chez moi des choses bizarres: je me souvins alors de ce flacon de chanel 5 rencontré dans la salle de bain, un cadeau venu de nulle part, comme ces bas résilles vus sur Marie un jour de fête, ou cette écharpe de soie ornée de multiples petits c'urs rouges brodée d'un « I love You ». Sur le moment je n'avais pas prêté attention à ces détails. J'appréciais même qu'elle me déclarât aussi gentiment son amour. Habituellement mon épouse me racontait ses achats ou me montrait les cadeaux qu'on lui offrait. Il n'y avait ni règle ni obligation, cependant je relevais des exceptions. Ma veste déposée sur le couvre-lit parfaitement tiré, je rejoignis la famille et m'amusai avec mon fils.
Marie monta pour préparer le repas du soir. A mon arrivée, la fenêtre de la cuisine était ouverte, les verres avaient disparu, le cendrier était propre. Daniel fut notre sujet de conversation comme souvent. A l'heure du coucher elle prit un doliprane pour chasser un malencontreux mal de tête attribué à une trop longue exposition au soleil. D'un rapide bisou sur la joue elle me souhaita bonne nuit, se coucha et me tourna le dos. Privé de câlins ce jeudi, je me dis que la fin de semaine avait de l'avance cette fois. Ce phénomène se produisait plutôt le vendredi, sans explication depuis' Depuis quand au fait ? Je ruminai longuement avant de m'endormir. Comment Albert avait-il l'audace de revenir ? Il avait été un prétendant de Marie. Ils s'étaient brouillés selon ma femme. De l'eau avait coulé sous les ponts. C'est moi que Marie avait choisi. Marie le recevait-elle, buvait-elle avec lui, était-ce lui le fumeur, était-il le père noël qui offrait des cadeaux ? Quel avantage en nature en retirait-il ? Depuis quand encore ? Pourquoi Marie ne m'avait-elle jamais mentionné ses visites ? Avaient-ils à cacher des fautes inavouables ? Nuit courte, réveil difficile: Marie trouva que j'étais mal luné.

Ce vendredi soir, j'arrête ma 2 cv devant la maison quand le grand gaillard aperçu hier quitte le jardin sourire aux lèvres et s'engouffre dans une coccinelle grise. Il a l'air content de lui. A l'arrière ma belle mère range sur un plateau trois tasses à café, des petits gâteaux. Marie, comme hier, oublie le baiser rituel des retours. Elle est contrariée, cela saute aux yeux. Mon beau-père est absent. J'embrasse Daniel, monte ma veste. Pas de mégots, pas de petits verres, pas d'odeur de fumée, mais dans le vase, au milieu de la table, ma gerbe de fleurs multicolores, achetée mercredi, a été remplacée par un somptueux bouquet de roses rouges. Au milieu, en profondeur, un bristol porte au recto la déclaration: « I LOVE YOU », au verso le prénom, le nom et l'adresse d'Albert au foyer des célibataires. Marie n'a pas pensé à le retirer.
Daniel tient de mieux en mieux sur ses jambes, ses pas sont moins chancelants. Gaby, ma belle-mère me propose un café. Entre deux gorgées je lui demande si c'est bien Albert qui a passé l'après-midi en sa compagnie ? Ma question me vaut une réponse circonstanciée aux questions que je me posais. Ce garçon est une excellente compagnie, il vient régulièrement en visite depuis presque toujours. Marie essaie d'attirer l'attention de sa mère, pour détourner la conversation. Gaby est en veine de confidences, elle est ravie que son gendre prête attention à ses paroles, pour une fois.
- Tu sais, c'est un ami précieux. Marie souhaite emmener votre fils chez son grand-père au village. Comme tu prendras tes congés payés dans deux mois seulement, Albert offre de les y conduire gratuitement dans sa coccinelle. Lui-même prend deux semaines de congé, il part dimanche après-midi et reviendra dans quinze jours. Marie hésite à accepter. Pense qu'un séjour à la campagne aura le meilleur effet sur leur santé. Et en compagnie d'Albert elle ne s'ennuiera pas. C'est un bon vivant, ami fidèle. Il prendra grand soin de ta femme et de ton fils. Tu peux avoir confiance en lui.
Marie guette ma réaction.
- Comment peux-tu hésiter ? Ta mère a raison, cela te fera le plus grand bien et ton grand-père sera satisfait. On n'a pas le droit de refuser une pareille chance puisqu'on peut compter sur Albert pour t'amuser, te distraire et te faire passer du bon temps.
J'ai forcé le trait, pourtant Gaby approuve. En saurait-elle quelque chose ? A quarante deux ans on n'a pas épuisé tous les plaisirs de la vie.
- De plus Albert a procuré à Marie un emploi de femme de service au foyer. Ce revenu supplémentaire sera bienvenu quand vous construirez. Quand elle sera au travail je garderai Daniel. N'est-ce pas formidable ?
J'apprends que ma femme est en recherche d'emploi et que déjà elle va mettre en valeur son CAP de vendeuse en faisant les chambres des célibataires sous l'affectueuse protection de ce très cher Albert. Affectueuse ou jalouse ? J'aurai l'occasion de le remercier dimanche puisque nous sommes tous invités chez Gaby pour le repas de midi.
Marie ennuyée par ces révélations est muette, baisse les yeux, et s'évade vers Daniel. La coupe est pleine. Je monte. Un instant je pense que je devrais m'absenter jusqu'à lundi pour laisser évoluer la situation. Une fugue me mettrait en tort. Je laisse à ma femme l'initiative d'une rupture. Mieux vaut attendre sur place. Marie m'a caché trop de choses, mais la présence d'Albert et les révélations de sa mère la mettent au pied du mur : Elle ne peut plus se dérober, elle doit être capable de faire ses choix et de prendre des décisions. Je vais attendre en silence. Assis dans mon fauteuil, je fais semblant de parcourir mon journal.
Marie arrive. Va-t-elle avoir la franchise de m'annoncer qu'elle me quitte ?
- Ma mère est folle, tu as vu le magnifique bouquet de roses qu'elle m'a monté.
- Elle aurait pu éviter de jeter mon bouquet à la poubelle. Mais pourquoi a-t-elle cru bon de laisser une carte de visite au milieu des roses: craignait-elle que tu ne saches pas que c'était elle qui te les envoyait ? Vois le bristol.
- Ah ! Un bristol ? Voyons. Tu l'as lu ?
- Oui. Tu m'as appris le langage des fleurs. J'ai cru que tu m'offrais ce bouquet pour renouveler ta déclaration d'amour passionné. A la lecture de cette carte, j'ai compris que j'avais commis une indiscrétion et une énorme erreur. Pardon.
Marie lit, son visage pâlit, devient livide. Elle empoche l'encombrant petit carton, réussit à murmurer d'une voix méconnaissable :
- Ce n'est pas ce que tu crois. Je vais t'expliquer.
- Je te laisse coucher Daniel. J'ai besoin de marcher pour prendre l'air. Inutile de me préparer un repas du soir. Quand je reviendrai, j'écouterai des explications qui me semblent indispensables en effet. Mais évite de me mentir comme tu viens d'essayer de le faire à propos de ce bouquet. Des explications ne me suffiront pas, tu vas devoir prendre quelques décisions importantes, j'attendrai l'énoncé de tes résolutions.

- Mon amour, avant tout je renouvelle ma déclaration d'amour, je t'aime, je n'aime que toi, je te supplie de me croire. Les apparences sont contre moi, je veux que tu saches ceci : Je ne me suis jamais donnée à Albert. Donne-moi le courage de continuer, embrasse-moi.
Elle est debout, ouvre son peignoir et m'apparaît nue, Eve tentatrice. Au bénéfice du doute, je la serre dans mes bras. Notre baiser est pour moi un acte de foi, pour elle le don absolu, ou le pire des pièges. Nous pourrions aller au lit. Mais ce soir, Marie a décidé de se libérer.
- Vois ce grand sac poubelle, j'y ai jeté les roses rouges. J'y ajoute ce foulard, ces bas résille, ce flacon de parfum, ce collier, ce bracelet, cette broche, cette flasque de kirsch et ces deux verres, ce cendrier, ces dessous couleur chair, ce livre et ces 20 cd de variétés choisis parmi les chansons d'amour, dans le genre: « Je t?attendrai »  ou « Pense à moi »  ou « Ne m'oublie pas », « Tu m'appartiens ». Ce sont des cadeaux offerts par Albert en diverses occasions. J'ai eu tort de les accepter, parce qu'il a fini par envahir mon univers, par marquer notre appartement comme un matou et surtout parce que sans le vouloir je lui ai laissé croire qu'il pouvait me déclarer son amour. Chaque « Tu ne devrais pas » ici, sans témoin, chaque cadeau reçu sous l'oeil attendri de ma mère, chaque merci en présence de mon père, l'a conforté dans cette idée, mais a été pour moi un tourment : Il faudrait qu'un jour je justifie ma conduite à tes yeux, je le savais et je le redoutais. Aujourd'hui, je suis désolée de m'être tue aussi longtemps, je suis honteuse de la peine que je t'ai faite, je t'en demande pardon. Mais enfin l'abcès est crevé et j'en suis soulagée. Je vais déposer ce sac sur le trottoir, le camion poubelle l'emportera demain matin. Voilà une preuve matérielle que je ne tiens pas à Albert. Je ne suis pas à acheter, je t'appartiens.
J'embrasse ses seins, je flatte la croupe, j'enrobe d'une main friponne le bas ventre coquin, je taquine le doux pelage, agace le clitoris joyeux, envahis le vagin réceptif. Actuellement, c'est bien à moi, c'est nu pour moi, je touche et ma Marie frémit sous mes caresses. Mais le doute me ronge. Albert n'est pas manchot, il a deux mains énormes, une bouche aux lèvres charnues, et un braquemart qui fait peut-être la fête au sexe de ma femme: à quels jeux se livrent-ils en mon absence ? Se contentent-ils de légers contacts ou s'accouplent-ils là, sur cette table, à la va vite ? S'assied-il dans mon fauteuil pour l'embrocher, jouent-ils au yoyo acrobatique ou, Marie, à genoux dans son fauteuil, présente-t-elle sa jolie croupe et son abricot fendu pour recevoir son hommage en levrette ? Réussit-elle à étouffer ses cris quand il la fait jouir ? Jouit-elle mieux avec lui ou avec moi ? Il faut bien passer le temps pendant les rendez-vous secrets. Et il y a toujours des découvertes agréables à faire quand on est deux et curieux. Bon, pour le moment, j'ai l'avantage, je lutine et Marie se trémousse. Mais en deux ans de mariage qui l'a possédée le plus souvent, le mieux ?
Deux ans de mensonges silencieux, réels et très efficaces, c'est insupportable. Mon c'ur est au pressoir, j'étouffe. Elle m'appartient, je ne sais plus, alors j'assure la prise, la serre contre moi. Mais peut-on garder un c'ur qui a envie de s'évader ?
Elle prend sa respiration et continue:
- Il n'a jamais été question que je monte dans la coccinelle pour voyager avec lui. Je peux très bien attendre tes congés payés pour rendre visite à mon grand-père. Si ma mère insiste, je te prie de ne pas ironiser, comme tu l'as fait. S'il fallait que je travaille, ce ne serait certainement pas en allant faire le lit d'Albert: il se fait des illusions ! J'aurai à expliquer mon refus à mes parents. S'il le faut, je le ferai. Est-ce que ça te rassure un peu ? Je réclame une pause, j'ai envie de toi, viens me faire l'amour.
Quelle énergie soudaine. Avec quelle ferveur elle s'acharne à me prouver qu'elle m'aime. Comme si elle voulait s'en persuader elle-même. Elle m'a dévêtu, m'a poussé sur le lit et a pris le dessus. Agenouillée entre mes jambes, du bout de la langue elle part du scrotum vers le gland et le couronne de sa bouche chaude. Lorsqu'elle a remis en forme un sexe qui boudait, elle me chevauche avec élan, sa main m'a mis en place et Marie s'est plantée sur mon pour le garder tout au fond d'elle. Elle y a même porté les lèvres et la langue pour m'assurer de sa bonne volonté et de son désir de me plaire. Et l'autre ? L'image m'obsède en plein milieu des ébats. L'autre, à ma place ?
A vive allure elle monte et descend, son souffle se fait plus court. Les gouttes de sueur mouillent son front, témoignent de son envie, ne doivent rien à la douceur de cette nuit d'été. Après quels retards court-elle au point de faire rougir sa peau comme si elle avait pris un terrible coup de soleil. Son vagin trempé de cyprine coulisse de haut en bas en décrivant un huit autour de ma verge affolée. J'ai oublié mes craintes, mes doutes sont partis à la poubelle, je boue, je sens le ras de marée qui traverse mes canaux pour semer mon sperme. Marie s'est aplatie sur moi, s'accroche de toutes ses forces à mes épaules. Yeux brillants plantés dans les miens elle assiste en riant à mon éjaculation. Heureusement que j'avais enfilé un préservatif. Nous n'avons pas programmé une deuxième naissance.
- Oui, encore, c'est si bon. Je t'aime. Tu me crois maintenant ?
Je me souviendrai de ce vendredi si différent des autres. Reste à savoir de combien de marques d'amour une tricheuse est capable en 24 heures avec différents partenaires. Avec autant d'intensité et d'apparente sincérité : plus d'une peut-être !

Pendant que tu te promenais, j'ai préparé deux autres sacs. Ils contiennent les jouets et vêtements qu'Albert a donnés à Daniel. Tu porteras l'ensemble au secours populaire demain. Je veux effacer toutes les traces du supplice que j'endure depuis trop longtemps et que je t'ai infligé depuis hier. Des jouets neufs feront oublier ceux-ci.
- Je voyais les jouets s'accumuler, je ne savais pas toujours d'où ils venaient. Deux sacs pleins ! Pourquoi s'est-il tellement intéressé à Daniel ? Depuis quand est-il reparu dans ta vie ?
La réponse jaillit :
- Non, il n'est pas le père de notre fils.
Je n'ai pas eu à formuler la question indélicate. Elle prévoyait de longue date le terrible soupçon.
- Mon Dieu, je vois que le mal est beaucoup plus profond que je le supposais. Je m'en veux de ne pas avoir été assez courageuse. Je vois que tu souffres par ma faute. Aux grands maux les grands remèdes. La première fois que mon père a ramené Albert, j'aurais dû protester et lui rappeler que nous étions fâchés.? Nous étions heureux, je croyais inutile de créer des problèmes et de fil en aiguille je me suis retrouvée dans une situation inextricable, avec la menace de voir la bombe exploser.
Je n'avais pas prévu l'évolution de l'attitude d'Albert. j'avais été claire lorsque nous avions rompu. Mon père lui a fait visiter l'appartement, me l'envoyait pour présenter un jouet à Daniel, me faisait descendre pour faire la conversation. Le cadeau pour Daniel s'est doublé d'un cadeau pour moi. Il se sentait chez lui. J'avais eu l'impression de contrôler la situation. Elle m'a échappé. Hélas, je n'ai pas voulu t'inquiéter, je ne t'en ai pas parlé; et plus le temps passait plus cela devenait difficile.
- Je comprends, mais cela dénote un manque de confiance en moi qui me blesse profondément et ton aptitude au mensonge par omission me stupéfie.
- J'ai pris conscience du véritable danger le jour où tu t'es étonné de la présence du foulard. J'ai cru que le ciel me tombait sur la tête. Tu n'as pas insisté. L'inscription en anglais, I LOVE YOU, était une première déclaration. Je ne l'ai pas prise au sérieux, hélas, car les fabricants écrivent n'importe quoi.
- C'est l'acheteur qui choisit. Mais passons, je n'avais pas relevé la provocation. J'ai même cru que tu affichais tes sentiments pour moi.
Depuis Albert est devenu incontrôlable, il s'impose de plus en plus souvent et ses dernières propositions démontrent qu'il me croit prête à céder à ses pressions. Tu peux me reprocher de tolérer sa présence, de le recevoir ici, d'avoir trinqué avec lui, d'accepter ses cadeaux, mais que ces signes de faiblesse ne te trompent pas : Je subis sa présence, il n'a rien obtenu de moi, je ne l'aime pas et je vais t'en donner la preuve ce soir.
Tu aiguises ma curiosité.
- Si tu as retrouvé l'appétit, il y a des sandwichs dans le réfrigérateur, je te sers ?
Chaque phrase est ponctuée de baisers, de caresses. Elle tient à effacer ses oublis et j'accueille avec joie ses lèvres sur mes yeux, sur mes joues et sur la bouche. Nous devrions provoquer plus souvent des malentendus, s'ils conduisent à ce résultat grisant. De nouveau je me sens aimé.
- Mon père rentre de l'usine. Attends-moi, je vais lui parler.
J'avais bien deviné que le visiteur avait des vues sur son ex petite amie.

Quelques éclats de voix annoncent que la discussion est vive. Les sandwichs sont délicieux, je les dévore. Le siphon de l'évier a conservé une forte odeur de Kirsch. Celui de la salle de bain est parfumé comme une femme. Il va falloir que je couvre la mienne de cadeaux, elle n'a reculé devant aucun sacrifice, s'est séparée d'objets de valeur pour me prouver son amour. Elle revient, paupières gonflées mais souriante:
- C'est réglé. Tu ne verras plus Albert dans cette demeure. Viens nous allons célébrer cette victoire au lit.
- Une minute s'il te plaît, je vais remercier ton père. Mais tu peux te préparer, je vais te remercier à ma manière.
- Il n'y a pas de quoi, ça lui a semblé naturel. Reviens vite, je suis déjà toute excitée, mon amour

Joe s'étonne que je le remercie aussi chaleureusement. Puisque je ne souhaite pas rencontrer son ami, il lui demandera de partir avant dix-sept heures et je serai dispensé de la rencontre de dimanche. Ca s'arrose. Il est des choses que je ne peux refuser à mon beau-père; mais la situation est trouble. Je bois et je ressens de la colère. Marie a joué sur les mots deux fois ce soir. Elle va payer ces mauvais procédés. Faudra-t-il décrypter chaque déclaration à l'avenir. Sa mère avait monté les fleurs, cachait que ces fleurs étaient offertes par l'autre. Tu ne le verras plus, cache un simple décalage horaire. Que cache : je ne me suis pas donnée à lui ? Que c'est lui qui l'a prise ?
Je rattrape le sac sur le trottoir et le remonte.
Marie m'attend, angoissée, en nuisette transparente, inassouvie, prise de fringale sexuelle. Mes bonnes dispositions sont mortes.
-Alors, il vous en a fallu du temps, qu'as-tu raconté à mon père et pourquoi ramènes-tu ce sac ?
- Ton père m'a persuadé que je commettais une bêtise et une indélicatesse en te privant de ce que t'offre en toute loyauté son ami, j'insiste donc pour que tu reprennes ces cadeaux sacrifiés à cause de ma jalousie déplacée.
- Mais' En effet rien.
- Sauve vite ce que tu peux de ces malheureuses roses. Ton ami découvrira au cours de ses prochaines visites en ces lieux qu'il peut t'offrir du kirsch et du parfum sans m'offusquer. Vois, les vêtements et sous-vêtements n'ont pas souffert. Il serait dommage de jeter ces bijoux. Dans le fond, en deux ans, je n'ai pas vu Albert une seule fois dans cette demeure. Je l'ai juste aperçu dans le jardin deux soirs de suite. C'est toi qui le recevais en tout bien et tout honneur: ne m'as-tu pas juré que tu ne m'avais pas trompé. Alors reprends tous ces cadeaux et à l'avenir accepte ceux que ce cher ami te présentera. Je n'en prendrai plus ombrage, c'est promis. Et surtout garde lui ouverts ton c'ur et ta porte.
C'est déjà beaucoup. J'arrête volontairement l'énumération.
- Tu as de la fièvre ? Je ne veux pas. Mais que t'arrive-t-il, mon chéri ?
- Rien sinon que je reconnais mes erreurs. Ton père m'a ouvert les yeux. Tiens je me réjouis de savoir que tu penseras à moi en écoutant les chansons d'amour que ton aimable visiteur te donne pour nourrir ta sentimentalité et entretenir ton envie d'aimer. Et tu trouveras dans ce livre une inspiration très utile pour ton épanouissement sexuel : Kamasutra. Me prêteras-tu ce cadeau que je n'aurais pas osé te proposer. Ton ami est plus libéré que moi. Il faudra que je change si je veux l'égaler. Que serait notre vie sans amour ?
- Oui, et tu sais combien je t'aime.
- Et comme il n'y a pas d'amour sans confiance, je pense, comme ton père, que je dois te donner une grande preuve de confiance, pour me faire pardonner mes soupçons indignes. Alors je te prie d'accepter d'accompagner Albert chez ton grand-père. C'est entendu, prépare tes bagages et va montrer ton fils à son arrière-grand-père. Qu'as-tu contre cette coccinelle où finalement il ne s'est rien passé ? Ce que tu as fait avant de me connaître était ton histoire. Tu as connu d'autres garçons : Le contraire aurait-été anormal. Dimanche je te souhaiterai bon voyage et agréable séjour avec ton fils et le gardien auquel je te confierai, les yeux fermés.
Marie n'en croit pas ses oreilles. Elle ne trouve pas de réplique tant je la surprends,
- Je refuse de te laisser seul, tente-t-elle.
- Si tu n'acceptes pas, je penserai que vos intentions n'étaient pas pures. Toi aussi tu dois apprendre à être cool. Comme moi, jette tes oeillères et va de l'avant, tu me feras plaisir. Ne veux-tu pas le bonheur de ton mari ? N'aurais-tu pas confiance en toi ?
- Dans ce cas je t'obéirai, par amour.
- Ton père a raison : Nous aurons une vie plus facile si tu ramènes un salaire. Notre projet de construction demandera des fonds. Alors si Albert te déniche un emploi en attendant que tu trouves mieux, accepte cette opportunité. N'hésite pas à le relancer, si besoin, montre-toi persuasive. Car, si tu avais voulu te rouler dans son lit, il y a longtemps que tu aurais pu le faire, même sans cette offre d'emploi. Puisque tu m'aimes et que tu es certaine de ne rien éprouver pour lui, je ne vois pas de problème.
Enfin je pense que tu devrais conserver pieusement, le bristol qui m'avait alerté: Albert, t'aime comme un grand frère, d'un amour platonique, il n'y a pas à s'en effrayer. Il est seul, a besoin d'affection et tu en as à revendre, comme tu le lui as prouvé depuis des années. Tu aurais dû me dire depuis longtemps qu'il se plaisait en ta compagnie et qu'il te considérait comme sa meilleure amie, qui sait comme sa s'ur, que sa présence t'équilibrait et qu'il était ton confident depuis toujours. Pourquoi cela devrait-il me rendre inquiet ou jaloux. Il suffit que les choses soient claires, pour que les gens soient heureux. C'est le silence, le goût du secret qui détruit l'amitié et l'amour. La vérité ne fait pas peur aux c'urs purs.
Elle plisse ses jolis yeux, porte une main au menton, incrédule,
- Tu ironises encore une fois !
- Ah ! Non. Mais puisque tu t'es si honnêtement confessée, je vais t'infliger une pénitence.
- C'est vrai, tu vas me faire l'amour ?
- Pour pénitence, pendant ton séjour avec Albert, tu porteras chaque jour de façon visible, un de ses cadeaux : Les bas ou le foulard, ou ces sous-vêtements sexys, en pensant à moi et à la confiance que je te fais parce que je t'aime. Va récupérer le bristol, je le mettrai sous verre demain et nous l'accrocherons bien en évidence pour nous souvenir que c'est une chance d'avoir cet ami si fidèle et généreux.
-Voilà la fameuse carte de visite. Allez, viens au lit.
Elle n'est pas sure de comprendre mes motivations.
- Prends-moi. Serre-moi fort. Oui, sens comme je t'aime. Tu es formidable. Ta confiance me rassure. Mais je préfère aller chez mon grand-père avec toi. N'es-tu pas bien installé en moi ? Ne bouge pas, reste au fond. C'est si bon cet envahissement et ce sentiment de possession.
- Marie, mon amour.

- Il est tard, toutes ces émotions m'ont fatigué, je vais m'endormir dès que je m'allongerai. Bonne nuit ma chérie.
J'ai pratiqué la restriction mentale. Marie a tenté de me garder éveillé, sans succès. Le ressort est brisé. J'ai feint de dormir. Tout ce que je venais de lui dire était à l'opposé de mes convictions. La ruse qui consistait à décaler l'heure de départ de l'autre montrait assez combien elle tenait à le voir et revoir. Elle a admis qu'il était son confident: que suis-je alors, moi, son mari ? Donc je ne crois plus être celui qu'elle aime. A quoi bon lutter contre les faits, à quoi bon exiger la dose de vérité qui aurait dû stopper définitivement cette relation malsaine, si elle n'en a pas compris la nécessité.
Aussi longtemps qu'elle avait pu elle m'avait caché ces rencontres, l'origine des cadeaux. L'apparent rejet de ces cadeaux devrait dissimuler les retrouvailles futures pendant mes heures de travail. Contrarier ces visites à domicile conduirait inévitablement, à en accroitre l'envie, à les rendre indispensables, voir à les déplacer. Alors, autant abonder dans son sens et lui donner l'occasion de mettre sa fidélité à l'épreuve. Elle s'est exposée, qu'elle apprenne ses limites. Voilà ce qui a motivé mon discours. Si elle résiste à la tentation, j'en serai heureux. Si elle succombe, comment le saurai-je ? Et si c'est le début d'une liaison, je ne vois pas comment m'y opposer; je me sens impuissant devant l'élan qui pourrait les réunir et la détacher de moi.
L'amour d'Albert pour ma femme est tout sauf platonique. Si Marie fait semblant de gober ma fable, elle est comme moi persuadée que c'est contraire à la vérité. Quant à penser à moi, au bras d'Albert, en promenade dans les bois, revêtue des sous-vêtements payés par lui: il faut vouloir y croire pour ne pas trouver l'idée parfaitement farfelue. Aussi absurde est l'idée d'une amitié sincère, sans arrière-pensée avec un type qui lui a déclaré « I love You » par écrit, plusieurs fois et aujourd'hui encore, avec un célibataire en bonne santé qui va se retrouver seul avec elle pendant quinze jours, hampe au garde-à-vous, pleine de sève, d'autant plus qu'il a provoqué ce tête à tête dans le but évident de donner à leurs sentiments une nouvelle tournure, ou à conforter une liaison non déclarée. Il faut que Marie soit aveugle si elle n'a pas compris ce qu'il veut. Il faut qu'elle soit sure d'elle pour courir un tel risque. Ou bien elle souhaite profiter de cette escapade pour concrétiser une liaison amoureuse désirée, attendue mais encore inavouable. Il va l'éblouir par des cadeaux de toutes sortes, se montrer omniprésent, attentif à ses moindres désirs, toujours disponible et prêt à satisfaire ses caprices. Ainsi flattée, elle cédera fatalement sauf si elle est une sainte. Que celui qui n'a jamais péché lui lance la première pierre. Je suis déçu de constater qu'elle accepte de partir avec Albert. Moi, Pierre je viens de prendre une sacrée pierre sur le crâne. Après deux ans de mensonge par omission, elle vient de me tromper gratuitement en m'annonçant que je ne verrai plus l'autre, sans préciser que ce ne sera qu'un aménagement d'horaire. Quel toupet !
Alors que Marie, comblée dans ses projets s'endormait baignée dans sa bonne conscience, je me torturais à imaginer sa capitulation. Le plus facile à imaginer et le plus difficile à encaisser, c'est le don spontané, immédiat parce que désiré depuis des mois par les deux complices. Dimanche, dans le premier sous-bois, l'enfant à peine endormi par le ronronnement du moteur, Albert fait une halte, sort de son coffre le plaid qui ne quitte jamais la voiture d'un célibataire bien intentionné. Qui a pris la décision de cette halte ? L'audacieux a-t-il posé sa main sur le genou et constaté qu'il était attendu, que les jambes s'écartaient comme par enchantement, sa main est-elle remontée comme happée vers la dentelle du string qu'elle porte en son honneur, celui qu'il lui a choisi pour le jour où? A-t-il franchi l'ourlet, réussi à passer un ou deux doigts sur une fente déjà ruisselante de désir ? Pas étonnant alors qu'il ait jugé le moment propice pour posséder enfin cette femme qu'un autre lui avait volée. Ce sera sa revanche.
Mais Marie a pu faire semblant de résister un peu à l'attouchement insidieux
- Allons, Albert, sois sage. Tu sais que je suis mariée.
Juste de quoi l'émoustiller, de quoi lui donner une envie encore plus intense de profiter d'une femme mariée. Et il a insisté, il a atteint en séparant les cuisses, contre une pseudo résistance, ces contrées à la peau de soie. Quand on est arrivé aussi loin, on sait que la bataille est gagnée, qu'il n'y a plus de mari qui compte, que les remparts vont tomber parce qu'une petite flamme va déclencher l'incendie. La place se rend, il suffit de ramasser le butin en s'arrêtant à l'abri des indiscrets.
Ou pire encore, Marie impatiente, touche enfin du doigt l'accomplissement annoncé dans ses chansons d'amour. Pendant que son pilote se demande par quel bout l'attraper, mains sur le volant, louchant d'un oeil sur une cuisse exposée avec audace, elle attaque innocemment la braguette du conducteur occupé, tire le zip, glisse sa main et découvre un pénis raidi de désir, des bourses gonflées de sperme, extirpe le sexe massif sans entendre de protestation et le masturbe gentiment, découvre le gland couronné d'une perle transparente.
- Oh! La belle verge. J'avais oublié. Roule, je vais te sucer si ma bouche est assez grande.
Elle qui n'aime pas trop les pipes, osera-t-elle dimanche, se forcera-t-elle pour emporter le morceau de chair à la saveur oubliée depuis si longtemps. En fait qui me prouve qu'elle n'y a pas goûté hier ou aujourd'hui avant que son vainqueur ne fume ses cigarettes d'après l'amour. L'odeur du tabac peut camoufler le fumet d'une vulve savamment sucée. Et l'oubli des baisers à mon retour du travail dissimulait peut-être la volonté de garder en bouche les restes parfumés d'une fellation récente. Deux ans de fréquentation secrète donnent des occasions ou des habitudes. Le mari ignorant se voit accorder avec parcimonies les caresses dispensées à l'amant avec largesse.
Et dire qu'elle repose si tranquillement à côté de moi. Si j'avais confiance en elle, l'aurais-je encouragée à prendre ses vacances avec ce type qui, selon elle, l'avait harcelée. En réalité elle avait fort bien supporté ce harcèlement, avait attendu aujourd'hui pour s'en plaindre, contrainte et forcée, prise pratiquement en flagrant délit avec ces roses et leur bristol dénonciateur. Elle avait peut-être aimé ce harcèlement, l'avait-elle encouragé par des promesses ou en accordant des privautés ? Je suis prêt à parier que l'amoureux souhaitait que je trouve sa déclaration d'amour, pour casser ma résistance à son entreprise. Il a réussi.
Ils sont à l'ombre d'un grand chêne, sur la plus haute branche un rossignol chante l'amour de Marie et d'Albert. Il est penché sur cette femme bien plus petite que lui, il embrasse avidement la bouche tendue. Voilà enfin l'aboutissement du long siège. Pas de mère, de père ou de mari qui pourraient les déranger. Ils sont partis tout de suite après le repas : Une cène où ils ont entendu la bonne parole des deux parents. Mon absence aura surpris le veinard, absence expliquée mensongèrement par un appel de mes parents. Mais il va en profiter. Les absents ont toujours tort !
Sous le grand chêne un grand buveur de bière bedonnant s'agenouille devant une petite femme, encercle ses cuisses de ses longs bras et pose sa tête sur son ventre moelleux. De ses deux mains elle le maintient dans cette attitude de soumission, lui passe les doigts dans les cheveux et attend que « cela » arrive enfin. « Cela » n'a pas encore de nom pour la femme adultère. D'ailleurs elle est amante, jamais adultère, le vilain mot. Elle cache son impatience. Deux grosses paluches sont passées sous la jupe, elle tressaille, l'homme lève les yeux pour demander une permission acquise par avance et ses doigts escaladent crânement les jambes puis les hanches pour saisir l'élastique du string. Le tissu glisse, se décolle de la fente, tombe vers les genoux. aboutit sur les pieds.
La charmante attention de Marie : Elle porte un de ses cadeaux. C'est vous dire son accord ! Elle, de son côté ouvre sa blouse d'une blancheur immaculée, symbole d'innocence et de pureté, autre cadeau, et laisse apparaître le soutien-gorge assorti. Il avait déjà remarqué ce foulard à c'urs noué coquettement autour du cou, cette folle déclaration d'amour au nez d'un mari aveugle, le bracelet d'or fin et le collier de même facture. A n'en pas douter cet étalage de ses cadeaux prouve que Marie a voulu sortir le grand jeu de la séduction. Donc il faut qu'il l'attire sur le plaid étalé sur une épaisse couche de mousse. Seule ombre au tableau, elle a changé de parfum. Voilà une idée de cadeau toute trouvée.
Le cri de Marie lors de la pénétration a fait fuir le rossignol. Une trop longue attente a fait oublier les bonnes manières de préliminaires prolongés, Albert a plongé comme un affamé dans le corps brûlant et Marie apprécie la prise solide, presque brutale, ce ramonage vigoureux et rude, cette force terrible qui la remplit, la secoue, la ravage la déplace sur le plaid avec une sorte de rage. Cette masse l'écrase, tend tous ses muscles, lui coupe le souffle. Mais ça, c'est du mâle. L'orgasme approche, le sperme chaud jaillit sur ses parois surchauffées et libère son plaisir, inonde le réceptacle tremblant. Tout est consommé, il s'est retiré. « Cela » est arrivé. Cela devait arriver. L'étalon fougueux est allé chercher dans le coffre un paquet de mouchoirs en papier pour essuyer avec ravissement le liquide blanchâtre qui s'évade de la vulve et mouille l'oeillet délicat. Il doit rêver du jour prochain où cette autre forteresse tombera. Car cela n'est qu'un début. Un jour ils fileront le parfait amour. Ils reprennent la route. Sur l'itinéraire il y aura de plus en plus de forêts. Le voyage sera mouvementé si Daniel veut bien dormir.
J'étais en train de m'assoupir contre le corps apaisé de Marie. Dans mon rêve érotique, le bruit du moteur m'a réveillé. Quel cauchemar ! Est-il prémonitoire ? C'est du délire. Je suppose que Marie résistera vaillamment avant de succomber. Ils sont seuls dans la voiture grise, il va la complimenter sur sa tenue, sur son bon goût, feignant d'ignorer qu'elle est entièrement vêtue de ses propres cadeaux. Célibataire au bon salaire, avec des charges réduites, profitant des avancées sociales de son entreprise, il a mis le paquet pour s'acheter les faveurs de la femme convoitée, freiné uniquement par le souci de ne pas éveiller les soupçons de l'époux trop sûr de son bonheur.
Arrivé à ce stade, les vacances acceptées par l'épouse d'abord hésitante, mais jetée dans la gueule du loup par l'inconscient imbécile, il va devoir man'uvrer avec finesse pour aboutir. Dans mon demi-sommeil je suis moi, je suis lui. Enfin, si elle est là, assise à côté de lui, jupe remontée à mi cuisses, il n'est pas possible qu'elle ait quelque chose à lui refuser. Donc, il agira avec tact. Il va la flatter, la gonfler d'orgueil : Elle débordera de reconnaissance et après des confidences s'abandonnera fatalement au beau parleur qui fera rouler ses muscles impressionnants. Il en oublie sa bedaine gonflée à la bière. Quand même son mètre quatre-vingt dix et sa centaine de kilos c'est autre chose que le gringalet d'un mètre soixante-dix, tout au plus soixante-cinq kilos, qu'elle a épousé par erreur ou par dépit. A la suite d'un simple malentendu, il l'a perdue, elle s'est jetée à la tête du premier venu. Mais la vue de son sceptre va la coucher sur le dos, lui ouvrir les jambes, faire bailler la chatte velue et lui arracher des feulements d'amour sauvages.
Cet idiot de Pierre est-il seulement amoureux de sa femme; faut-il être abruti pour confier ce trésor à la garde d'un inconnu. Ce crétin est incapable d'imaginer que sa femme va le cocufier pendant quinze jours sans répit. Albert va la posséder, la bourrer comme une outre, la labourer comme une terre fertile, lui faire connaître les délices de l'amour, la transporter dans des contrées lumineuses, lui prodiguer des orgasmes fantastiques, en communion avec la nature, l'abreuver de foutre, lui en servir par tous les orifices. Il va se répandre en elle, elle hurlera sa jouissance et l'écho lui renverra ses délires obscènes. Ses cris de femelle en chaleur satisfaite mettront les cerfs en rut. Albert le grand, le sublime va la transformer en machine à faire l'amour, toujours chaude, bouillante, suppliante, impatiente de recommencer. Elle le suivra, se frottera langoureusement à lui, s'agenouillera matin midi et soir pour avaler le nectar revigorant, la liqueur nourrissante avant la copulation longue, rude, interminable et enfin apaisante. Plus elle en recevra, plus elle en réclamera. Il sera le pompier de tous ses incendies, pompier pyromane inlassable, la lance d'arrosage toujours prête à l'intervention.
Au retour elle ne voudra plus rien savoir de son mari ridicule, elle lui annoncera son infortune, il sera contraint à la fuite et Albert triomphera en épousant la belle, qui ne va pas aller au bois pour dormir. Dire que le village est perdu au milieu des forêts ! Ca promet. Le bambin distraira l'aïeul, le vieil homme fera sauter l'enfant sur ses genoux noueux, Marie amusera Albert, il la sautera à genoux en tous lieux, à toute heure. Qu'est-ce qu'elle va prendre au risque de ne plus pouvoir courir.
- Non, non, je ne veux pas.
Cette fois c'est Marie qui trouble mes rêves éveillés. Contre quoi se débat-elle ? Veut-elle dans ses rêves rejeter les assauts du séducteur. Sous la couche de mensonges et d'omissions resterait-il un soupçon de conscience ou d'amour conjugal ? La protestation n'a pas duré, je ne dois pas me faire d'illusions, c'était le dernier soubresaut avant la reddition : Le bastion est tombé. Mais quand et où ? Mon rêve interrompu a perdu leur trace. Je les retrouve dans l'auto, demain dimanche : Le rêve se poursuit.
- Ton mari, quel type formidable. Avoir une si belle femme et la laisser partir avec moi. Quelle chance tu as d'inspirer une pareille confiance. Il faut reconnaître que moi aussi j'inspire confiance: c'est à peine s'il m'a entrevu deux petites fois et tu es là, si belle et si attirante dans cette voiture. Dis, tu te souviens, c'est à l'arrière que tu as découvert l'amour, avec moi. C'est là que nous nous sommes embrassés la première fois. Si ton mari savait, il se serait opposé à cette séparation. J'avais proposé sans y croire. Quelle confiance !
- A bon, tu n'espérais pas. Pourquoi te forcer, tu es déçu ?
- Non, je suis juste surpris par le détachement de ton mari. Je me demande si un mari qui aime sa femme la laisserait aussi facilement partir avec un ami. Je suis perplexe. Si je ne me connaissais pas, j'aurais peur pour toi. Avec moi tu ne risques rien. Quand même, il exagère. Moi je veillerais sur toi. Tu verras, pendant notre séjour je serai près de toi continuellement. Ca rassurera ton vieux grand-père de te savoir sous ma protection. Ton mari est négligent.
- Mais non, il sait que je l'aime et il n'a rien à craindre. Aurais-tu de mauvaises intentions ?
- Tu sais bien que je n'en ai que de bonnes, tu sais que je suis amoureux de toi, je te l'ai dit, c'est écrit sur ton foulard. C'est pourquoi je serai vigilant, dans ton ombre, obéissant et dévoué, à l'affût de tes désirs. Je te ferai tout ce que tu voudras. Demande et je te comblerai. Tu as trouvé ma carte de visite, l'inscription t'a plu ?
- Tu es vraiment imprudent, tu pourrais me causer des ennuis. Si tu es vraiment mon ami de c'ur, évite de me compromettre à l'avenir. Je ne suis que ton amie, je te le redis, j'aime mon mari.
- Il te le rend bien mal. Tu m'as dit qu'il était au match hier soir. Moi, à sa place je t'aurais fait l'amour jusqu'à épuisement la veille de ton départ. T'a-t-il seulement touchée cette nuit ? Non ! Et ce matin ? Non plus ! Mais de deux choses l'une, ou il est fou ou il est amoureux d'une autre. Hier soir il n'y avait pas de match de première division. Il est allé voir une maîtresse si ça se trouve.
- Il n'y avait pas de match ? Tu es certain ? Ce n'est pas possible. Tu crois que? Ah non, alors.

Bien sûr que j'étais au match, mais dans cette auto, Marie n'a aucun élément pour vérifier. Donc elle le croit. Mon rêve est incohérent ? C'est un rêve.

- Oh ! Ma bonne amie, je ne voulais pas te faire de peine. Reconnais que le comportement de Pierre a de quoi surprendre. Non, ne pleure pas. Bon je ne supporte pas ces larmes. Ah ! Le pauvre petit lapin. Pauvre canard.
Du coup il s'arrête dans un chemin de traverse. L'endroit est désert. Il sort de la voiture, vient ouvrir la portière de Marie, lui tend une main. La petite biche sort et se retrouve contre lui. Du revers de la main il écrase une larme sur la joue veloutée. Le grand cerf amoureux adoucit sa voix :
- Allons calme-toi. Je ne sais pas si ton mari est capable d'avoir une maîtresse. Il n'est même pas capable de baiser, avant son départ, sa femme qui le laisse seul pendant deux semaines. C'est juste la première supposition qui a jailli. Mais je peux me tromper. Là, reste contre moi, petit c'ur meurtri. Allez, regarde-moi. Souris, nous sommes en voyage, nous arriverons bientôt, le coin est magnifique, les oiseaux chantent, le ruisseau gazouille. Ne sois pas triste, petit oiseau délaissé, profite de l'instant présent. Respire l'air pur, enivre-toi du parfum des sapins. Laisse-toi aller. N'es-tu pas bien dans mes bras ? Ne t'inquiète pas, je suis là, ma poule.
Lapin, canard, poule : Il s'y connaît en volailles et bientôt l'oie blanche deviendra dinde à la broche.
Elle lui lance de bas en haut un regard attristé. Il sourit. Elle lui sourit. Il se penche, leurs bouches se rencontrent. Le moteur est à l'arrière, les bras puissants la couchent sur le capot avant, après ce baiser immédiatement affolant. Il lui fait oublier son chagrin en triturant les seins sensibles, les fesses rondes. Une grosse patte fixe les reins, la chute des reins contre la tôle, une tige bandée à l'extrême se frotte au nombril de Marie, la trouble, la bouleverse, culbute ses défenses démoralisées : Il est vraiment là, lui, la broche à la main.
Elle est résignée, son mari infidèle mérite une punition. Alors cette main qui fouille son intimité, ces bras qui soulèvent ses jambes, ces épaules larges qui accueillent ses escarpins, ce regard qui scrute son intimité tournée vers le ciel bleu, cette bouche qui embrasse les lèvres de son sexe à travers le string humide, cette langue qui les lubrifie et qui lui procure cet afflux de sang irrépressible, sont les premiers instruments de sa vengeance. Albert recrache un poil frisé qui s'était pris entre ses dents. Et ce sexe épais écarte le tissu-ficelle, puis les lèvres, s'introduit en elle. Il force le passage étroit. Le bélier ébranle le portail de l'ultime bastion, élargit ses parois, frotte durement le conduit forcé, la malmène à allure folle, passionnée, sans ménagement, sans précaution. Il la colle violemment à la carrosserie, la martèle avec une fougue exaspérée par une trop longue attente. Le sexe fou entre et sort, le gland large va et vient dans le clapotis de son vagin liquéfié. Oui, cet instrument de leur plaisir, le taraud qui écorche ses chairs, la bielle qui coulisse en course endiablée, le pieu qui la pistonne, la bite d'amarrage à tête énorme qui la cloue sur la tôle, la queue, le serpent tentateur, oui, le lance-flamme redoutable peut exploser en elle, cracher son feu, la remplir de ses mousses abondantes contenues depuis, elle n'en sait rien, elle s'en fout, elle se fait foutre. C'est trop bon. Que ce sexe la laboure encore et encore et l'ensemence, la féconde, l'engrosse : Ça apprendra à son mari à l'abandonner, à l'envoyer promener avec un tentateur déclaré.
- Vas-y, baise-moi. Baise-moi plus fort, fais moi jouir, je veux jouir, plus fort, baise, baise? Baise.
Elle vient, elle part, elle décolle, elle plane, elle jouit, elle hurle sa jouissance. Il libère les vannes, vide en elle des mois de désirs insatisfaits et recolle ses lèvres à la bouche qu'il faut faire taire pour éviter un attroupement des mâles de la forêt en folie.
Et moi, le mari spectateur impuissant, paralysé, stupide témoin de ma déchéance, cocu terrassé, j'essaie de crier mais aucun son ne veut sortir de ma gorge: j'assiste à mon cocufiage, je crève sans pouvoir réagir, je me débats, je rue sur place, je vois, j'entends, je crève d'avoir favorisé cette catastrophe, d'avoir sacrifié mon amour à ma vanité, ou d'avoir joué perdant avant le début de la partie.

- Chéri, tu as fait un mauvais rêve. Réveille-toi, reprends-toi. Mon Dieu tu transpires, tu es trempé de sueur. Calme, ta petite femme est là. Je t'aime. Mais qu'est-ce qui t'arrive, tu ne vas pas faire un malaise maintenant.

J'ai repris mes esprits. Il serait indigne de moi de faire un malaise pour retenir ma femme. Elle veut partir à l'aventure, qu'elle y aille, qu'elle fasse son expérience. Qui sait elle en reviendra peut-être. Meurtrie, baisée à mort, toujours menteuse. Est-ce que j'ai des raisons de souhaiter repartir pour des années de tromperies mesquines, de secrets d'alcôves dissimulés, de rencontres cachées avec un coureur de jupons immature, de verres d'alcool partagés, de confidences volées au mari. Je ne veux pas passer ma vie à épier, à pister une infidèle. Suis-je déjà cocu ou le serai-je dimanche et pendant quinze jours et pourquoi pas après ? Puisqu'il faut y passer, peu importe le jour, l'heure et la durée.
Mon rêve de mariage heureux à vie a été torpillé, touché-coulé. Je ferme les yeux et je vois le visage aimé, adoré, chéri, la source de mes joies et de mon bonheur, ma raison de vivre, le si beau visage de Marie dégoulinant de foutre étranger, aveuglé de coulées laiteuses et gluantes: il y en a partout, il colle dans les cheveux, bouche les oreilles, ferme les paupières, s'étale aux commissures des lèvres, déborde sur le menton, en suspension avec menace de chute sur les seins éclaboussés, fait tas dans les fossettes, obstrue une narine qui fait des bulles. C'est horrible, c'est affreux. La caresse d'une main sur mon front est si douce, si douce, si dou'ce.

Marie a ouvert le volet, le soleil envahit la chambre, le réveil marque dix heures, le samedi s'annonce radieux.
- Pierre, lève-toi, j'ai des courses à faire, tu vas garder Daniel. Debout paresseux. Ca va mieux ? Tu m'as vraiment fait peur cette nuit. Tu vas me mettre en retard.
Elle doit préparer son départ, faire sa valise se fournir en ambre solaire et autres accessoires pour que l'autre la fourbisse, la fasse reluire. Qu'elle est fébrile à l'approche du voyage : L'aventure la galvanise, lui donne des ailes. Elle ne pense plus qu'à son envol, la reine des abeilles va quitter sa ruche avec ce gros bourdon nommé Albert collé au train.
- N'oublie pas une crème anti moustiques pour protéger Daniel.
Elle sourit, ne dit mot.
- Mais où sont les sacs poubelles, les roses et tout le fourbi ?
- Le camion de ramassage a tout emporté, tôt ce matin.
- Qu'est-ce qui t'a pris ? Que va penser ton cher ami Albert ? Tu n'aurais pas dû, ça va gâcher vos vacances.
- Albert ? Nos vacances ? De quoi parles-tu ? Ce matin je suis allée raconter à mon père la vérité sur Albert, tout ce que tu aurais pu lui raconter hier soir, que ton amour pour moi t'a empêché de dénoncer. Il a eu du mal à me croire, puisque tu ne t'étais pas plaint. Non seulement tu ne verras plus Albert dans cette demeure ou dans notre jardin, mais il lui arriverait malheur s'il risquait le bout de son nez dans les parages.
- Mais pourquoi ?
- Tu es remonté de chez mon père, tu as bouleversé tous mes plans, voulu m'expédier à l'aventure avec ce névrosé, me pousser à l'adultère. Pour épargner la chèvre et le chou, j'avais obtenu de mon père une demi-mesure parce que je ne voulais payer qu'à moitié prix. J'avais commis une nouvelle bévue. Ma demi vérité signifiait à tes yeux, je l'ai compris, mon désir de conserver secrètement Albert. Mon demi-mensonge avait complètement anéanti ta confiance en moi déjà déclinante. Affligé, désespéré tu as joué le mari magnanime, l'époux archi cool, l'esprit ouvert, le libéral permissif. Tu as voulu me soumettre à la tentation, nier ton amour trahi. Mais le masque est tombé, ta vraie nature s'est manifestée toute la nuit : Tu as geint, bredouillé, tremblé, tu m'as appelée, tu t'es débattu comme un diable dans un bénitier, tu as crié : "Marie je t'aime." Tu as fait d'affreux cauchemars. Je crois que je pourrais te les raconter et que j'en rougirais de honte. C'est fini. Moi aussi j'ai fait un mauvais rêve : Tu retrouvais cette Lydie, ton premier amour, Elle t'envoûtait, elle se livrait à toi, vous faisiez l'amour comme des bêtes sous mes yeux? Tu m'as épousée, pour ta punition, je m'accroche à toi, parce que je t'aime. Que l'autre aille au diable. Reprends vite des forces, j'ai envie de toi. Ce sera ta pénitence.


- Que tu es belle. Mais tu aurais pu en discuter avec moi. J'ai compris que c'est moi ton amour. Mais as-tu si peu confiance en toi-même pour penser que tu serais en danger d'adultère si tu parcourais cent cinquante kilomètres dans la voiture d'Albert et si tu demeurais deux semaines dans le même village que lui ? Je suppose que ce n'est pas un garçon violent. Crois-tu qu'il te prendrait de force ?
- Je n'ai jamais craint qu'il me brutalise pour parvenir à ses fins. Il est costaud mais sait se tenir, malgré son penchant pour moi, ou à cause de cette attirance : Il ne veut pas gâcher ses chances, le pauvre.
- Tu affirmes par ailleurs que tu n'es pas amoureuse de lui. As-tu peur de toi-même ? Crains-tu d'être tentée de te jeter sur lui, parce que tu seras quinze jours sans ton mari ?
- Bien sûr que non. J'aime faire l'amour avec toi. Je ne suis pas nymphomane. Et même si Albert avait la fantaisie de se faire pressant, je saurais le remettre en place.
- Tu aurais pu partir demain avec lui. J'étais d'accord. Tu es sure de toi. Où est l'obstacle ?
- J'ai vu dans quel état tu te mettais cette nuit, j'ai eu peur de te rendre malheureux. Je ne veux pas te retrouver à l'asile à mon retour. Donc je reste, nous irons là-bas en août.
- Ma chérie, je voulais te faire une surprise. Tu m'obliges à dévoiler un plan que j'ai bâti depuis le mois de janvier. Tu n'as jamais vu la mer. J'ai donc réservé un appartement en bord de mer en Charente-Maritime, j'ai déjà payé des arrhes et me voilà dans l'embarras.
- Ciel, qui a agi en douce, cette fois ? Je reconnais que j'aurais apprécié cette surprise. Que faire ?

Mon beau-père m'appelle. Je descends, laissant Marie à ses questions.
- Pierre, les éboueurs sont en grève, tu devrais rentrer tes poubelles et tes sacs. Reviens me voir après.
Je range les sacs à la cave et retourne chez Joe
- Alors comment ça va ? Je vais aller au foyer et avoir une conversation avec mon ex copain. Tu savais ?
- Oui, Marie m'avait averti. Mais je ne suis pas certain qu'il faille faire un scandale pour une tentative ratée. Il a tenté sa chance, Marie l'a repoussé. Ce serait lui donner trop d'importance. Marie a la tête sur les épaules, je lui fais confiance.
Et j'expose mon plan de vacances à mon beau-père. Mon calme le rassure, il finit par m'approuver. L'incident est clos, il n'aura pas de suites. Je peux reprendre ma conversation avec ma douce moitié.
- Que voulait mon père ?
- Je l'ai calmé. Il ne s'en prendra pas à son copain pour une vieille histoire sans conséquences. Comme moi, il pense que si tu es sure de tes sentiments, il n'y a rien à craindre d'Albert. Il a commis une erreur de jeunesse; il faut savoir pardonner. Quant à ses dérapages récents, nous partageons l'avis qu'il suffira d'une mise au point entre toi et lui, dimanche, pour savoir si tu peux l'accompagner ou non. Qu'en dis-tu ?
- Tu ne me reprocheras pas de t'abandonner aussi longtemps ? Tu me jures que tu ne te tourmenteras pas ? J'ai tellement envie de voir la mer. Merci mon amour de me faire confiance; tu es un mari sensationnel.
Cette nuit fut merveilleuse. Je donnai à Marie tout ce qu'il y avait en moi de tendresse, d'amour et de sperme. Une provision pour deux semaines d'abstinence. Un acompte pour faciliter l'attente de l'union au retour. Elle déborda d'affection, se vida avec moi de ses réserves de désir et nous nous sommes endormis, épuisés, repus, apaisés, avec des promesses d'amour éternel.

Vers seize heures, Albert, Marie et Daniel, bagages chargés, après les dernières effusions ont agité leurs mains aux portières. Chaque soir j'ai eu droit à un appel téléphonique pour un compte rendu. Entre autres j'appris qu'Albert fendait du bois pour ses parents à longueur de journée. Il passait pour discuter en soirée, en présence du grand-père. Le quatrième jour Marie m'annonça qu'une jeune fille de son âge
se promenait avec Albert et semblait l'accaparer. A la demande du grand-père qui n'avait plus de tabac pour sa pipe Marie avait dû demander à Albert d'aller en ville. Ils en avaient profité pour acheter de la viande. Le dimanche Albert était venu inviter le grand-père, Marie et Daniel pour un repas dans une auberge réputée. Le grand-père en avait profité pour rendre visite jusqu'au soir à un vieil ami afin de lui présenter son premier arrière-petit-fils. Albert et Marie s'étaient promenés dans les bois. Il lui avait montré dans une clairière l'emplacement où il avait construit une cabane, remplacée par d'autres depuis. Hélas, Marie s'était tordu le pied dans une ornière et avait cassé un talon. Voilà pourquoi elle ne m'avait pas appelé le dimanche. RAS pour le lundi. Le mardi Albert s'était montré en compagnie de Lucie en soirée. Le vendredi Albert avait offert une paire d'escarpins, pour remplacer ceux que Marie avait abîmés dans les bois par la faute de son guide. Selon mes recommandations elle avait accepté ce nouveau cadeau. Elle avait hâte de rentrer dimanche et de me retrouver, me couvrait de bisous avec un tremblement dans la voix.

Au retour, le dimanche soir, Albert ne s'attarda pas, il fallait qu'il se prépare pour reprendre le travail le lundi à 6 heures. Oui tout s'était bien passé. Marie approuvait et mon fils me faisait la fête.

Nous fêtions les retrouvailles au lit après la douche de ma femme. Elle était contente de son séjour, bien entendu. Mais la séparation avait été trop longue, elle ne recommencerait plus. Elle était tendre, avide de baisers, soucieuse de savoir si je ne m'étais pas trop ennuyé, si j'avais rencontré des tentations, si je l'aimais, si je l'aimerais toujours. Dans l'étau de ses cuisses retrouvées, appuyé sur les mains, enfoui dans son vagin humide de la première chevauchée, mais couvert comme d'habitude d'un préservatif ultra fin, j'allais et venais amoureusement. A la fougue du premier assaut succédait un rythme plus calme. Plus savoureux était le mouvement. Je la fixais dans les yeux et lui répétais pour la centième fois combien je l'aimais. Soudain Marie fut prise d'un frémissement surprenant et éclata en larmes. L'avais-je blessée, lui avais-je manqué à ce point ?
- Je ne voulais pas. Houhou, Pardon. Oh ! Je ne te mérite pas. Hou. Que je suis malheureuse. O mon Dieu, qu'est-ce que j'ai fait... Chéri, je t'aime, je n'aurais pas dû? Je le savais bien, pardonne-moi.
- En voilà une façon de me montrer ton bonheur de me retrouver. Tu n'as pas à t'en vouloir, c'est moi qui t'ai recommandé ces vacances. Allons cesse de pleurer. C'est du passé, c'est fini.
J'avais du mal à comprendre ses bribes de phrases entrecoupées de sanglots interminables.
- Ce n'est pas ça,? C'est mal' Houhou' Que vais-je devenir? Je t'aime.. Houhou, c'est.. Ma fau' Houhou' Te. Je suis impar- hou donnable, houhou.
Pour la faire taire je ne trouvais qu'une solution, lui fermer la bouche en l'embrassant. En vain, tout son corps était secoué de tremblements, des larmes inondaient son visage. Je finis par ramollir et quittai par glissement le nid chaud où je venais de me prélasser? La capote en berne pendait lamentablement sur mon pénis décontenancé.
Marie prit une respiration et expulsa en un souffle:
- J'ai fait l'amour avec Albert. Pardon houhou, houhou.
Et larmes, sanglots et tremblements reprirent de plus belle. Cette fois j'avais entendu clairement sa déclaration, j'avais un mal fou à comprendre le sens des mots, mon esprit était comme paralysé et je restais penché sur elle, immobile, stupéfait, incrédule
- Pschitt, pschitt, ne pleure plus, cesse de pleurer.
J'aurais dû hurler de colère, crier je ne sais quels mots horribles mais j'étais apitoyé par ce déluge de pleurs et de remords. Je sus juste dire
- Combien de fois ?
Cette remarque stupide eut pourtant le don de lui rendre la parole
- Oh ! Non, juste une fois, une seule fois. Après j'ai eu trop honte, j'ai tellement pleuré qu'Albert s'est mis lui aussi à pleurer comme un gosse. Et nous nous sommes juré de ne plus jamais recommencer. C'est arrivé par ma faute.
D'une voix calme, sans acrimonie, je lui caresse le front:
- Raconte-moi, si ça peut te soulager.

Je t'ai raconté que je m'étais tordu le pied pendant notre promenade du dimanche, à la recherche de cabanes. Nous étions à peu près à deux cents mètres de notre point de stationnement. Le talon de mon escarpin était cassé, ma cheville trop douloureuse. Bref, Albert a décidé de me porter jusqu'à la voiture. J'avais passé un bras autour de son cou, son bras droit passé dans mon dos me retenait contre son torse, le gauche me soutenait dans le pli des genoux. Le chemin était irrégulier, les secousses me faisaient glisser, ses mains me rattrapaient, touchant au passage le côté extérieur d'un sein ou le bas d'une cuisse. Sous l'effort le visage de mon porteur rougissait, la sueur trempait son front. Il refusa de s'arrêter et parvint essoufflé mais fier à ma portière, me posa sur une jambe en me laissant glisser avec précaution le long de son corps. Au passage ma hanche cogna la bosse qui gonflait son pantalon. Malgré cette réaction somme toute naturelle et incontrôlable, il regagna sa place au volant et démarra. me déposa, m'aida à entrer.
- Je ne vois rien de répréhensible. Il t'a porté comme il a pu, le hasard lui a permis de légers attouchements. Que ton contact ait eu un effet sur son sexe ne surprendra aucun homme normalement constitué. Le contraire eût été anormal, surtout avec une femme aussi attirante. Tu n'es pas responsable de cette réaction naturelle, ne te reproche pas de l'avoir ému dans sa chair. A la limite je plains ce pauvre célibataire obligé de surmonter la tentation.
- Il revint peu après chez grand-père avec de l'arnica et me massa la cheville et le mollet, jusqu'au-dessus du genou. Je t'assure qu'il avait des gestes corrects de secouriste.
- Où est le mal ?
- Il n'avait manifesté aucun autre signe d'émoi. De plus je le savais aux ordres de Lucie et je n'éprouvais aucune gêne à me laisser soigner par lui. Ma douleur s'estompa, grand-père hochait la tête en signe d'approbation. Je me disais que j'avais bien de la chance de profiter de ses compétences et d'avoir réussi à détourner ses velléités amoureuses.
- Eh ! Bien oui, je ne vois pas pourquoi tu verses toutes ces larmes. Parce qu'un grand gaillard solide t'a porté dans ses bras ? Ma chérie, tu es impayable !
- Quand le dernier vendredi, il vint me proposer une virée en ville avec Daniel, à deux jours de notre retour, je ne vis aucun mal à l'accompagner. En route, il me parla de ses progrès avec Lucie, de la possibilité de songer à une histoire d'amour. Il était attendrissant comme un adolescent qui découvre la passion. Au retour, il proposa de montrer à Daniel les fameuses cabanes.
- Laisse le marcher le plus possible, s'il le faut, je le porterai. La poussette nous gênerait plutôt.

- Nous avons refait le même chemin. Bébé a couru avec Albert d'une cabane à l'autre. J'ai fait un faux pas, je me suis tordu l'autre cheville.
- Dis ça t'amuse. Bon tu vas t'accrocher sur mon dos et je donnerai la main à Daniel. Nous avions fait quelques pas, Daniel a refusé de marcher, tendu les bras pour être porté. Albert m'a déposée sur une souche, s'est baissé derrière moi et m'a soulevée à califourchon sur ses épaules. Je me suis accrochée à son front, il s'est baissé encore, j'ai serré les jambes pour ne pas tomber pendant qu'il ramassait Daniel. Et il s'est mis en marche, l'enfant dans les bras, mes jambes pendant à l'avant, l'une sous un bras solide qui me maintenait. Mes cuisses enserraient son cou, mon bas-ventre contre sa nuque ressentait chaque pas, une étrange sensation de chaud me gagnait, ma main au contact du front devenait moite. L'entrejambe de ma culotte avait glissé sur le côté, il m'était impossible de changer sa position sans bouger et frotter ma vulve contre la nuque ou les cheveux. Mon sexe était plaqué comme une ventouse contre la chair du cou, mes cuisses se contractaient aux cahots de la marche.

Enfin il ouvrit la portière arrière, se plia en avant pour coucher le bébé endormi sur le siège. Je saisis le toit de la voiture pour ne pas tomber, ma main couverte de sueur glissa sur la tôle et je ne sais comment, Albert me rattrapa, couchée de dos sur le toit métallique, cuisses ayant changé d'épaule par miracle au cours de la demi rotation, ses yeux, son nez, sa bouche et le menton appuyés contre mon sexe découvert. Il était à bout de souffle, son haleine chaude se répandait sur ma peau. L'instinct le poussa à embrasser ma fente offerte par le hasard. Je ne protestais pas. Il se crut autorisé à passer la langue sur l'ouverture. J'étais maintenue en position inconfortable, mais les mains sur mes hanches me cramponnaient fermement. Le souffle chaud de la bouche et les baisers de ses lèvres tièdes sur celles de mon sexe avaient anéanti toutes mes bonnes résolutions. Daniel devait dormir et au-dessus de lui, ventre offert, je recevais l'excitation interdite, abandonnée à cette langue qui léchait mon clitoris grossi par tous ces contacts. A cette allure il eut tôt fait de me faire perdre la tête, de me bouleverser et de me conduire à un violent orgasme, que rassasié il contemplait avec bonheur. Je me mordais les lèvres. Des deux mains je contenais mes cris pour ne pas éveiller mon fils. Je jouissais.
Enfin il me remit sur un pied, en me tenant contre lui. Comme la première fois je sentis la fameuse bosse, mais cette fois j'en éprouvais un trouble bien plus fort. Quand sa bouche happa la mienne, quand il déposa sur mes lèvres qu'il mordillait l'odeur de ma cyprine, je fus incapable de reculer ou de le repousser. Je n'avais plus de force, j'étais une proie et me laissais glisser à genoux. Si bien que d'une main il fit descendre le zip de sa braguette et présenta ce gros membre en bel état face à ma bouche.
Ma langue mouilla le gland dégagé par l'érection, mes doigts le décalottèrent, mes lèvres lui firent un abri. J'agissais comme un automate, suçais, pompais de la bouche, pressais entre mes doigts, ce membre étrangement large mais plus court que le tien. Je n'eus pas à insister, il grogna, s'arracha à ma bouche et se répandit contre la carrosserie.
Toujours aussi incapable de réaction, je me suis retrouvée, couchée sur une couverture tombée des nues, derrière la voiture, écrasée par son ventre collé au mien, soumise à la pénétration presque douloureuse de cette verge revenue à ses plus fortes dimensions, les seins dévoilés, sucés à leur tour par des lèvres goulues, martelée par un compagnon que cette bonne aventure rendait vaillant, puissant, impérieux au point de m'exhorter à jouir. Cela finit par se produire, mais il était tellement occupé à observer mon visage en délire qu'il oublia de se retirer: les contractions de son éjaculation me projetèrent je ne sais où. Il s'était affalé de tout son long sur moi. Je trouvais enfin la force de pousser mes poings contre lui. Il se releva, dénicha une serviette de vaisselle dans le coffre, utilisa un coin pour s'essuyer, me lança le torchon pour ma toilette.
Nous étions penauds. Ce qui venait de se passer n'était pas calculé. J'avais l'impression d'avoir été victime d'un coup de folie. Albert lui-même n'en croyait pas ses sens. J'ai pleuré de honte. Il a pleuré:
- Excuse-moi. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Quand j'ai eu le nez là, je n'ai pas pu résister.

Nous venions de faire les gestes de l'amour, ni l'un ni l'autre n'était satisfait. Nous avions du mal à nous regarder dans les yeux. A aucun moment je n'avais voulu, souhaité ou envisagé cette trahison. De son côté Albert m'a juré que ce n'était pas son intention.
- Tu l'as cru ?
Il avait évidemment joui comme moi, avait connu comme moi un plaisir très fort. Et dire que Lucie l'attendait ce soir. Et dire que mon mari m'avait fait confiance. Personne ne devrait jamais apprendre. Cette aventure ébruitée risquait de briser deux ménages. Il me soigna à l'arnica, le nez baissé, sans chercher à regarder ni mes yeux ni ma culotte.
Je ne l'ai plus revu. Ce matin il nous a embarqués. Le voyage a été silencieux. Il a exprimé une fois des regrets et m'a rappelé avant l'arrivée que je devais garder ce secret, pour ne pas compliquer la situation de mon couple.
- Que dire, que faire ? Rien n'obligeait Marie à me révéler cette courte aventure, unique par ailleurs et résultat d'un malheureux concours de circonstances. En ma présence, elle renonçait à partager avec son amant occasionnel ce lourd secret. Sa conscience surprise n'admettait pas de me tromper deux fois pour une seule erreur. Le mot faute ne convenait pas. Et pendant que de ses yeux attristés s'écoulaient des larmes, moi, le mari blessé, je calmais ses remords. Je comprenais un moment d'égarement, je ne lui en tiendrais pas rigueur, je l'aimais toujours autant. Pour preuve : Je repris ma place et mon activité de mari amoureux. Elle me reçut en elle avec un pâle sourire, le c'ur soulagé, s'anima progressivement et oublia dans mes bras le chemin forestier. Elle me susurrait qu'elle m'aimait, plus fort qu'avant, m'affirmait que jamais plus elle ne me laisserait seul. L'orgasme mit fin à son discours durant quelques minutes. Elle retrouvait la joie, me couvrait de baisers.
Il fallut recommencer à la rassurer, elle voulut se planter sur moi, me fixer dans les yeux et battre de la croupe, mes mains et mes bras à sa demande serraient contre moi, à l'étouffer, tout le haut de son corps. Des genoux elle rectifiait la position et frappait nos sexes l'un dans l'autre avec vigueur. Elle avait retrouvé la cadence et l'ardeur de ses plus beaux jours. Elle soufflait, suait, passait au rouge vif, s'acharnait, increvable, enragée et ne fut heureuse que lorsque j'éjaculai en elle. Je m'aperçus alors que j'avais oublié de me protéger. Quelques jours plus tard les règles suivantes nous délivrèrent d'un doute inutile. Puisque Marie n'était pas enceinte, Albert ne pourrait pas se prévaloir du titre de père. . J'en ressentis secrètement un immense soulagement. Et puis nécessité fait l'amnésie.


Dix-huit mois se sont écoulés. J'ai fait construire notre maison. Cela m'a beaucoup occupé en dehors de ma vie professionnelle : Trouver au meilleur prix les emprunts, les matériaux, les artisans; creuser les fondations, surveiller l'avancement des travaux. Marie de son côté a commencé un emploi à mi-temps au foyer des célibataires. Elle s'est aguerrie et reçoit en riant les plaisanteries parfois douteuses des célibataires en manque, excités par la vue d'un joli corps de jeune femme. L'article quinze du règlement intérieur stipule que tout manquement au respect ou toute tentative contraire aux bonnes m'urs sera un motif de renvoi immédiat : Jusqu'à présent, à part une ou deux mains égarées sur les parties charnues, Marie n'a pas eu à repousser de gestes déplacés. On la complimente sur son sourire, sur ses seins, sur l'aspect appétissant de sa croupe. Le plus audacieux a risqué une demande de rendez-vous à l'extérieur. Ses histoires croustillantes égaient nos soirées. Après six mois de prise de la pilule, Marie a opté pour la pose d'un stérilet, afin de stopper une légère prise de poids.
Albert qui s'était fait rare, reparaît régulièrement, il est devenu un ami, m'a donné des coups de main pour couler le ciment des allées, parfois même en mon absence. Il nous arrive d'aller ensemble voir un match de foot professionnel. En réalité ce n'est pas le foot qui l'intéresse. Arrivé en ville, dès la première fois, il m'a demandé de faire un tour par certaines rues, m'a fait remarquer des silhouettes qui peuplaient les trottoirs.
- Pose-moi là au coin. Quand tu reviendras du match, je t'attendrai devant la brasserie.
Je connaissais son goût pour la bière. Quinze jours plus tard, dans la même rue, il m'offrit de rencontrer une des ombres de la nuit à ses frais. C'était une expérience à tenter. Il n'aimait pas que la bière. J'avais tout ce qu'il me fallait à la maison. Il me déposa au stade et reparut à la fin de la rencontre. Plus tard il prétendit même me faire connaître une amie qui acceptait une partie à trois. Une autre, moyennant une prime supplémentaire de ses habitués voudrait bien ne pas utiliser de capote. Pourquoi tenait-il tant à m'entraîner sur ses traces dans les draps d'une prostituée ? De toute façon je me voyais mal jouer au troisième partenaire ou au voyeur et encore moins risquer ma santé.
Ce soir là, il y a cinq semaines environ, je racontais à Marie à quel genre de tentation notre ami m'exposait. Marie en fut choquée, outrée. Le mariage d'Albert et de Lucie devait avoir lieu dans moins de six mois. Chaque fois que l'organisation des tournées de l'usine le permettait, il parcourait 300 kilomètres aller-retour. Un vendredi il avait confié à Marie en plein travail, que Lucie avait enfin concédé à son fiancé les prérogatives d'un mari. Elle avait eu droit au récit détaillé des tribulations d'une vierge déflorée par un membre de gros diamètre. Ca n'était jamais que sa deuxième vierge, avait-il délicatement précisé à ma femme avec un clin d'oeil entendu. Marie, pour cause, savait de quoi il parlait. Je sus ainsi le tour de poitrine de la jeune paysanne, la couleur de ses poils, la force de son coup de rein, les refus de souffrir et l'enthousiasme qui avait succédé, les promesses d'autres rencontres, l'apprentissage étonné de la pipe. Elle avait sous le sein gauche une tache de naissance et un grain de beauté curieusement installé sur la lèvre gauche de la vulve. J'eus même une appréciation sur l'odeur de son sexe. Marie était indignée d'apprendre qu'Albert?
- Non mais tu te rends compte, il va se marier et il fréquente ces filles. Il devrait savoir ce qu'il risque, une bonne syphilis au moins.
Elle s'emportait, j'avais l'impression d'être considéré comme fautif de l'avoir vu, de ne pas avoir dissuadé ce gros idiot, et surtout d'en parler avec retard. Que j'aie été soumis à la tentation et que j'y aie résisté semblait normal.
- Et s'il ramassait le sida. Six mois avant son mariage. Mais il est inconscient. Et toi, tu le sais depuis des mois et tu ne m'en parlais pas. Tu pourrais être plus raisonnable. Des vies sont en danger à cause de ton incurie.
- Je ne vois pas en quoi cela peut te concerner. Il est majeur, la radio, la télé, les journaux, tout le monde nous bourre le crâne, recommande de sortir couvert. A lui de savoir. Pourquoi supposer immédiatement le pire. C'est, si je l'ai bien compris une vieille habitude, il m'a dit qu'il connaissait certaines filles depuis une dizaine d'années. Il aurait été le premier client d'une grande rouquine qu'il m'a montrée, une experte qui m'aurait appris des choses, un peu décatie la pauvre.
- Il ne manquerait plus que tu t'y mettes aussi. Je ne te suffis pas ? Si jamais j'apprends que tu vas voir ailleurs, je te les coupe et je divorce. Tu devrais savoir que la syphilis se transmet même par la bouche.

La tolérance n'est pas son principal trait de caractère quand il s'agit de moi.

- Tu me sembles drôlement bien renseignée. Le sujet te préoccupe ? Je t'assure que tu n'as rien à craindre de moi. De plus Albert est notre ami et non ton amant. Ta vie n'est donc pas en danger. Cesse de me faire culpabiliser. J'ai eu la sottise d'attendre des félicitations parce que j'avais résisté à la tentation, et tu me traites comme si j'étais l'instigateur malfaisant de la conduite de cet estimable futur marié.
- Vraiment, vous les hommes, vous ne faites attention à rien. L'as-tu au moins averti qu'il risquait de contaminer?euh, Lucie et ses autres fréquentations ?
- Pourquoi ? Tu crois qu'il en a d'autres ?

Elle réfléchit, ne sait plus et repart un ton plus haut :

- Tu m'as bien dit qu'il allait voir différentes filles. Il multiplie donc les risques pour lui et pour toutes ses relations. Je n'en reviens pas. Tu vas lui conseiller de faire une analyse de sang au plus vite. On ne sait jamais. Mais quel cochon !
- Si tu crois que c'est nécessaire, charge-toi de la commission. Il n'aura jamais que ce qu'il a cherché. Et ses relations également. Est-ce que tu pourrais me dire pourquoi Albert essaie de m'entraîner dans son sillage. Voudrait-il me compromettre ? Son insistance me semble louche. Si j'allais avec une de ces créatures, ne viendrait-il pas me dénoncer pour tenter d'en tirer avantage ? Il a parfois une façon de te regarder bizarre.
- Pierre ne sois pas schizo. Tu vois le mal partout. Oh ! Pardon, tu ne peux pas avoir oublié. Je vais à la première occasion lui dire ce que je pense de ses fréquentations. Qu'il vienne me parler des filles que tu aurais pu rencontrer, je le recevrai à ma façon et il ne s'y risquera plus. Le cochon !

Le samedi matin suivant, Marie est au travail, le facteur dépose une lettre. Je l'ouvre machinalement. Ce sont les résultats d'une analyse de sang de Marie. Test négatif. C'est heureux pour elle et pour moi d'ailleurs. Mais elle ne m'a pas parlé de cette recherche de maladies sexuelles. Je referme l'enveloppe, la remets dans la boîte à lettres. Je n'ai rien vu, je ne sais rien. Marie ne m'en parle pas. Mais ce soir elle me fait la fête, me sort les grands classiques et quelques fantaisies inhabituelles, comme ces tours de table empalée sur mon pieu. L'exercice est nouveau, je dirais épuisant. Elle prétend que nous l'avons déjà réalisé ce genre de prouesse. Comme aussi cette promenade en aveugle, à califourchon, son ventre sur ma bouche qui doit la mignoter et ses jambes dans mon dos. Je vais devoir faire de la musculation pour rester égal à moi-même. Ce baiser perché n'appartient pas à mon répertoire quoi qu'elle en dise. Il me reste une certitude, elle est saine, je peux satisfaire ses fantasmes. Mais depuis midi, une idée sournoise me travaille. Marie m'a soupçonné d'avoir accompagné Albert et a voulu vérifier que je ne lui avais pas refilé une maladie honteuse. Je pensais mériter plus de confiance. Enfin, elle ne me soupçonnera plus. De là à me prêter certaines acrobaties, elle a dû rêver.

Quinze jours plus tard, je passe au foyer pour emmener Albert au match, selon le code établi. Il voit approcher la date de son mariage et demain doit se rendre chez Lucie: il préfère se coucher afin de partir tôt. Je le quitte, il me remercie pour l'offre amicale. Allez savoir si c'est la perspective du voyage qui lui donne cet air joyeux? En route, soudain je me souviens que j'ai oublié à la maison mon abonnement au stade. Demi-tour. Devant ma maison, la coccinelle de mes cauchemars. Je le croyais au lit. Etrange. Je m'arrête un peu plus loin, entre sans bruit, arrive en bas de l'escalier. Marie et Albert parlent à voix haute, qui les entendrait ?
- Alors, tu t'es décidé à faire ta prise de sang ? J'exige de voir les résultats.
- Ne fais pas d'histoires. Regarde, Je n'ai pas le sida, tu vois. Juste un petit problème. Le médecin m'a dit qu'une piqûre de pénicilline devrait me guérir si ce n'est pas trop ancien. C'est fait, je suis piqué. Je devrai refaire des analyses de contrôle. Heureusement que tu m'as bien conseillé, j'arriverai au mariage tout propre.
C'est vraiment une amie attentionnée et efficace. Ce délicat Albert est venu remercier l'amie, en mon absence, pour pouvoir s'exprimer sans gêne. Et il aurait l'air malin le serpent tentateur de devoir reconnaître devant moi la maladie transmise par ses connaissances ! Quand même, il aurait pu en parler lundi ou mardi au foyer, pourquoi se précipiter ce soir ?
- A condition de surveiller ta conduite. Quelle idée d'aller voir les putes ! Pourtant, je te soulageais, Lucie s'y était mise et deux femmes ne te suffisaient pas ? Eh ! Bien maintenant, chez moi, plus rien. Tu as de la chance de ne pas m'avoir contaminée, sinon je t'étripais. Pense à faire examiner ta future, ou elle pourrait te rendre la monnaie de ta pièce.

Que dit-elle ? Ai-je bien entendu ?

- J'ai compris' Je ne le ferai plus. Ne sois pas jalouse. Si tu me soulageais plus souvent je n'aurais pas besoin d'aller aux putes. Au lieu d'une fois par semaine, tu pourrais me faire l'amour plus souvent. A l'avenir je te baiserai le mardi et le vendredi. Je ne suis pas venu pour que tu me fasses la morale. Ton cocu est au match, tu pourrais me faire une petite gâterie vite fait, tu veux bien ? Ne traînons pas.

Ton cocu : C'est de moi qu'il parle ? Et moi, je suis là à écouter ces horreurs. Maintenant j'ai compris l'analyse de sang de Marie, ses reproches pour avoir attendu avant de l'avertir, sa joie le soir des résultats. Je sais qui lui a inspiré ces exercices acrobatiques: il est là-haut pressé de recevoir des marques d'une « si belle amitié », comme il le répète souvent devant moi.

- Non mais, tu es fou. Tu vas te marier, tu me trompes avec des filles de joie et tu oses revenir demander une gâterie. Je viens de te le dire, plus rien ! Tu voudrais faire des économies et te mettre à l'abri des maladies avec moi. Je ne suis pas ta chose. J'en ai marre de te servir de paillasse. Tu m'as attrapée par ruse, en te plaignant, en gémissant, en suppliant, de fil en aiguille tu m'as embarquée dans l'adultère et le mensonge. J'ai frisé la catastrophe. A cause de toi mon mari ne voudra plus de moi. Tu es un salaud.

Est-ce la crainte de la transmission ou la jalousie qui la guide ? Elle lui reproche de l'avoir trompée. C'est ma femme, furieuse d'avoir été trompée par son amant, qui refuse de se donner à lui. La vertu a des détours cocasses. Je revois ses larmes à l'occasion de sa « chute » pendant les vacances. Depuis, elle a bien changé. J'entends qu'elle a soulagé Albert.
- Allez, Marie, juste un peu avec les mains. Tu me fais cracher et je me sauve.
- Non, c'est fini; bien fini ! Et puis pourquoi cherches-tu à livrer mon mari à ces filles ? Tu es malade ?
- J'aurais bien aimé savoir comment il se débrouille avec une experte. S'il était à la hauteur, aurais-tu couché avec moi : Réfléchis. Et s'il était mauvais, je pourrais reprendre espoir, avant de me marier, de te reconquérir. Parce que je ne pense qu'à ça depuis des années.
- Tu me prends pour qui ? Je ne vaux pas tes expertes ? Je sais ce que vaut mon homme. Il n'a pas besoin de tes expertes pour être heureux, je suis son experte.
- Il est heureux, soit. Mais toi, si tu l'étais tu ne coucherais pas avec d'autres hommes, gratuitement, juste pour le plaisir de te faire défoncer. Quand tu jouis avec moi, tu ne fais pas semblant, le cocu ne doit pas te faire aussi bien reluire.
Tu sais que je ne t'aime pas. Ton petit jeu m'a mise dans le pétrin, j'ai couché avec toi non parce que tu es meilleur que Pierre, mais par peur de le perdre. En plus il est propre, lui. Ote-toi de l'idée que je suis à conquérir par un pourri de ton espèce. Surtout ne reviens jamais pleurnicher que tu voudrais être soulagé. Fini, fini, fini. Mon mari me fait mieux jouir que toi : Il m'aime, je l'aime et ça fait toute la différence.
- J'ai compris, on ne va pas se quitter comme ça. Allez, tu me fais une branlette d'adieu et je me sauve. Après je ne te demanderai plus rien. S'il te plaît.
- Bon, je veux bien te masturber, ce sera tout. Déballe le malade que je soulage ses douleurs. Berk, c'est ça, là, ce gros bouton ? Pas appétissant, à ne pas toucher ! Mais après, plus rien aussi longtemps que le docteur ne t'aura pas délivré un certificat de guérison. Non, arrête de me peloter les seins, tu sais bien que si tu m'excites, je vais risquer? Pas question, bas les pattes.
Et quand il aura son certificat médical, il pourra recommencer ?
- Comme ça, c'est bon, plus serré ? Ne fais pas le difficile? Tu es sûr. Je vois que ça ne t'empêche pas de bander. Elle est vraiment grosse.
- Tu le reconnais. Tu n'en veux pas, juste pour t'élargir ? Embrasse la pointe, donne un coup de langue pour mouiller le gland et je te la fourre. Une dernière fois, s'il te plaît.
- Mais tu es fou, tu voudrais que je sois malade ? Tiens je crache dessus. Ca va mieux ? Allez encore un peu de salive pour que ça glisse. Ca me fait rire de cracher sur le morceau. Laisse ta main hors de ma culotte. Et puis tiens, achève-toi tout seul si ça t'amuse.
Le bon ami de la famille grogne insatisfait.
- Bon je t'achève, mais ne me touche plus. Tu n'auras rien de plus. J'accélère, une perle apparaît. Ciel, ça y est, bon sang quels jets. Zut, sur ma blouse et plein les doigts.
- S'il te plaît, suce. Je parie que tu mouilles ta culotte. Tu permets ? Je peux vérifier.
- Stop. Tu n'as pas de parole. Tire ta main de là sagouin. Finis-toi tout seul.
???????.
- Alors essuie-moi avec ta bouche de cochonne, tu le fais si bien. Mieux que les expertes.
- Crétin, tu fais bien de me rappeler tes fréquentations. Non je ne t'essuie plus avec la bouche. Prends ce mouchoir. Il t'en faut un deuxième ? Bigre. Heureusement que mon stérilet est étanche. L'autre fois le bidet était plein. Maintenant dépêche-toi de filer, mon chéri ne va plus tarder. Ah ! Encore une chose. Ecoute bien.
- Quoi encore, lâcheuse ?
- Désormais, je ne veux plus te voir. Tu voulais pourrir mon mari avec tes nanas. Tu as encore une fois essayé de bousiller mon ménage. Heureusement Pierre n'est pas un obsédé comme toi. C'est un homme, un vrai, lui. Ce n'est pas parce que j'ai eu pitié de toi que je t'aime : Ça n'arrivera plus. Un mec qui se branle tout seul devant moi, c'est un pauvre type. Le spectacle était drôle, non ? Un imbécile qui attrape une syphilis de nos jours ne vaut pas la peine qu'on ait pitié de lui
- Et si tu disais la vraie raison de mon renvoi. D'après Josiane, Léon, le sénégalais, te plairait; tu voudrais savoir s'il a réellement une grande matraque et y goûter.
- N'essaie pas de te venger en racontant de telles inepties. Pourquoi Josiane te parlerait-elle de Léon ? C'est un type correct. Tu me déçois. Va ou je vais faire un malheur. Je ne veux plus te voir. Tu me dégoûtes.
- Tu m'as dit la même chose il y a 18 mois. Crois-tu pouvoir tenir un an sans tromper ton malheureux cocu. C'est un brave gars, il me fait pitié, tu ne le mérites pas. J'ai envie de le mettre en garde.
- Et pourtant tu rêves de me reconquérir. Ta déception te rend méchant. Je ne te regretterai pas. Voilà ce que je redoutais depuis la première fois. Eh ! bien, je ne céderai pas au chantage, fous le camp abruti.
Mais si tu brises mon ménage, ma vengeance sera terrible.
- Ho ! Ho ! Tu veux que je mette sur internet les photos que je t'ai montrées ? Tu sais cette partouze.
- Tu peux essayer, je trouverai un spécialiste qui démasquera la supercherie Tu dois faire des progrès pour réussir tes photomontages. Tu es éc'urant, il n'y a jamais eu de partouze. Tu me l'as pourtant si souvent proposé, demeuré. Tu pourras essayer avec Lucie !
- Pierre n'y verra que du feu et il te foutra à la porte avant que tu ne trouves ton spécialiste. Tu pourras toujours te réfugier chez moi, je ne suis pas rancunier.

C'est dire si elle a eu peur du mal de Venise. Le recours au stérilet date de six mois. Sa relation adultère doit avoir au moins le même âge. Elle aurait agi par pitié : Elle essaie de s'en persuader pour justifier ses rapports avec Albert et chasser les remords. En quelque sorte c'est une ?uvre de bienfaisance, à inscrire au registre des bonnes actions !
- Si par malheur Pierre venait à t'inviter, trouve une bonne excuse pour ne pas venir. Et si tu venais à lui donner trop d explications, pense que j'aurais des choses à raconter à Lucie et à sa famille. Oublie-moi. Allez adieu et sois heureux dans ta ferme.


Il suffira que je le cuisine un peu et je saurai tout ce que tu me caches, chère épouse. Sa déception le fera basculer dans mon camp. Applique-toi ce que tu lui reproches. Tu as un mari, mais tu vas voir ailleurs. Par pitié ou philanthropie. La belle excuse qui donne bonne conscience. Le mari serait mutilé pour une faute : « Je te les coupe », l'amant reçoit un congé avec solde, cette dernière branlette, pour ses années d'errance. La gaudriole donne une aura, la fidélité vous déprécie. Mieux vaut être l'amant que l'époux. J'ai fait le mauvais choix. Quoique : Albert s'en va, je reste. Mais avec une auréole de cocu. Suis-je à envier ? J'ai à peine le temps de me cacher dans la chaufferie. La coccinelle démarre. Je me glisse jusqu'à ma voiture. J'écoute les résultats des matches à la radio. Je rentre à la maison.

- Ah ! Te voilà, où as-tu traîné ? Vous avez perdu, c'est certain, il suffit de voir ta tête. Mais tu n'es pas bien, tu as conduit dans cet état ? Ne me dis pas que?
Comment établirait-elle un lien entre mon air défait et son infidélité si bien dissimulée, donc insoupçonnable ? Elle est d'attaque ce soir, remontée : Si je n'avais pas tout entendu, je me demanderais pourquoi.
- Non, on a gagné 2 à 1. Je ne suis pas allé où tu penses. Je ne m'appelle pas Albert, moi, je ne trempe pas mon biscuit dans tous les trous malpropres, moi. Je ne me fais pas branler par n'importe quelle putain moi, je ne me fais pas astiquer par n'importe quelle main vénale ou simplement charitable, moi. Je devrais peut-être l'imiter, ça me procurerait du prestige à tes yeux.
Elle tique, j'ai touché mais pas coulé. Autrefois elle aurait compris et fondu en larmes. Ce temps est révolu, elle a pris du poil de la bête. Elle ne se sent pas concernée par ma déclaration qui dépeint sa dernière activité.
- Qu'est-ce que tu chantes ? Donne-moi ton front, je parie que tu as de la fièvre. C'est-ce qui te fait divaguer. Pourquoi me parles-tu d'Albert. Qu'a-t-il encore fait ce coureur ?
- Mais tu le sais aussi bien que moi sinon beaucoup mieux. Oui, je suis malade? Tes mains, elles sentent, c'est bizarre ?
Elle porte ses mains au nez pour vérifier et pour cacher la rougeur de ses joues
- J'ai pelé un oignon. Il était pourri, oui, ça sent mauvais, tu as raison. Viens avec moi sous la douche. Et ensuite tu verras que je vaux bien les tapineuses. Tu m'aimes ?
Pourquoi me punirais-je d'un égarement auquel elle vient de mettre un terme. Je peux être généreux :
- Mais oui, mon amour.

L'autre, un oignon pourri. La métaphore me plaît. Elle l'a chassé, chassons son odeur. Mais le c'ur n'y est plus. La chanson de ce soir peut encore varier. Je veux avoir la certitude que cette relation est définitivement terminée. Sa peur de la maladie lui a donné le courage de refuser les propositions d'Albert ce soir. Qu'en sera-t-il dans quelques jours. J'ai tout à coup un violent mal de tête. Marie doit se contenter d'un bisou sur les joues.

La semaine suivante, j'ai décroché un emploi dans un magasin de confection pour mon épouse. Je dois insister pour que Marie accepte de rencontrer son futur employeur. Pourtant il s'agit d'un poste à plein temps, mieux rémunéré et correspondant davantage à sa formation.
- Tu sais, j'aime bien l'ambiance du foyer, pourquoi changer ?
Mes craintes et celles d'Albert seraient fondées. Ce Léon serait une nouvelle menace. Dans ce cas, Marie serait dérangée. La seule solution serait de m'en défaire.
- N'en parlons plus si tu tiens tellement à tes « chers célibataires. »
- Ca c'est bas, qu'est-ce que tu insinues ?
- N'aurais-tu pas trop pitié de leur misère sexuelle. Ne serais-tu pas tentée de les soulager ? Tiens-tu tellement à leurs compliments intéressés, ne peux-tu plus te passer des sifflets admiratifs, des soupirs langoureux ou des mains baladeuses ? Faut-il sur ta croupe leurs regards libidineux ou le souffle chaud de leur désir ? Ton dévouement me surprend et je me pose des questions. Depuis quatre jours je ne t'ai pas fait l'amour, parce que je commence à avoir des doutes.
- Tu as des doutes. Je pourrais savoir pourquoi ? Tes accusations sont graves, ce sont des injures. Explique-toi.
- Pourquoi m'expliquer : Tu avais pris cet emploi provisoirement, en attendant mieux. Mais depuis tu n'as rien cherché, c'est déjà une explication suffisante. Je te cherche une bonne place, en deux jours je trouve, tu la refuses. N'est-ce pas surprenant ? Avec un petit effort tu aurais pu dénicher cet emploi toi-même. Mais tu préfères ce que tu ne veux pas quitter. Et tu te sens injuriée. C'est un comble. Fais donc ce que tu veux. Je n'en parlerai plus. Tes célibataires ne te manqueront pas. Va te faire cajoler par eux.
- Et sans avoir discuté, parce que je ne cherchais pas l'emploi qui te convenait, à toi, tu décides de faire la grève de l'amour ! Tu ne m'aimes donc plus ?
- Ils sont si nombreux à t'aimer, tu ne peux pas les laisser. Et à quoi bon discuter, quel que soit ton emploi tu finiras toujours par consoler quelqu'un de mieux que moi.

Cette fois je suis au bord de l'implosion. Elle est intriguée. Quand l'orage gronde, quand je sens mes arguments devenir boomerangs, je préfère aller me promener. Je ménage mes nerfs et je laisse le temps de la réflexion à mon interlocuteur. Pourquoi tient-elle tellement à son emploi de femme de chambre. Apparemment elle a rompu avec Albert, l'aurait-elle remplacé ? Cette interrogation hante mon esprit, depuis que j'ai découvert les services rendus à Albert.
A qui son c'ur appartient-il, à qui accorde-t-elle les faveurs de son corps ? Trahir n'est plus un problème, c'est peut-être une habitude. Je suis éveillé, je ne rêve plus. Il y a eu la révélation samedi et maintenant cette décision farouche de continuer au foyer des célibataires. Notre foyer est en train de partir en lambeaux.

A mon retour le ciel est bleu:
- J'ai réfléchi, j'irai me présenter dans ce magasin. Tu es content ? Embrasse-moi, faisons la paix. Quoi encore ?
- J'attends le résultat de ton entrevue avec le patron.
- Tu n'as vraiment plus confiance en moi ?
- Non.
Le déluge éclate aussitôt. Ce n'est pas possible. Elle n'a pas mérité un traitement pareil. Je dois être maladivement jaloux. Les larmes coulent, trempent les mouchoirs, rougissent les yeux, mais ne m'attendrissent plus. La comédie a trop duré, m'a dévasté et je m'endurcis à mon tour.

- Pourquoi crains-tu le résultat de l'entretien ? La place est pratiquement acquise à condition que tu te présentes demain matin à huit heures.
- Mais demain matin je serai au foyer.
- Bonne nuit. Ce soir je dors dans la chambre d'amis.
- Nonhonhon ! Viens dormir à côté de moi. J'attendrai. Ne me laisse pas seule, j'ai besoin de toi.
- Dis-moi d'abord : M'as-tu soupçonné une minute d'accompagner Albert chez les filles ?
- Quelle idée, mais non mon amour. Tu es fidèle, je le sais.
- Alors, ouvre le tiroir de ta table de chevet
- Oui, voilà
- Sors l'analyse de sang
- Quelle? Celle d'Albert ? La voici. Tu vois, j'avais raison, il a besoin de soins pour une mst. J'ai bien fait de lui conseiller de se faire examiner.
- C'est parfait. Mais donne-moi les résultats de ton analyse et dis-moi pourquoi tu as cru bon de rechercher pour toi des traces de MST. Aurais-tu embrassé notre ami ? C'est bien toi qui m'as dit que certaines maladies se transmettaient de cette façon.
- Tu vois que je ne suis pas malade. Comme Albert refusait d'y aller, je l'ai accompagné pour lui donner du courage.
- Et notre médecin traitant a prescrit deux analyses en faisant semblant de croire que vous étiez en couple ? Pourtant il me connaît. Ou a-t-il pensé que tu avais un amant ? Quand tu auras la franchise de me dire ce qui te fait agir de façon aussi étrange, en en parlant à ton « ex » plutôt qu'à ton mari, je quitterai peut-être la chambre d'amis. Bonne nuit.

Pour moi, il n'y a pas de main secourable, ni vénale ni charitable. Certains se seraient fâchés, d'autres frapperaient, d'autres jetteraient leur femme à la rue. On a vu pire ! J'essaie de trouver une solution raisonnable. Peut-être tout n'est-il pas fini. Je suis pessimiste. Non, la vie n'est pas belle pour un « cocu » comme m'a appelé notre cher ami Albert.

- Chéri j'ai obtenu la place. Merci de m'avoir recommandée. Je ne savais pas que le patron était un de tes amis d'enfance. Cette fois tu es heureux, j'espère. Je suis passée chez le responsable du foyer : Il a en carnet des candidates qui peuvent me remplacer tout de suite. Alors ! Je suis libre.
- Je me réjouis de t'avoir sortie de ce milieu et de t'avoir mise sur de bons rails. Avec ton salaire tu vas être économiquement indépendante. Tes décisions ne seront plus influencées par la peur du lendemain : Tu ne dépends plus financièrement de moi. Tu es une femme libre désormais, dans tous les sens du terme.
- Libre mais amoureuse de mon homme.
- Alors, il est une question à laquelle tu n'as pas répondu honnêtement hier. A ta première paie, si tu souhaites garder le silence, je te prierai d'aller voir ailleurs. Nous divorcerons.
- Ce n'est pas possible, tu veux gâcher ma joie. Tu fais tout pour te débarrasser de moi. Que veux-tu encore savoir. Je t'aime, je ne veux pas te perdre, même si je suis capable de devenir indépendante. Cet emploi tu l'as déniché pour pouvoir divorcer ? J'ai choisi par amour de t'épouser, je veux vivre avec toi
-Dans ce cas, raconte-moi ce que tu as fait samedi soir et explique-moi comment tu en es arrivée là.
- Samedi soir, j'ai regardé la télé
- Je comprends, tu continues à mentir. Grand bien te fasse.

Des vagues blanches descendent de son front à son menton. Elles se suivent et tournent au gris cadavérique. Son visage se décompose, elle s'accroche des deux mains à la table. Je me précipite, l'allonge sur le tapis et lui lève les pieds. Ce n'est pas ce que je cherchais, mais je dois constater que madame se promène sans culotte ! Avec cette jupe si courte, elle doit faire des heureux dans le bus ou dans la rue quand elle se baisse. Ca fait des jours que je n'avais pas vu sa chatte et sa motte de si près. Son sang reprend une circulation normale, remonte au cerveau. Le mien bout.

- Qu'est-ce qui m'arrive ?
- Ce doit-être un malaise vagal. Je vais te conduire chez notre médecin. Attends je téléphone au bureau pour prendre un congé.
- Ce n'est pas la peine. Je me sens mieux, aide-moi à me relever. Je vais m'allonger et me reposer. Le canapé la reçoit. Ce canapé où samedi soir elle a délivré les bourses d'Albert de leur trop-plein. En cherchant on y trouverait des éclaboussures de sperme séché.
J'ai téléphoné. Je ne veux pas la laisser seule après un malaise. Par ailleurs je compte obtenir une réponse à ma question. Rien ne presse, mais ce sera aujourd'hui.

- Mon chéri, je réponds. Je crois que je suis victime d'une vengeance. Albert a dû te raconter des horreurs parce que je l'ai renvoyé.
- Albert ? Comment pourrait-il savoir ce que tu as fait samedi ? Il n'a pas voulu venir au match parce qu'il voulait se reposer avant de rejoindre Lucie.
- Euh !? Effectivement, c'est-ce qu'il t'a dit. En réalité il est venu me montrer les résultats de son analyse de sang et me remercier. Et nous avons bavardé. Il était content d'aller chez sa fiancée. C'est tout. Ca te va ?
- Non. Tu as des trous de mémoire, c'est regrettable, crois-moi. Je te laisse une dernière chance. Demain il sera trop tard. J'attends.

- Comme il croyait être guéri, il a voulu
- Quoi ?
- Il a voulu qu'on fasse l'amour. Mais j'ai refusé, bien sûr.
- Tu as exigé un certificat de bonne santé ?
- Comment le sais-tu ? Qui te l'a dit ?
- Que lui as-tu accordé pour le consoler ?
- Oh ! Ça aussi ? Je l'ai soulagé avec les mains. Tu sais : Je l'ai secoué pour qu'il se vide. Mais après je l'ai chassé et je lui ai dit que je ne voulais plus le voir. C'est la vérité.
- Comment se fait-il qu'il t'ait fait cette demande samedi ? Est-ce qu'il en avait l'habitude ?
- ????
- Pourquoi a-t-il dit : Ton cocu est au match, tu pourrais me faire une gâterie ?
- Ca aussi ? Mon Dieu, tu étais-là ?
- Oui. Donc je suis bien cocu; il l'a dit et tu l'as admis sans protester. Tu vois, je sais beaucoup de choses, je peux vérifier si tu mens ou si tu dis la vérité, toute la vérité. Depuis quand dure cette liaison, comment a-t-elle débuté et est-ce la seule ? J'ai de quoi me séparer de toi, sois précise et complète ou je te chasserai.
- Si je te dis tout, tu me chasseras ? Je vais te faire du mal inutilement.
- Tu ne parles pas, tu pars. Ta seule chance de continuer avec moi, c'est de tout me dire
- Il faut remonter à la petite fête organisée au foyer pour l'anniversaire de mon embauche. Dans la salle de réunion quelques célibataires avaient dressé deux tables avec boissons et petits gâteaux. Il y avait ma collègue Josiane et une quinzaine de gars. Le responsable a fait un discours et nous avons trinqué après la remise d'un bouquet.
- Première nouvelle ! Tu ne m'as jamais parlé de cet anniversaire.
- Des retardataires sont arrivés et il a fallu boire une deuxième tournée de mousseux. Les hommes ont raconté des blagues, m'ont adressé des compliments, nous avons bavardé de tout et de rien. Ils ont essayé quelques histoires osées et comme on riait, de plus en plus osées. L'ambiance était chaude et agréable. Ils ont mis de la musique et il a fallu danser avec chacun, un slow, un tango, une marche, une valse. Et boire encore une coupe de mousseux. C'était inattendu, improvisé, amusant. Les hommes en ont un peu profité pour me serrer dans leurs bras. Quelques uns me firent sentir l'excitation charnelle qu'ils tiraient du contact avec mon corps. Il n'y avait rien à craindre dans l'assemblée et Josiane faisait comme moi. Nous nous sommes séparés, chacun a voulu me donner l'accolade et m'embrasser. J'étais légèrement éméchée, émue aussi par ces témoignages de sympathie, et troublée par la révélation du désir que j'avais fait naître. Albert a tenu à me raccompagner. En me quittant il a voulu son accolade mais, comme par hasard, son baiser a atterri sur mes lèvres. Surprise je n'ai pas immédiatement réagi. Comme il m'encerclait de ses bras, je l'ai repoussé violemment et je lui ai rappelé nos résolutions.

- Le lendemain, dans sa chambre, je faisais mon travail quand il est venu. Il s'est excusé pour le baiser, m'a expliqué que la vie de célibataire était difficile. Son mariage avec Lucie était programmé. Ce jour là il m'a annoncé qu'ils avaient fait l'amour avec tous les détails que je t'ai rapportés.
- Ah ! Oui, je m'en souviens.
- Mais il se plaignait de ne pas voir Lucie assez souvent. C'était insuffisant pour un tempérament comme le sien. Heureusement qu'il pouvait se confier à moi. Ca lui faisait du bien. Et il aurait aimé me demander une petite faveur.
- Parle, je verrai si c'est possible, lui ai-je dit.
- Ça me gêne un peu, mais ça me ferait tant de bien. Je n'ose pas. Promets-moi de ne pas te fâcher.
- Je t'écoute. Je ne me fâcherai pas.
- J'aimerais que tu abandonnes ton jeans et que tu le remplaces par une minijupe quand tu travailles. Les copains m'ont chargé de te dire que ça leur ferait plaisir. Tu as constaté hier combien ils t'apprécient. Tu es la première à avoir été fêtée comme ça. Alors, pour eux et pour moi, essaie d'être plus féminine, de nous faire rêver. Montre un peu tes magnifiques guibolles ou découvre ta poitrine. Ils seront heureux de te regarder et de se rincer l'oeil en reluquant tes charmes. Ils ont juré qu'ils n'auraient pas de gestes déplacés Le responsable lui-même serait heureux de l'effort. Si tu es d'accord, nous te fournirons l'uniforme de travail.
J'ai dit que je réfléchirais. Il s'est renseigné sur la taille de mes vêtements.
Le lundi suivant, c'est le responsable qui m'a remis ma tenue. Je devais l'essayer et si la taille m'allait j'en recevrais d'autres de couleurs différentes.
- Tu m'avais caché tout ça. Tu avais compris que je n'approuverais pas. C'est navrant.
- Je n'avais jamais porté de mini jupe aussi courte ni de décolleté aussi profond. J'en fis la remarque, mais Albert et les autres m'assurèrent que c'était parfait. Josiane n'avait pas rechigné, je n'allais pas me singulariser. Quand je me baissais les spectateurs pouvaient voir ma culotte par derrière ou, par devant, une bonne part de mes seins. A partir de ce jour j'ai vu des visages souriants, je me suis sentie parmi des gens plus joyeux; les rires en coin et les frôlements ont cessé. Parfois sur un lit je trouvais un petit paquet cadeau à mon nom : Des chaussettes ou un string.
Afin de remercier je les portais le lendemain pour leur plus grand bonheur. Il leur en fallait peu et ça ne me coûtait rien. Je m'étais habituée à mes tenues allégées, je n'y faisais plus attention, même lorsque je montais sur un escabeau. Pleins d'attentions, les hommes accouraient alors pour tenir l'escabeau de peur de me voir tomber. Et je n'eus à constater aucun geste déplacé, leurs yeux mouillés m'émouvaient.
- Tu vas pouvoir écrire un manuel des bonnes manières à l'usage des femmes de ménage en milieu exclusivement masculin. Tu es inconsciente ou tu joues l'innocente ? Mais tu t'éloignes du sujet.
- Détrompe-toi. Un jour, Albert m'a dit que j'exagérais, les hommes profitaient du spectacle puis allaient se masturber. La bonne idée conduisait à la catastrophe. Certains lui avaient fait savoir leur résolution de me coincer et de me punir. Mon indécence finissait par les exciter comme des singes. Personne ne pouvait plus garantir ma sécurité.
- Viens dans ma chambre, je t'ai acheté une jupe plus longue et une blouse plus couvrante, tu vas les essayer et me dire si ce n'est pas plus convenable.
- En effet le père La Pudeur avait choisi un modèle plus classique. Il avait écarté le paravent pour juger de l'effet. C'était plus à son goût. Il m'aimait trop pour m'exposer plus longtemps à des gestes incontrôlables.
- Crois-moi, c'est plus prudent. Josiane a connu un ou deux accrochages sérieux. Nous sommes intervenus. L'expérience n'est pas concluante. Il vaut mieux l'arrêter. Regarde, tu es plus belle. Le tissu est souple, ne cache pas absolument tes formes magnifiques, moule tes seins et ta croupe sans provoquer d'apoplexie.
- Et il touchait des doigts les courbes dont il vantait la mise en valeur. Plus cachée, j'avais droit à des attouchements nouveaux. Il semblait de bonne foi et voulait me convaincre.
- Pierre trouverait cet ensemble plus seyant
- Tu crois ? Il est vrai que Pierre ne m'a jamais vu en mini si courte. Je m'y étais faite ici, mais j'aurais craint de le scandaliser.
- Ton Pierre est vieux jeu. Tu le supportes ? C'est la preuve de la nécessité de changer de style. Moi non plus je ne trouve plus ça convenable. Bien sûr, c'est excitant, mais à force ça énerve. Regarde, même moi j'en bave de te voir aussi découverte. Tu vois cette bosse, j'ai honte, mais je n'y peux rien : Un homme reste un homme ! A partir de demain tu porteras ceci. Remets-toi en jupette pour aujourd'hui.
- Il tenait le paravent. Je me changeais innocemment : Il m'avait vue plus nue dans le passé. Pourtant en string et soutien gorge, je le voyais rouler des yeux, bouche bée.
- Marie, tu devrais avoir pitié de ton ami. J'ai besoin de ton aide. Je t'en prie, calme mes sens en feu.
- Albert, tu es mon ami. Ne me fâche pas.
- Tu pourrais me prendre dans tes doigts et me soulager. C'est facile, ce serait si bon pour moi. Ca me permettrait d'attendre ma prochaine visite à Lucie. Allez, sois gentille. Je t'en prie, ça ne t'engage à rien. Une caresse d'amie, c'est mieux qu'une masturbation solitaire. Marie, aide-moi.
- Mais, Albert, tu le sais, ça ne se fait pas. Je suis mariée. Je réserve ça à mon mari
- Il n'en saura rien et ça ne le privera pas. Ce soir, s'il le veut tu pourras le lui faire. L'un n'empêche pas l'autre. L'entorse du poignet ne vient pas de ce geste charitable, sinon les femmes seraient souvent en accident du travail. Tu peux me faire ça par amitié, sans m'aimer. Dis-tu veux ?

- Pas question, laisse-moi retourner à mon travail.
- Marie, juste deux minutes, ne me laisse pas dans cet état. Pitié.

- Ce grand gaillard qui me suppliait a fini par m'inspirer de la pitié et ce fut le point de départ de mon malheur.

- Bon, mais deux minutes, pas plus. Prépare de quoi t'essuyer si deux minutes te suffisent, vantard.

- Il a ouvert son pantalon, a sorti son engin congestionné et me l'a présenté. Au village, tu te souviens, il me l'avait déjà mis en bouche et dans le ventre. Je t'avais dit que c'est plutôt un gourdin épais mais court. Mes doigts n'en faisaient pas le tour. J'ai craché sur le gland qui s'échappait tout seul du prépuce et, les testicules dans une main, je me suis mise à le secouer. Il me remerciait, me promettait une reconnaissance infinie. J'étais pressée d'en finir et agitais ma main en serrant. Il haletait, disait:
- S'il te plaît mouille encore un peu. C'est si bon. Ne t'arrête pas maintenant. Il soufflait fort. Encore, plus vite, plus fort ah, ah. Embrasse-la.
- S'il comptait entrer dans ma bouche, il se trompait. Je crachai encore mais ce fut tout. J'accélérai l'allure, je n'avais pas de chronomètre. Il fallut sans doute plus de deux minutes de manipulation. Mais puisque j'avais commencé, je le conduisis au but. Effectivement, Albert avait besoin d'une vidange! Il s'est mis à éjaculer, par spasmes successifs violents, nombreux, une incroyable quantité de sperme
- Tu me sauves la vie. Viens que je t'embrasse pour te remercier.
- Pas question. On n'embrasse pas l'infirmière qui donne des soins. Rappelle-toi, j'ai eu pitié par amitié, mais c'est tout.

J'ai repris mon ménage. Il a fallu me laver les mains pour chasser l'odeur de fauve des couilles et de la verge.

Le lendemain Albert m'a offert des chocolats, mais n'a rien obtenu en contrepartie.

- Huit jours plus tard, il a fait valoir l'exercice précédent pour en obtenir un nouveau, comme s'il s'agissait d'un cas de jurisprudence! J'avais ressenti trop de trouble la première fois. Je refusai. Mais à force de prières et de supplications, il m'apitoya; je repris ses affaires en main pour lui donner le soulagement désiré. Or cette fois, j'eus beau secouer la verge enflée, l'éjaculation tardait. Autant de coups de poignet sans obtenir d'écoulement; Albert me dit que je perdais la main par manque de pratique.
- Si ton mari ne t'entraîne pas, tu ne sauras bientôt plus faire.
Sa provocation me forçait à utiliser les deux mains, en vain.
- Excuse-moi, la fontaine est tarie. Les deux minutes sont dépassées. Demande quand tu es en forme !
- Ah ! Non, tu ne vas pas me laisser dans cet état. Fais un effort pour me faire cracher. Tiens, je suis sûr qu'avec la bouche tu me réchaufferais et alors le sperme jaillirait.
- Non, ce n'est pas ce que tu as convenu.
- S'il te plaît. Fais ça pour un malheureux en manque. La bouche ça ne compte pas plus que les mains. Tu ne risques rien, ça ne laisse pas de traces.
- Mais alors, juste un peu, le gland seul.

- Ma chère femme, tu y vas un peu fort : "a faiblesse de l'argument et ta crédulité prouvent que tu attendais l'invitation pour y mettre la bouche.
- L'effet pervers de sa progression, les remords après chaque étape, la crainte de le fâcher et d'être dénoncée ont altéré mon jugement. Et Albert flattai t:

- Oui, c'est bien ça suffira. Tu es ma fée.
- Je le décalottai et en pris l'extrémité entre mes lèvres. Il empoigna ma chevelure, poussa la tête de n'ud entière sur ma langue, me demanda de sucer et me garda dans cette position, à genoux entre ses cuisses. Le membre palpitait sur ma langue, mes papilles étaient sensibles aux saveurs fauves. Il raclait mon palais, cognait l'intérieur de mes joues et les déformait. Et tout à coup, sans crier gare il lâcha un épais volume de foutre. Bouche close autour de sa chair ébrouée, je dus l'avaler et avaler les bordées suivantes en toussant. Il avait tiré sur ma tête et ne me lâcha qu'à la dernière salve.
- C'est si facile comme ça. Ce n'était pas la peine de faire des histoires. Tu savoures, ça fait plaisir à voir. Va te laver la figure. Merci mille fois, ma chérie.
- Il venait de franchir une étape, devenait sentimental et familier. Il me renvoya au boulot d'une claque sur les fesses avec un rire gras. Pendant que je me relevais, il plaqua sa main sur ma vulve et s'écria !
- La cochonne, elle mouille. Tu n'as pas tout perdu. Ton Pierre va prendre un bain de bon jus ce soir.
Tourne toi, embrasse-moi, tu mérites une galoche.

- Il prit l'habitude d'exiger ce service, mais nous courions le risque théorique de nous faire surprendre. Albert ne voulait pas que je perde mon emploi. Il me proposa de laisser entrer le responsable du foyer pendant une séance de pipe. Ainsi, nous nous assurerions une sorte d'impunité. Je protestai et menaçai de mettre fin à nos rencontres dangereuses. Si je perdais mon emploi, Albert perdrait l'usage de mes mains et de ma bouche. Il renonça à cette idée folle. Il tenait trop à mon aide. Souvent il se poussait à fond pour chatouiller et bousculer ma luette. Il s'amusait à se coller au fond de ma gorge et à me voir gigoter pour me dégager. Je me retirais en bavant des glaires et il riait:
- Un jour tu me demanderas de te baiser. Tu prends autant de plaisir que moi : Ta culotte est toujours trempée. Tu ne veux pas essayer ?
- Pas question, tu le sais. N'insiste pas.
- Pourtant tu en meurs d'envie. Il suffit de te voir sucer pour le savoir. Quand tu as la bouche pleine, plus rien ne compte. Tu n'entends plus rien, tu ne vois plus rien, tu tètes et tu oublies. Aujourd'hui Jeannot est entré, nous a observés un long temps. Est-ce que tu t'en es aperçue ?
- Non, mais tu es dégoûtant. Je ne ferai plus ta chambre. Que Josiane me remplace. Arrange-toi avec qui tu veux. Ton piège est raté. Tant pis pour toi. Cela a assez duré.

- Huit jours, j'ai réussi à me détacher de cette vilaine habitude. Le vendredi suivant il m'a encore implorée. Je n'aurais pas dû, mais je voulais avoir la paix. De plus je craignais qu'il se venge en me dénonçant à toi. Note qu'il n'utilisait pas de menace. Jamais de chantage, c'était une impression diffuse. J'ai embouché la flûte épaisse, je l'ai sucée, branlée à mort, il m'a rempli la bouche, le sperme me coulait sur le menton. Comme d'habitude il a inspecté ma culotte.
- Ta culotte est trempée de nouveau. Enlève-la et tu en mettras une propre pour le retour chez ton mari. Je te l'offre.
- A ce moment précis nous avons entendu des voix devant la porte. Albert a saisi le tissu, a tiré vers le bas, je me suis retrouvé cul nu sous ma jupe, avec sa grosse main appuyée sur la vulve. J'aurais dû crier, me débattre. Mais je ne voulais pas faire de scandale. Il était trop tard, son majeur a franchi mes lèvres, j'étais perdue, incapable de résister. Une main ravageait mon sexe, y mettait le feu. L'autre découvrait mes seins, les triturait: tu sais comme ils sont sensibles aux caresses. Il m'a allongée, complètement abandonnée, s'est couché sur moi et m'a pénétrée de son gros braquemart. La discussion devant sa porte s'éternisait. Crier c'était le dénoncer, perdre mon emploi, devoir te donner des explications et te perdre peut-être. J'ai subi au début, je me suis juré de ne plus me faire prendre. Mais mes sens déjà préparés par la première concession ont pris feu et cette fois il a fallu que je me retienne pour ne pas crier de plaisir.
- Tu l'avais cherché ! Ce salaud t'a violée.
- Pas vraiment. Je n'ai même pas refusé. Une fois que j'ai une verge dans la bouche, je perds la tête. La première partie m'avait échauffée, son audace inattendue m'a fait perdre mes moyens. Qu'aurais-tu fait à ma place ?
- Ton explication est un peu facile. De toute façon, cette première partie, malhonnête en soi, même si pour t'absoudre tu prétends avoir agi par pitié, devait un jour ou l'autre te conduire sous ton Albert désiré. Tu devais t'en douter, reconnais-le. Au fond, tu l'espérais, sois honnête.
- Tu es injuste avec moi. Je ne souhaitais pas ce qui est arrivé. Et pendant une heure il m'a baisée de mille manières, sa massue m'a distendue, écorchée, fatiguée, épuisée. Il m'a écrasée de tout son poids, j'ai dû faire l'hélice sur son axe. J'ai refusé quand il a tenté de me faire sauter la pastille avec son gros machin; mes cris étouffés à cause du voisinage l'ont arrêté. Mais il m'a promis de me prendre par derrière après des exercices d'élargissement.
- Tu te moques de moi. Il aurait suffi de crier un bon coup et les autres t'auraient délivrée. Tu t'es laissée baiser, c'est ça le scandale. Avoue, c'était bon.
- Et si les autres l'avaient aidé; tu crois que c'était impossible ? Depuis Albert m'a souvent suggéré de partouzer avec lui et ses copains. J'ai toujours refusé. Avec leurs ordinateurs ils montent des photos. Ils ont collé ma tête sur une image porno, me l'ont montrée en espérant me convaincre de participer.
- Pourtant tu ne voulais pas les quitter ! Je renonce à te comprendre. C'est tout ?
- Quelques jours plus tard, il a débarqué ici, en me disant qu'il venait te donner un coup de main pour les allées du jardin. En attendant ton retour, il a recommencé à se plaindre, à promettre d'être correct. Après une éjaculation dans mes mains il est devenu plus gourmand. Puisque nous l'avions fait une fois, j'étais adultère et donc plus rien ne s'opposait à remettre ça. Il ne me menaçait pas, mais s'appuyait sur ma faute précédente pour justifier la suivante. J'ai succombé et je lui ai fourni un prétexte pour les fois suivantes. Enfin, avant ton retour, il m'a recommandé de te dire qu'à partir du vendredi suivant il viendrait régulièrement te donner un coup demain. Et il a ajouté : Mais après ton coup de bite; ça tu ne le diras pas.
Et depuis, ca fait quatre mois et plus, tous les vendredis, Albert vient se défouler en moi, avant de travailler en bonne intelligence avec toi. Si tu savais comme j'ai honte.
- Pas possible ! Ca ne t'a pas empêchée de continuer sans me le dire. Et samedi tu as même laissé entendre à ton amant qu'il devrait te présenter un certificat de guérison pour pouvoir recommencer.

- Lorsque tu m'as raconté ses visites chez les filles de joie, je l'ai rejeté. Il a menacé de me dénoncer. Ca m'a révoltée. Cette fois je n'ai plus cédé. J'avais bien trop peur d'attraper une sale maladie. D'où la prise de sang. Il est venu me présenter les résultats de la sienne samedi. Je lui ai accordé le minimum pour la dernière fois. Voilà je t'ai pratiquement tout dit. Tu ne veux pas les détails dégoûtants. Pourras-tu me pardonner toutes mes faiblesses et ces trahisons ? Parce que, moi, je n'aime que toi. Me crois-tu ?

- Tu as rompu par peur de la maladie et non par respect de notre mariage ou par amour pour moi. Ca me désole. Si tu m'aimais, tu m'aurais mis au courant dès le départ. Un faux pas peut se produire, mais persévérer pendant plus de quatre mois, c'est horrible: c'est la preuve de ton attachement au plaisir de coucher avec ton cher confident. Il te connaît beaucoup mieux que moi. Et tu me connais mal si tu attends mon pardon cette fois. Ton minimum de samedi est ce que tu as fait de plus misérable : Toujours la sale complicité, le coup suivant, sans importance à tes yeux. Tu ne distingues plus le bien du mal, seul compte ton plaisir.
- Chéri, pardon.
Mais que feras-tu s'il revient avec un certificat de guérison ?
- Ne le laisse plus venir chez nous. Dis lui que tu sais tout. Chasse le et je te promets de ne plus lui ouvrir la porte. Je ne me laisserai plus surprendre par ses ruses.
- Pourras-tu te passer de lui ? Et que devient Jeannot le voyeur ?
- C'était probablement une blague. Jeannot a toujours été correct avec moi. Je craignais plus le responsable.
- Pourquoi ne voulais-tu pas quitter ce travail ?
- Je voulais prouver à Albert que j'étais capable de lui résister.
- Tu prenais des nouveaux risques. Est-ce pour le plaisir de succomber ?
- Non, je suis sure de moi. Je suis sure de t'aimer. Et toi ?
- Je me pose une question ou deux encore. Albert t'a-t-il contrainte par la force ou par le chantage à lui ouvrir ta porte ? T'a-t-il obligée chaque vendredi à faire tout ce que tu viens de me raconter ?
- Pas vraiment. Il a commencé à me demander un service.
- C'est ta façon de considérer la chose. Ce n'est pas n'importe quel service. Imagine que je demande le même à une de mes amies. Tu trouverais ça normal ?
- Oui, mais tu n'es pas célibataire !
- Dans un foyer de célibataires tu n'as pas dû chômer.
- Tu déformes tout. C'était Albert. Pas les autres.
- Et Albert tu le connaissais tellement bien que tu avais juré de ne plus recommence à faire l'amour avec lui. Mais le charme d'Albert est irrésistible. C'est lui qui a posé la bonne question. Combien de temps es-tu capable de tenir sans me tromper ?
- La leçon m'a servi. Si tu me pardonnes, je te jure que je serai fidèle.
- Je voudrais tellement te croire. Si tu recommences je serai sans pitié. Compte sur ma vigilance. Maintenant Albert va payer et souffrir. Samedi le match a lieu à 15 heures. Je vais l'inviter, il va refuser pour venir tenter sa chance, sauf si tu me trahis en l'avertissant. Je serai à la maison. Par où le feras-tu entrer ?
- Par la porte évidemment !
- Tu viens de me promettre de ne plus lui ouvrir ta porte. Que feras-tu ?
- Je le laisserai dehors
- Tu retireras la clé avant d'ouvrir le judas et tu pourras discuter avec lui. Tu vas lui poser une condition pour le recevoir et pour te donner à lui. Mais je te défends de le revoir, ici ou ailleurs, sous peine de séparation définitive. L'espoir le rendra crédule. Tu lui demanderas si tu vaux à ses yeux plus qu'une putain. Il doit donner une centaine d'euros pour une passe. Tu réclameras ton salaire sur cette base, pour les mois passés, soit entre deux et trois mille euros. Tu négocieras et exigeras un chèque. Le passé soldé tu demanderas 300 euros par passe à venir et une avance d'un mois, soit 1200 ? à payer par chèque immédiatement.
- Tu crois qu'il paiera ? Tu veux me faire passer pour une prostituée.
- Nuance, une prostituée se vend à des clients. Tu as un seul amant; ton unique amant doit reconnaître tes « services » à leur juste valeur. Ca te permettra de savoir à quel point il t'estime. S'il paie les prostituées, il ne devrait pas faire de difficulté avec son amie.
- Et après ? Tu ne sais pas ce que tu veux. Tu deviens proxénète. Je t'ai pourri. Quel malheur ! Je devrai me donner à lui, parce qu'il m'a payée ?
- Pas question, surtout pas, sauf si tu veux l'épouser à la place de Lucie. Quand tu sauras qui tu aimes, tu choisiras l'homme de ta vie.

Le samedi Marie a négocié comme une professionnelle. Albert a signé un chèque de trois mille euros pour le passé, un chèque de mille cinq cents euros pour le futur. Incroyable. Collé à la porte, sûr d'entrer, de posséder immédiatement ma femme, il tendait ses chèques d'une main et à travers l'étoffe de son pantalon préparait son érection de l'autre. Il voulut entrer pour toucher ses dividendes. Il bavait des mots d'amour, promettait le mariage si Marie voulait de lui. Comment pourrait-elle ne pas vouloir ? Elle n'avait qu'à regarder comme il était excité. Il avait ouvert et écarté les deux pans de sa veste, ouvert sa braguette, et exhibait sous les yeux de la femme achetée l'outil avec lequel il comptait la travailler, lui donner le bonheur qu'elle méritait. En poche il avait son sésame; le fameux certificat médical. Adieu Lucie, veaux vaches et cochons, adieu la ferme et la campagne : Il venait d'acheter sa femme et comptait partager avec elle la dot versée.
- Sors ta main, tâte, tu ne pourras plus t'en passer. Tu vas la sentir passer. Pour le prix tu auras la complète. J'ai prévu la vaseline pour ta rose. Ne t'inquiète pas, j'y mettrai un doigt, puis deux, puis trois. Tu aimeras. Et tu recevras mon gourdin sans t'en rendre compte ou presque. Alors tu ouvres ?
- Tu me fais peur avec tes projets de brute.
- Dans une heure tu marcheras un peu comme un canard et demain tu viendras au foyer, à genoux et sans culotte, me supplier de te défoncer, folle d'envie, impatiente de me laisser coulisser par derrière. Ma grouillote te manquera. Lucie a adoré, elle ne veut pas tomber enceinte avant le mariage. La première fois elle a gueulé, maintenant elle ne veut plus que ça. Tu feras pareil. Samedi prochain, je romps mes fiançailles. Et à nous deux le bonheur.
- Et que feras-tu de Pierre ?
Cocu il est, cocu il restera. S'il le désire, il aura le droit de nous regarder. Je serais même curieux de le voir ramasser les miettes, nous essuyer, à condition de recevoir ton accord. On pourrait l'inviter à une partie à trois.
Je suis apparu à côté de Marie. Albert a ouvert des yeux comme ça..
J'ai alors commis une énorme imprudence, j'ai joué à quitte ou double :

- Marie, c'est l'heure du choix. Tu peux ouvrir la porte et suivre Albert ou rester avec moi.
Tu disposes d'un pécule, tu vas gagner un salaire honnête. Tu es libre, libre de choisir avec qui tu vivras: lui ou moi.

Elle a fait semblant d'hésiter. Albert ou moi. Elle avait la clé de notre avenir. Albert prenait de l'assurance en voyant le temps passer, reprenait espoir, retrouvait le sourire. Je sentais mon sang battre dans mes tempes. Une boule d'angoisse me serrait la gorge, mes mains tremblaient.
- Mais, mon amour, j'ai fait mon choix en t'épousant. Si tu veux compter Albert comme un accident, je ne lui ouvrirai plus jamais notre porte. Albert, si ça se faisait je te prouverais que mon mari n'a rien à t'envier sous la ceinture. Allez remballe, tu vas mourir de ridicule.
Il n'a pas réclamé la monnaie

Maintenant, Marie, en voiture.
- Où allons-nous ?
- Chez ton grand-père. Nous dormirons à l'hôtel. Mais ce soir je veux rencontrer Lucie, lui montrer les chèques, lui expliquer à quoi ils correspondent, lui parler des fréquentations de son chéri. Elle en fera ce que bon lui semblera : L'épousera ou ne l'épousera pas, mais en connaissance de cause.
- Ah ! Quel sera mon rôle dans ta pièce ? Tiens-tu à me dénoncer et à m'humilier aux yeux de tout le village ?
- Est-il honnête de laisser cette fille se lier avec cet individu sans scrupules ? Tu sais, Marcel a pu la contaminer. Elle devra faire analyser son sang. Souviens-toi : Tu m'accusais de mettre en péril la santé des relations d'Albert parce que je ne t'avais pas dénoncé ses mauvaises fréquentations. A ton tour de sauver des vies! Tu as le devoir de l'avertir. Elle te remerciera de l'avoir prévenue et se gardera d'en parler. Sa réputation en dépend.
- Que ferons-nous de cet argent ? Nous ne pouvons pas utiliser cet argent sale.
- On pourrait le rendre à Albert, si tu le souhaites.
- Oui
- Pas question. Albert va avoir de gros besoins à satisfaire prochainement. Sans toi, sans Lucie, il devra payer ses « vidanges. » Vas-tu lui payer ses envies et l'exposer encore aux MST ?
- Garder cet argent, n'est-ce pas du vol ?
- Si tu estimes ne pas valoir plus qu'une prostituée, tu rembourseras en nature à raison du prix moyen d'une passe. Dans ce cas, je te perdrai à cause de ton excès d'honnêteté.
- Arrête de me charrier. Tu m'embrouilles. Je n'aime que toi. Je viens de le dire devant Albert. Il a compris. Et toi ?
- Je t'interdis d'en douter, mon amour.